Still Star-Crossed (2017): une étoile très filante

Publié le 16 juin 2017 par Jfcd @enseriestv

Still Star-Crossed est une nouvelle série diffusée depuis la fin mai sur les ondes d’ABC aux États-Unis et CTV au Canada. On nous transporte en pleine renaissance à Vérone en Italie alors que deux clans sont en perpétuel conflit : les Montaigu et les Capulet. À l’écart de toute cette violence, nous avons Roméo (Lucien Laviscount) et Juliette (Clara Rugaard) chacun issu d’une de ces deux familles respectives et amoureux l’un de l’autre. Sachant qu’on tentera de les séparer, la jeune femme feint la mort à l’aide d’une potion pour échapper aux siens. Par contre, elle n’a pas mis son amoureux dans le coup si bien que ce dernier, fous de rage s’enlève la vie. À son réveil, désemparé en le voyant inanimé à ses côtés fait de même. Si l’histoire nous est un peu trop familière, c’est qu’il ne s’agit que d’une prémisse puisque Still Star-Crossed, une adaptation du livre éponyme de Melinda Taub, nous propose l’après Roméo et Juliette avec deux clans loin de s’être assagis et des amours tout aussi impossibles et surtout compliqués. C’est le principal reproche que l’on adresse à cette nouveauté signée Shonda Rhimes qui nous égare avec un trop gros casting pour des intrigues somme toute assez limitées. Et pour une fois, la diversité à l’écran à laquelle nous a habitué cette créatrice ne dessert pas la série.

Un arbre généalogique compliqué, des enjeux très simples

Le deuil qu’a à vivre la ville en entier ne rend pas les clans plus clairvoyants pour autant puisqu’à peine les deux amoureux enterrés que les rixes recommencent. D’un côté, on a lord Damiano Montaigu (Grant Bowler) qui a perdu l’héritier qui lui donnait le plus d’espoir en l’avenir et il doit maintenant se rabattre sur son neveu Benvolio (Wade Briggs). Apparemment coureur de jupons et alcoolique, ce dernier ne semble pas vouloir s’assagir pour autant malgré ces terribles circonstances. De l’autre côté, nous avons lord Silvestro (Anthony Head) et lady Guiliana Capulet (Zuleika Robinson) qui doivent aussi de rabattre sur leurs nièces pour assurer la succession de la famille. Depuis la mort de leurs parents, Livia (Ebonée Noel) et son aînée Rosaline (Lashana Lynch) travaillent comme domestique chez leur tante. La première est en quête d’un époux riche, la seconde d’un mariage d’amour. Dans ce cas précis, il ne saurait en être question puisque dans l’objectif de rétablir la paix, la princesse Isabella (Medalion Rahimi) et son frère Escalus (Sterling Sulieman) décident qu’il faut unir ces deux familles et obligent Benvolio et Rosaline à se marier. Ni l’un ni l’autre n’est d’accord, d’autant plus que cette dernière à une aventure avec le prince.

La première chose qui nous vient à l’esprit en voyant Juliette et Roméo ensemble, c’est que l’on tient à doublement souligner l’impossibilité de leur relation : par leur nom de famille et par la couleur de leur peau. La surprise est réussie, mais on réalise assez vite qu’avec Still Star-Crossed, Shonda Rhimes n’entend nullement aborder ce sujet, ce qui aurait peut-être été une bonne idée tout compte fait. Par exemple, chez les Montaigu, le père de Roméo est Noir, mais son cousin blanc tandis que chez les Capulet, les parents sont Blancs et les nièces noires., etc. Si l’intention dans ce « conte » est de nous montrer que l’origine ethnique importe peu (ce qui est tout à son honneur), en revanche, cette « mosaïque » laisse le téléspectateur confus. En effet, il y a beaucoup, mais vraiment beaucoup de monde au casting et les différentes couleurs de peau rendent encore plus difficile l’identification de tel ou tel protagoniste à un des clans, et ce, même après deux épisodes. Pire, l’interprète de Roméo dans le pilote ressemble comme deux gouttes d’eau au prince Escalus, ce qui nous laisse encore plus dans le flou.

Sinon, Still Star-Crossed est qualifiée par la production de drame d’époque, mais mis à part une reconstitution historique (fabuleuse soit dit en passant) et des lieux géographiques précis (on nomme plusieurs villes d’Italie), après seulement deux diffusions, on a déjà l’impression que le récit stagne. La haine entre eux camps qui se transpercent le corps à coups d’épée pour un oui ou pour un non sont est à la limite puérile et les scènes de combats ressemblent plus à du remplissage qu’autre chose. Sinon, tout l’accent est mis sur l’amour impossible et surtout mièvre entre divers protagonistes. On en est au point où l’on se demande si ce sont bien les adultes qui sont visés par ce genre d’offre télé (celle-ci est diffusée à 22 h les lundis). Un peu plus de politique et un peu moins de baisers volés feraient à la série un plus grand bien.

Le dernier drame estival d’ABC ?

Avec l’explosion du nombre de séries autant locales qu’étrangères, parions qu’ABC pourrait remettre en question éventuellement cette offre sérielle dans sa grille estivale. C’est que pour la chaîne comme pour la plupart de ses concurrentes Networks, les nouvelles fictions débutant passé le mois de mai ont un taux d’annulation très élevé mis à part quelques exceptions comme Under the Dome ou Zoo (CBS). Du côté d’ABC, on se borne à ne rejoindre qu’un public féminin (relativement âgé) avec des séries comme The Astronaut Wives Club (2015) ou Mistresses. Au bout d’une seule saison, la première affichait un taux de 0,76 chez les 18-49 ans avec une moyenne de 4,12 millions de téléspectateurs. La seconde qui a été renouvelée pendant quatre saisons, mais s’est terminée sur une moyenne de 2,60 millions en auditoire et un taux de 0,61.

Avec une moyenne de 2,13 M pour ses deux premiers épisodes et un taux constant de 0,50, Still-Star Crossed n’a aucune chance de survie à long terme. Le pire est que l’on sent qu’ABC ne croit pas en sa nouvelle offre. D’une part, on ne sait toujours pas combien de semaines doit durer la série, ce qui fait que l’on ne sait pas si l’on doit s’investir à long terme ou pas. D’autre part, on interrompt le cours de la diffusion en raison de matchs de la NBA, ce qui n’a rien pour favoriser la clientèle. Quand on prend aussi en compte que les émissions de variétés/téléréalités du network comme The Bachelorette ou Celebrity Family Feud performent deux fois mieux que toutes ses tentatives de fiction, c’est à se demander si ABC ne lancera tout simplement pas la serviette l’été prochain.

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