Voisin, voisine, pas tranquilles

Publié le 11 juillet 2017 par Desfraises

Je croise sur son napperon une part de pizza qui se dore l'anchois au soleil.

 
Je n'habite pas encore à Marseille mais j'ai déjà adopté des voisines, celles de mon ami.
Mon ami et ses drôles de dames de voisines qui activent parfois le plan anti-cafards et se chargent à tour de rôle de faire déguerpir les squatteurs du hall d'immeuble qui par leur caquetage leur fumette jour et nuit nous empêchent de lire de dormir ou de penser.
Les voisins se suivent et ne se ressemblent pas.
Le vieux cornichon de l'étage en-dessous qui déplace ses meubles ou lance une lessive à 4h du matin. Quand on lui dit bonjour il aboie : quoi ! me parlez pas, je me mélange pas avec des gens comme vous. On l'a surnommé le vieux qui attend la mort. C'est pas sympa mais c'est comme ça.
Le voisin patient occasionnel de l'hôpital psy d'à côté qui hurle sans relâche sur son ectoplasme de mère ou supplie sa voisine de lui prêter 2€.
Le gros tout nu d'en face.
Ou le voisin dont je ne connais pour le moment que les sommations à ses rendez-vous galants : "Alleeeeeez ! Fais-moi un bisou !"
Le gars du quartier qui te propose d'acheter les défections de ton chien.
La nana pas tranquille qui demande si tu as mis des agrafes dans le courrier que tu t'apprêtes à poster. Elle a peur des agrafes. Elle préfère les trombones.
La voisine joviale qui découpe sur les cartons de pizza les "bons pour" et invite ses voisins chez Zazza. On sirote du rosé frais on grignote des pizzas, on cancane sous le chant des cigales qui "s'époumonent" pour couvrir le tohu-bohu de la circulation boulevard Baille.
La même voisine qui brique l'entrée de l'immeuble parce que le bailleur 13 Habitat pour ne pas le citer n'envoie plus personne depuis trois mois. Le même bailleur qui demande un devis pour le remplacement de deux ampoules. Un devis !
La gentille dame qui m'envoie des sms pour dire "c'est lundi, bises" ou "c'est mercredi, bises" ou "il va pleuvoir, bises" ou me suggère d'emporter une cigale dans ma valise pour Paris. Je la croise qui se bidonne en tapotant les sms qu'elle m'envoie. Elle me raconte ses courses, la planche à repasser qu'elle a laissée à mi-chemin chez le marchand de fruits et légumes. Il fait trop chaud. Elle est déjà chargée comme un âne. Je vais la lui chercher.
Je croise sur son napperon une part de pizza qui se dore l'anchois au soleil.
Chez le maraîcher, on me voit traverser la boutique une planche à repasser sous le bras et on taquine le patron : j'ignorais que tu vendais des meubles.