[Critique] COLOSSAL

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : Colossal

Note:
Origines : Espagne/Canada
Réalisateur : Nacho Vigalondo
Distribution : Anne Hathaway, Jason Sudeikis, Dan Stevens, Tim Blake Nelson, Austin Stowell…
Genre : Fantastique/Drame
Date de sortie : 27 juillet 2017 (e-cinéma)

Le Pitch :
Depuis qu’elle s’est faite licencier, Gloria passe ses nuits à faire la fête dans les bars new-yorkais. Un jour, Tim, son petit-ami, lui annonce qu’il ne supporte plus son comportement et décide de la quitter. Perdue, Gloria retourne dans la petite ville dans laquelle elle a grandi pour essayer de faire le point. Là-bas, elle renoue avec des amis d’enfance et tente de se reconstruire. Au même moment, une gigantesque créature fait son apparition à Séoul en Corée du Sud et détruit tout sur son passage. Choquée, comme le reste du monde, