Marc Benham met le feu aux barricades mystérieuses

Publié le 20 juin 2017 par Assurbanipal

Improvisations sur " Les barricades mystérieuses "

de François Couperin (1668-1733)

Paris, Le Sunside.

Samedi 17 juin 2017, 19h

Marc Benham: piano

Lectrices baroques, lecteurs classiques, dans l'album solo dédié par le pianiste français Marc Benham à Fats Waller; il n'a pu vous échapper une étonnante version des " Barricades mystérieuses " de François Couperin. Vous la comparâtes, lectrices baroques, lecteurs classiques à la version donnée en quatuor à cordes par le contrebassiste français Jean-Philippe Viret.

Quittant le petit bain des standards où le Jazzman a toujours pied, ne perd pas de vue les repères créés par d'autres sauf s'il en crée de neufs à chaque interprétation comme Martial Solal & Lee Konitz, voici que Marc Benham s'est lancé dans le grand bain de l'improvisation, partant d'une pièce dont la durée d'interprétation varie entre 90 et 180 secondes, selon le tempo adopté, pour bâtir tout un concert. C'est loin, l'Amérique? Tais toi et nage.

Voici quelques impressions recueillies au fil de ce concert.

Marc semble lancer une ballade. Il défriche le terrain, trace sa route au centre du piano. Le thème de Couperin apparaît en arrière plan, sur un tempo lent. C'est un point de départ, un prétexte auquel il revient de temps en temps.

Ce gars a travaillé son swing. Cela ressort. Il sait faire chauffer la machine. Jolie fin en gouttes de musique.

Une sorte de ballade. La musique est scandée par le bruit du barman qui casse la glace. Là, je m'ennuie.

Retour au thème central, par bribes. Ca se transforme en Blue agité. Le Jazz revient, Thelonious Monk même. Ca se savoure sans faim.

Démarrage dans le genre piano classique même si cette pièce fut écrite pour clavecin. Une chanson s'y mêle. Celle du film " Bagdad Café " de Percy Adlon par Jevetta Steele. Le mélange réussit. Les images du film me reviennent. Jack Palance peignant nue une Bavaroise crémeuse et appétissante.

Une balade trop liquide à mon goût. Ca se réveille avec du rythme.

Une ballade tranquille. Trop tranquille à mon goût.

Un morceau plus animé. Pour conclure, Marc Benham revient au thème d'origine, qu'il joue loyalement et lisiblement. Envol final en toute logique.

RAPPEL

Marc Benham est pianiste de Jazz même s'il est pétri de classique, de variété française et autres influences musicales. Il conclut donc avec le Roi du Jazz, Louis Armstrong (Benny Goodman était un usurpateur blanc comme Elvis Presley envers Chuck Berry pour le Rock'n Roll). Marc étire, déforme et reforme " What a wonderful world ".

Pour savoir d'où partait Marc Benham, voici " Les barricades mystérieuses " de François Couperin jouées sur un clavecin de 1748 par Bruno Procopio en 2009 à Paris, en l'hôtel national des Invalides, fondé pour ses soldats blessés par Louis XIV, le Roi de France dont François Couperin était le claveciniste et organiste attitré. Quant à savoir où arrive Marc Benham, lui même ne le sait pas puisque c'est un créateur en mouvement. Ce concert fut une nouvelle aventure. Attendons les suivantes.