Crédit photographique: Y. Mavropoulos
Après une telle prestation, célébrée par un tonnerre d'applaudissements, c'est une autre grande interprète, l'incomparable soprano colorature Marlis Petersen, qui est venue apaiser les feux allumés du Burlesque avec une interprétation sensible et souveraine des Vier Letzte Lieder (Quatre derniers Lieder). C'est que le monde héroïque de Strauss est aussi fait d'inspiration amoureuse, familière, intimiste et extatique. C'est ici l'extase d'une nature apaisante et d'une vie apaisée que chante Petersen avec une ligne mélodique ravissante, et une justesse de ton alliée avec une réserve et une douceur qui donne à voir l'orient perlé de son colorature. L'interprétation de Petersen est intériorisée et sa délicatesse permet de goûter pleinement les nuances des poèmes d'Hermann Hesse et de Joseph von Eichendorff, qui correspondent si bien à la spiritualité straussienne et à son amour de la nature, que le compositeur de Partenkirchen a si bien rendus dans ces derniers grands chants orchestraux de la longue tradition musicale des Lieder allemands. Le dernier vers« Ist dies etwa der Tod ? » (« Serait-ce déjà la mort ? ») donne une vision sereine de la mort, fin naturelle d'un parcours d'une vie héroïque accomplie, ce que nous communique parfaitement Marlis Petersen. L'éblouissante et ravissante Lulu que l'on a pu encore entendre il y a deux ans au Bayerische Staatsoper, nous expose ici avec brio les secrets plus intimistes d'une vie réussie.Crédit photo: Münchner Rundfunkorchester
En seconde partie, Ulf Schrimer et le Münchner Rundfunkorchester donnent une interprétation enlevée et poignante du poème symphonique Une vie de héros (Ein Heldenleben, op. 40) que composa Richard Strauss en 1897-1898, trois ans après Ainsi parlait Zarathoustra. Poignante non seulement par la qualité de l'exécution mais aussi parce que le fructueux parcours conjoint du Directeur général de l'Opéra de Leipzig et du Münchner Rundfunkorchester se termine en cette fin de saison. Le héros dont il est question, c'est le compositeur lui-même, qui se décrit dans cette oeuvre aux beautés bouleversantes avec des accents d'une fierté souvent conquérante, mais aussi avec la distance de l'ironie et les délicatesses de la tendresse, notamment celles d'une vie amoureuse et familiale réussie, L'oeuvre introduit dans son troisième mouvement la "compagne du héros", le solo de violon, magistralement interprété hier soir par la première violon de l'orchestre. La parfaite collaboration entre l'Orchestre de la Radio de Munich et Ulf Schirmer a reçu pour ce dernier spectacle le couronnement glorieux des lauriers de la réussite et de l' excellence.A noter que ce concert exceptionnel pourra être réécouté en différé à la radio ce 2 juillet à 19H05 sur BR Klassik.