11 sites classés de la région Occitanie exposent de l’Art contemporain In Situ

Publié le 10 juillet 2017 par Aude Mathey @Culturecomblog

La 6ème édition de “IN SITU Patrimoine et Art Contemporain”, manifestation estivale se déroulant de concert dans la Région Occitanie et Pyrénées-Méditerranée portée par l’association Le Passe Muraille, chapeautée par Pierre Plancheron, et dont le commissariat général est assuré par Marie-Caroline Allaire-Matte, aura lieu du 17 juin au 17 septembre 2017.
Elle rayonnera sur 11 sites, tous classés ou inscrits à l’inventaire des Monuments historiques, de 4 départements : l’Hérault, l’Aude, et désormais l’Ariège et l’Aveyron.
Ceux-ci accueilleront des œuvres (installations, sculptures, peintures, vidéo) de 10 artistes français et étrangers de renommée internationale dont: Emma Dusong (France), Nick Ervinck (Belgique), Arno Fabre (France), Bertrand Gadenne (France), Dominique Gauthier (France), Rainer Gross (Allemagne), Christian Jaccard (Suisse-France), Suzy Lelièvre (France), Jaume Plensa (Espagne), et Claude Viallat (France).
Cet événement s’attache à valoriser de manière originale le riche et somptueux patrimoine de la région, établissant un dialogue chaque année renouvelé entre l’architecture patrimoniale et l’art contemporain à travers des installations éphémères adaptées à l’esprit des lieux, parfois spectaculaires.
Cette année, il permettra notamment de découvrir 6 œuvres inédites, spécialement produites pour l’occasion, réalisées ainsi in situ.
À chaque étape du parcours, le visiteur aura le privilège d’être renseigné sur la démarche de la manifestation ainsi que celle de l’artiste par un médiateur culturel, qui se chargera par la même occasion de collecter les attentions et commentaires de chacun.

Le Palais des Archevêques de Narbonne
Le Palais des Archevêques a la particularité de garder sa cathédrale (dont la hauteur de 41 mètres sous voûte est la quatrième plus haute de France après celle de Beauvais, puis Amiens et Metz) et son cloître accolés, à l’instar du palais des papes d’Avignon, est en pleine mutation.


(Crédits photo: Alexandre Plateaux)


Il contient nombre de pièces d’exception dont ce plafond baroque, baptisé “le Plafond des Muses” (1632), orné de figures célestes (dont des Cupidons), tiré de thèmes mythologiques suivant les tendances de la Renaissance. De même que des salles à enfilade à la mode de l’époque. (Crédits photo: Alexandre Plateaux).


Tout aussi adapté aux collections proposées, cette ancienne salle à manger toute en longueur et rénovée en vert médical pour renfermer une collection surprenante de bocaux de pharmacie notamment. Les gypseries de la salle à manger à l’effigie de la chasse, passe-temps favori de l’archevêque Arthur Richard Dion, dernier ecclésiastique résident, donnant un côté somptueux et ostentatoire à cette pièce (Crédits photo: Alexandre Plateaux).


Tous les styles s’entremêlent dont ce plafond français à solive où chaque détail émerveille les curieux osant y prêter attention (Crédits photo: Alexandre Plateaux)


Ces deux salles décorées telles des palais mauresques pour mettre en valeur un patrimoine de peintures orientalistes dont l’école d’Abel-El-Tif (Mouvement artistique algérois de 1907-1962). (Crédits photo: Alexandre Plateaux)


Chaque recoin de l’édifice révèle un parfum d’Orient (Crédits photo: Alexandre Plateaux).

C’est dans ce cadre soigné pour une présence artistique florissante que Claude Viallat peut être exposé avec cet “Hommage à Zeuxis”. Un des théoriciens et fondateurs du mouvement Supports/Surfaces, qui dissocie tous les trois éléments structurants d’un tableau (châssis, couleur).


Des pièces vestimentaires réappropriées par l’artiste qui se marient à merveille avec la solennité des lieux (Crédits photo: Alexandre Plateaux)


(Crédits photo: Alexandre Plateaux).
L’ensemble formant le palais prenant une place prépondérante dans le centre ville (Crédits photo: Alexandre Plateaux).


La cité narbonnaise toute en couleurs (Crédits photo: Alexandre Plateaux).

Après avoir conquis en son temps, le galeriste Jean Fournier séduit par son talent de coloriste, Il considère sa peinture comme nomade, et il s’inscrit dans une démarche décorative. Il est actuellement également exposé à la galerie Ceysson à New-York, du 9 mai au 15 juillet 2017.


