Dan Fante – Question

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Des années durant j ‘ai imaginé
que parler aux dieux était
une activité
privée exercée
sous de lointaines

sous d’implacables étoiles

une prière grotesque et vaine
un truc qu’on faisait en contemplant
de vieux livres froids
écrits en vilains petits caractères

Puis j’ai découvert
qu’il ne s’agit pas de ça
du tout
Je peux trouver Dieu dans le « merci » d’une caissière du 8 à Huit
ou
dans le sourire tranquille d’un inconnu sur le parking
ou encore
dans le crissement des herbes sèches du désert Mohave en été
ou bien en regardant mes doigts

bondir bondir rebondir
sur les touches pendant trois heures
de vérité débridée

Dieu — pour moi — s’est avéré
un choix conscient
une expérience délibérée

exactement
comme
l’amour

*

Asking

For years I thought that
talking to the Gods
was an exercise
done privately
under
unforgiving

distant stars

ridiculous unrequited prayer
done by staring
at old cold books
with mean small print

But then I discovered
that just
ain’t
it at all

God can be found in the ‘thank you’ voice of the guy at the counter
at the 7-11
or
the quietness of a stranger’s parking lot smile
or
the rattle of weeds across a dry summer Mojave
or
watching my untethered fingers jump jump jumping
across the keys
deep in the middle of typing three hours worth of truth

God – for me – turned out to be
a conscious choice
a self-evoked experience

just
like
love

***

Dan Fante (Los Angeles, 1944-2015)Kissed by a Fat Waitress (Sun Dog Press, 2008) – Bons baisers de la grosse barmaid (13e Note Editions, 2009) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patrice Carrer