L’inde des Upanishads et de Buddha. Extrait de "Comment l'homme devint humain", de R. Garaudy)

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit
Suite de la publication de courts extraits de "Comment l'homme devint humain"
Comptant parmi les plus anciens textes religieux
de l'humanité, puisque certains remontent au XVIe siècle avant Jésus-Christ, les hymnes védiques de l'Inde disaient les rites et les sacrifices nécessaires pour mettre l'homme en relation avec les dieux. A partir du VIIesiècle avant Jésus-Christ, les Upanishads, qui se donnent pour la continuation des hymnes liturgiques du Veda (d'où leur nom de Vedanta: f in du Veda), intériorisent le sacrifice, qui n'est plus geste rituel mais mouvement de l'esprit. Leur méditation commence avec le problème de l'éveil de l a conscience en l'homme et de son rapport avec la réalité profonde. Leur réponse est que seule existe l'âme universelle (Brahman), que la conscience individuelle (atman) n'a de réalité que par rapport à elle. L'affirmation centrale, point de départ et terme ultime de la méditation hindouïste, est «Tat vam asi »
(« Tu es cela »).
Tu étant l'âme humaine (atman)
 et
cela la réalité profonde et unique (Brahman).
 Le moi et ses désirs, s'ils croient 
avoir une existence propre,
ne sont qu'une illusion. La 
méditation hindoue permet à
l'homme de se délivrer de 
l'illusion et des liens de la multiplicité
pour retrouver 
l'unité absolue.
Cette métaphysique non dualiste est la
mère de toutes les tentatives par lesquelles le petit moi égoïste s'efforce de rompre ses limites. L'influence des Upanishads, dont la parenté avec la philosophie de Platon est saisissante, inspirera toutes les formes ultérieures de mysticisme.
La Bhagavad Gita — l'un des chapitres de la grande épopée indienne du Mahabarata — est, en pleine bataille, le dialogue du héros, le guerrier Arjuna, avec une incarnation du dieu Vishnu. Alors qu'Arjuna va jeter ses armes pour ne pas participer au massacre, le dieu lui révèle comment, sans fuir le monde et ses désordres, il est possible de vivre une vie d'homme avec l'intransigeance d'un dieu. La Bhagavad Gita n'a cessé d'inspirer, depuis vingt-cinq siècles, la vie des plus hautes figures de l'Inde, jusqu'à Tagore et Gandhi
Bouddha est né vers 560 avant Jésus-Christ, au nord de l'Inde. Siddharta Gautama était son vrai nom de fils de prince. Il quitte son royaume, sa famille, ses richesses, à l'âge de vingt-neuf ans. Devenu faible, pauvre, et nu, parmi les ascètes de la montagne, il apprend à surmonter les passions et les peurs. « Es-tu un dieu ? - Non . U n ange ? - No n . Un saint ? - Non. Alors qui es-tu ? - Je suis "éveillé" ». « Bouddha » signifie : éveillé. Il mourut vers 480, ayant enseigné une doctrine qui n'exigeait aucune autorité, aucun rite ni aucune prière à des dieux sans pouvoir, aucune spéculation métaphysique, aucun surnaturel. Il fallait d'abord soigner l'homme malade : savoir seulement d'où vient la douleur et guérir la douleur. Echapper à la naissance et à la mort en retrouvant la réalité véritable, tel est le problème. Perdre son moi et ses désirs, telle est la réponse. A partir du Sermon qu'il prononça à Bénarès devant ses premiers disciples sur les « quatre vérités saintes », cette sagesse se propagea en Inde. Elle en devint la religion officielle au IIIesiècle avant Jésus- Christ, avec la conversion de l'empereur Açoka qui envoya des missions à travers le monde. Des communautés bouddhistes très vivantes subsistaient en Syrie et en Palestine lorsqu'y enseigna Jésus. Et cela rend compte de leur parenté spirituelle. Le bouddhisme, bien qu'il ait reculé jusqu'à, disparaître en Inde devant l'hindouisme, gagna toute l'Asie : la Chine, la Corée, le Japon, le Tibet et toute l'Asie du Sud-Est.
Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
Pages  64 à 70 (une seule illustration reproduite: un Buddha de l'époque Gupta, Ve siècle ap.J.C.)
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