Cette œuvre montre l’intérêt de l’artiste de se réapproprier des supports dédiés à une autre fonction d’origine, à l’instar de cet élément de fauteuil Voltaire revisité. Une toile sans châssis, récupérée de l’assise d’un fauteuil, est présentée dans le cadre historique du palais, aussi bien intégré dans le décor que dans son exposition au Musée Fabre à Montpellier en 2014. Totalement en phases chromatiques avec cette majestueuse mosaïque recouvrant le sol, “Mosaïque polychrome à méandres illusionnistes” (de la deuxième moitié du IIème siècle après J.C.), avec une partie centrale de la mosaïque (emblema) représente une composition de méandres alternant carrés emboités et svastikas, au centre de laquelle apparait un fleuron. La répartition des couleurs et des valeurs donnent un effet de relief marqué.
On retrouve des inspirations très diverses dans ce parcours d’exposition de ses 28 œuvres, assez forte autour des nœuds comme son confrère Christian Jaccard. (Crédits photo: Alexandre Plateaux)

L’Abbaye de Fontfroide
Un an après la pose de la Croix renovée sur le massif de Fontfroide, l’abbaye cistercienne de Fontfroide, fortement agrémentée par les époux Fayet, retrouve une nouvelle jeunesse par l’installation de Jaume Plensa – “White Forest, Sanna” qui perpétue une tradition d’art contemporain initiée dans les années 20 avec le réseau des artistes amis de Mr Fayet dont Odilon Redon, et ses couleurs revêtant déjà ça et là le site.


(Crédits photo: Alexandre Plateaux)

C’est la 4ème opportunité offerte à la manifestation In Situ pour être exposée dans les murs de ces lieux et qui incarne cette année une facette lumineuse éclatante de jeune fille, en bronze de 2015 sur un socle de bois, éclairant la salle par sa blancheur monacale qui interpellera le visiteur par son volume solennel. L’artiste, présent dans le monde, voulait rompre par la centralité de l’ouvrage, qu’il peut décliner sur des matériaux très divers comme l’albâtre ou la résine. L’artiste est par ailleurs exposé dans le cadre d’une rétrospective avec ses sculptures-miroir au Musée d’Art moderne de Saint-Etienne, jusqu’au 17 Septembre 2017.


(Crédits photo: Alexandre Plateaux)


Une abbaye toujours autant gorgée de soleil et de spiritualité (Crédits photo: Alexandre Plateaux)

La Cité de Carcassonne
Le Château de Carcassonne comporte des manifestations d’art contemporain régulières.
Un monument, dépendant du CMN, qui jouit d’une notoriété et de fait une fréquentation importante (de près de 2 millions de visiteurs annuels) se devant d’être mis en lumière par une œuvre d’art contemporain In Situ.
Celle-ci réalisée par l’artiste allemand Rainer Gross, portant le titre “Pas perdus” fut le privilège d’être réalisée sur place, en 8 jours, par l’artiste après maintes esquisses.


Elle est autoportante et positionnée au-dessus d’une porte du rempart ouest permettant aux gens de traverser la réalisation de l’artiste, renforçant de facto le dialogue avec le visiteur.
Un enjeu d’Histoire et d’architecture pour ces lattes de peuplier noircies, très souples répondant aux contraintes de la cité médiévale et de ses vents fréquents. Une installation en lieu et place de vestiges d’éléments disparus jouant autour des ruines d’une ancienne cheminée et tentant ainsi de rappeler par cette structure surréaliste conçue toute en ondulations de ce bois de peuplier, un parquet qui réapparaitrait tel un vestige qui surgit du passé, le temps de l’exposition mais qui re-disparaitra, avec le reste de l’installation, et de toutes les manières, lors des Journées du Patrimoine.


(Crédits photo: Alexandre Plateaux)


L’enceinte de la cité et ses jardins suffisamment vastes pour accueillir les 2 millions de visiteurs annuels (Crédits photo: Alexandre Plateaux)


Il est des souvenirs un peu perchés que l’on ne peut ramener de Carcassonne… (Crédits photo: Alexandre Plateaux)

Il y a toujours un aspect très graphique dans le travail de Rainer Gross et cette réalisation montre le penchant de l’artiste à s’adapter à l’architecture du lieu et d’en rehausser les qualités formelles.
Par ailleurs, à la vue des conditions climatiques et de l’affluence fréquente du public, la commission de sécurité a fait en sorte que la cour du midi, qui abrite la structure, sera évacuée quand la vitesse du vent dépassera 72km/h.
Cette cour qui ouvre sur cette ancienne grande salle d’apparat des sénéchaux du roi de France au 13ème et 14ème siècles, détruite à la fin du 15ème siècle par un incendie.

