Trois poèmes de Georges Schehadé

Par Etcetera


Vous aurez sans doute remarqué que ce blog a adopté un rythme nettement ralenti, comme vous devez vous en douter je m’accorde un peu de repos estival.
Cependant, n’hésitez pas à venir jeter un œil ici de temps en temps car je continuerai à poster sporadiquement des billets poétiques ou culturels.

Aujourd’hui je voudrais vous proposer trois poèmes de Georges Schéhadé (1905-1989), poète libanais francophone, que j’ai choisis dans le livre « Poésies » chez Poésie-Gallimard, et plus exactement dans le recueil « Le nageur d’un seul amour » qui date de 1985.

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Ce n’est pas des mots pour rien ce poème
Ce n’est pas un chant pour personne cette mélancolie
Voici l’automne et ses froides étoiles
Il reste assez de vent pour s’enfuir
L’oiseau d’Afrique demande l’heure
Mais la mer est loin comme un voyage
Et les pays se perdent dans les pays
– Ecoute à travers les ramures
Le bruit doré d’un arbre qui meurt

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Elle marchait dans un verger
De douces syllabes tombaient des arbres
L’air n’avait plus de couleur

C’est la naissance du soir
La première fraîcheur des nids
Rêvait un peu la jeune fille
En regardant autour d’elle

Maintenant la nuit se répète à l’infini
Les arbres se cachent dans leurs feuilles
Et le silence arrive de loin

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C’est encore une fois l’automne
Le jardin court derrière ses feuilles

Personne n’est plus là :
Les fenêtres les gens
Mais le vent

Il y a une lune oubliée
Dans le ciel comme une figure

En souvenir du bel été
A boire disait une fontaine

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