Marie Pavlenko – Je suis ton soleil

Par Yvantilleuil

En tant qu’homme amateur de polars, j’avais quelques appréhensions concernant ce roman pour ados, de surcroît plutôt destiné à un public féminin. J’ai eu grand tort !

Si le soleil de cette histoire se nomme Déborah, dix-sept ans, l’année de terminale qui l’attend ne s’annonce cependant pas très brillante. Outre le fait que sa meilleure amie Eloïse n’est plus dans sa classe et qu’elle devra donc se contenter de Jamal, alias Mygale-man, et de Tania, la pouffiasse de service, elle doit également entamer son année chaussée de bottes en caoutchouc vertes à cause d’Isidor, son vilain labrador obèse, qui ne se contente pas de puer et de baver, mais qui a également la mauvaise manie de déchiqueter ses chaussures. Ajoutez à cela une mère qui déprime, des notes qui dégringolent et un père qui va voir ailleurs et tout part en sucette, comme prédit par le théorème de la scoumoune. Heureusement qu’il reste le beau Victor, dans lequel elle place tous ses espoirs… sauf que son cœur semble déjà pris !

Au départ, j’ai eu un peu peur car, en suivant les déboires de cette jeune fille à l’existence initialement assez banale, pendue aux lèvres de sa meilleure amie et rêvant de celles de Victor, l’histoire commence comme un véritable roman d’ados. Heureusement, le récit bifurque progressivement vers des sujets plus adultes, obligeant l’héroïne à évoluer au fil des drames. Et là, une fois le virage amorcé, j’ai vraiment pris mon pied.

Il y a tout d’abord cette héroïne, fragile comme la plupart des filles de son âge, avec ses peurs, ses angoisses, ses prises de tête, mais qui s’avère également pourvue d’un humour à toute épreuve, qui fait sourire, même dans les moments les plus pénibles. Elle n’a rien de vraiment spécial ou de plus que les autres (si l’on excepte le fait qu’elle soit constamment victime du théorème de la scoumoune), mais elle a cette authenticité et ce côté désopilant qui la rend inévitablement attachante. Puis, il y a Eloïse, Victor et Jamal, des amis en or, le genre de copains que tout le monde rêve d’avoir. Mais il ne faudrait surtout pas oublier Isidore, le chien de la honte, dont la bave dégouline de vos pages tout au long de la lecture. Des personnages foncièrement humains, qui font des erreurs, mais que l’on apprend à aimer au fil des pages et que l’on quitte le cœur lourd une fois la dernière page tournée.

Mais ce qui m’a probablement encore le plus plu, c’est le ton, d’une justesse incroyable, et cette capacité d’aborder des sujets assez délicats, tels que la dépression, le divorce ou l’avortement, tout en conservant une certaine légèreté dans la narration. Le lecteur parcours ainsi une montagne russe d’émotions en compagnie de cette héroïne qui passe de l’adolescence à l’âge adulte, rigolant et pleurant avec elle, parfois les deux à la fois.

Marie Pavlenko livre une tranche de vie authentique, une histoire douce-amère qui parle d’amour, de famille et d’amitié, un roman qui nous ramène avec nostalgie à l’époque de nos dix-huit ans. L’écriture est vive, rythmée, jeune, inventive, débordante d’humour, mais surtout touchante de sincérité. Je me suis régalé de ces chapitres courts aux titres succulents et de ces cadavres exquis qui prennent tout leur sens lors de ce final moonwalkien. Oh yeah !

Marie Pavlenko a été mon soleil durant plusieurs heures et je l’en remercie !

Gros coup de cœur donc !

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