Une première fois exposée en plein air à Foix…
La résidence des comtes de Foix, nichée du haut d’un piton rocheux de 60 mètres surplombant la ville, dispose d’une tour de l’an Mil pour une forteresse imprenable, qui fut une prison jusqu’au 19ème siècle.
Un projet de réhabilitation du site est prévu à horizon avril 2019 et immergera le visiteur dans un univers totalement médiéval avec des machines de guerre et un ascenseur pour faciliter l’accès de cette montée fort pentue.


Facette d’immersion actuellement mise en place par la présence d’une médiatrice médiévale initiant au maniement de l’archer et de l’arbalète (Crédits photo: Alexandre Plateaux)


On comprend mieux le caractère imprenable de la forteresse… (Crédits photo: Alexandre Plateaux)


..mais également une vue imprenable sur le massif pyrénéen (Crédits photo: Alexandre Plateaux)


La présence In Situ de l’édition 2017 est incarnée pour la première fois sur le site, par une sculpture monumentale, réalisée par imprimante 3D, de l’artiste belge Nick Ervinck, intitulée “Apsaadu”, aux formes voluptueuses semblant représenter une action divine figée dans le temps, directement inspirée par les divinités romaines exposées dans le Musée Gallo-Romain de Tongres (Crédits photo: Alexandre Plateaux).

Une réalisation relativement technologique puisque conçue avec un logiciel et imprimée à l’aide d’une imprimante 3D en matériaux polyester. Réalisation appartenant au “Blob architecture” (“blob” en anglais signifiant goutte), un terme donné à un courant architectural dans lequel les bâtiments ont une forme organique molle et bombée, créé par l’architecte Greg Lynn en 1995 dans ses expérimentations avec le logiciel de dessins “Metaball”.


L’installer dans ces murs millénaires fut une prouesse pour ces lieux à l’accès escarpé du fait de la réputation de forteresse imprenable, seul la solution de l’hélitreuillage en donna la possibilité (Crédits photo: Alexandre Plateaux).

Une autre réalisation de cet artiste multiprimé (Godecharle 2005, Gouden Feniks 2011) se situe dans les murs de l’Abbaye millénaire de Gellone à Saint-Guilhem-le-Désert.
Un lieu qui connut tant de périodes troubles avant d’être rescapé par la Congrégation de Saint-Maur au 17ème siècle et dont des éléments sculptés du cloître furent acquis par le collectionneur américain George Grey Barnard en 1906 et aujourd’hui intégrés à une reconstitution présentée au Musée The Cloisters de New-York.


La sculpture, baptisée “Iebanulk”, de texture bois et polyester, présentée sur place est née d’un mixage entre un navire pétrolier supplanté d’un monastère bénédictin roman, le tout maculé de blanc.

Une abbaye de Lagrasse emmurée
“Ombres de suie, Partition bénédictine” de Christian Jaccard à l’abbaye de Lagrasse (Aude), en l’honneur des communautés qui ont occupé ce lieu jusqu’à la Révolution.


Une abbaye entourée d’un village juché de ruelles escarpées dont raffolent les visiteurs des quatre coins du monde (Crédits photo: Alexandre Plateaux).

Seul site propriété du département, ayant connu de nombreuses rénovations. L’abbaye offre une vue imprenable sur l’arrière-pays de l’Aude et comporte toujours une communauté active de moines bénédictins.
Après avoir proposé l’année dernière, une œuvre sonore, In Situ propose, pour cette édition 2017, un mur immense mais censé être éphémère puisqu’il sera démonté au terme de l’évènement. D’une hauteur de 11 mètres, réalisé sur site par l’artiste Christian Jaccard, contemporain franco-suisse de BMPT, suivant le mouvement Supports/Surfaces, soutenu par le grand spécialiste de l’art contemporain Bernard Ceysson. Cette réalisation sur site, contient une coloration par combustion à partir de gel thermique (à base de colle néoprène, procédé notamment utilisé au cinéma) rehaussé par un dessin effectué sur un échafaudage posé sur un mur autoportant, le tout réalisé en 10 jours.


Le mur se devrait d’être recouverte d’un spray pour perdurer mais selon les souhaits de l’artiste souhaitant apprécier la suie se dégrader au fil du temps (Crédits photo: Alexandre Plateaux).


Une alternance faite de noir et de blanc, rappelant une métaphore du jour et de la nuit, apporte un contraste avec le reste des parois centenaires, toutes bâties de roc et taillées en forme d’ogive de cet ancien dortoir des moines.
Présence spirituelle qui perdure encore aujourd’hui par la présence de la communauté religieuse des Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu (Crédits photo: Alexandre Plateaux).