Interview de NEMS

Publié le 11 mai 2017 par Paristonkar @ParisTonkar

Qui es-tu ?
NemsiNemsa dit NEMS. Je découvre le graffiti dans les années 2000, lorsque j’étais en primaire. Je me souviens d’une cours d’école recouverte de tags et de flops. Je n’y comprenais pas forcément grand chose mais je passais mes journées à recopier ce que je voyais. A ce moment, j’étais obsédé par les tags et graffitis sur ma route.

Pourquoi ce blaze ?
N. : A la base mon blaze c’est NEMY, c’est juste une suite de lettres qui me plaisait à l’époque. Par la suite, j’ai changé le Y en S, parce que ça me faisait pensait aux nems (plat traditionnel du Viêt Nam très apprécié à la Réunion), ça m’a fait rire, j’ai validé.

Comment définirais-tu ton approche artistique ?
N. : J’ai principalement deux approches : d’une part, je travaille consciencieusement avec les croquis, le choix des couleurs et la disposition des lettres entres elles. D’autre part, je laisse libre cours à mon imagination face au mur, afin d’avoir une pièce qui correspond au moment présent, au spot et à l’humeur générale.

La création du crew 24.
N. : A la base, chacun de nous avait sa ville de prédilection. En 2013, nous avons organisé une fresque avec pas mal d’équipes de l’île et la connexion s’est faite directement entre nous. On traînait ensemble une fois par semaine, puis deux, puis tous les jours. Suite logique, on a juste voulu mettre un nom sur notre groupe de potes qui avait une passion commune : le crew 24. Aujourd’hui c’est juste une bande de potes qui délire ensemble et qui, de temps à autre, décide de peindre.

Ton parcours dans le graffiti ?
N. : Ma première pièce était un flop que j’ai réalisé en 30 secondes sur les palissages d’un terrain de foot de mon quartier. Ma première fierté. J’ai réellement commencé à graffer dès 2006 lorsque je rencontre des potes (Ekof et Séna – OKF). A cette époque, c’était surtout des pièces en vandale avec 2 à 3 couleurs maximum sans fond. Trois ans après, je pars à Bordeaux où je découvre un niveau qui est vraiment différent de ce que je connaissais notamment grâce aux 3GC. Ça m’a permi de me concentrer sur la technique sur feuille. Je ne connaissais personne, du coup je m’aventurais dans des spots, découvrais de nouveaux terrains sans trop oser repasser les graffeurs locaux. De retour à la Réunion deux ans après, je rencontre Kapten, Heype et Miaow, on crée le crew 24. Grâce à cette connexion, on commence à réaliser des pièces plus poussées : perso, lettrage plus complexe et on diffuse quelques vidéos sur le net. Voyage à Montréal où j’ai pris les plus grosses claques visuelles de ma vie. K6A, A’shop avec leurs fresques incroyables me brûlent la rétine comme jamais. Des projets graffitis/vidéos ce sont donc mis en place avec Org-asthme clan.

Après avoir posé tes valises à Bordeaux, à Montréal, tu rentres définitivement à la Réunion. Qu’est-ce que tes voyages t’ont apporté ?
N. : Je peux affirmer que les spots ici à la Réunion sont des lieux particuliers, souvent cachés sous des ponts ou dans des ravines dotées d’une atmosphère plus intime. Ta fresque peut rester plus d’un an sans être repeinte, chose très rare ailleurs. A Montréal par exemple, où que tu peignes, tu sais très bien que ta pièce va pas tenir 24h. C’est un autre enjeux, une autre manière d’appréhender sa peinture. Je me rends compte que le graffiti n’est qu’une étape dans mon processus créatif. Ces voyages m’ont montré qu’il est possible d’évoluer artistiquement vers d’autres vibes et d’autres supports.

Est-ce que la Réunion est une île propice au graffiti et street art ?
N. : L’île regorge de spots. La géographie et les microclimats font qu’il y a un nombre incalculable de ponts et de spots différents. Les surfaces sont majoritairement horizontales, ce qui permet de placer pas mal de grosses bandes. Pour moi c’est juste magique, on peut peindre toute l’année, il fait tout le temps beau. Ici, il y a pas mal de graffeurs de qualités qui privilégient les couleurs au chrome et noir. Ce qui fait qu’un terrain est composé de nature verte, de graff coloré et d’un soleil omniprésent. On peut passer une journée à peindre au bord de la mer et la semaine d’après, peindre dans les hauteurs de l’île où la végétation est hyper dense ou encore peindre dans une savane limite désertique. C’est un truc à vivre.

Un rêve de peinture à réaliser ?
N. : C’est simple, activer le mode « matos illimité », à partir de là, tout est faisable, 0 limite.

Interview de Vasanda VALIN
Community Manager / Rédactrice Web

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