Chronique du palais, ou l'art d'exfiltrer.

Par Pseudo

Par décret du 22 juin dernier, Sa Majesté le roi Salman d'Arabie a destitué le prince Mohammed ben Nayef al Saoud, son neveu, de ses titres de prince héritier du royaume et de ministre de l'Intérieur.

Le bénéficiaire de ce qui nous est présenté comme une simple recomposition technique de l'exécutif saoudien n'est autre que l'actuel ministre de la Défense, le jeune et prometteur Mohammed ben Salman al Saoud, le propre fils du roi.

Mohammed ben Nayef, le prince évincé, n'a fait pour l'instant aucun commentaire. Des rumeurs laissent entendre que l'événement ressemble bien à l'amorce d'une disgrâce, même si l'agence officielle Spa a souligné, dans son communiqué, que si la famille des Saoud était grande et diverse, elle n'en demeurait pas moins unie.

L'ancien président de la République française, M. François Hollande, aurait envoyé un message de sympathie à l'adresse du prince limogé, qu'il avait eu le plaisir de faire grand officier de la Légion d'honneur lors de sa visite à Paris en mars 2016. D'après nos informations, il lui aurait également fait part de sa solidarité dans l'épreuve, soulignant avoir été barré lui-même par l'ambition d'un plus jeune.      

De son côté, c'est au roi d'Arabie que le président des Etats-Unis d'Amérique, M. Donald Trump, a envoyé un message d'appui, le félicitant pour ce qu'il a appelé «un geste fort de transgression à l'égard de l'establishment local» («A strong gesture of transgression towards the local establishment»). Il l'aurait assuré de son soutien indéfectible – et de celui d'Israël, dont il se faisait l'interprète – face à l'Iran-voyou, qui n'allait pas manquer, bien sûr, une telle occasion de tirer les marrons du feu.    

Le nouveau président français, M. Emmanuel Macron, aurait lui subitement décidé de remanier notre représentation diplomatique dans la péninsule arabique, en dépêchant en tant que ministre-plénipotentiaire envoyé permanent auprès du roi Salman, maître es-limogeage, un certain Baille-Rohue François, garde des Sceaux-brisés et descendant d'Henri IV.

La bonne ville de Pau ne pourra que s'en trouver fière...

(De notre correspondante à Jérusalem, Frédégonde Capet-Nathan)

(Photo : Le prince Mohammed ben Nayef et Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, Paris, mars 2016)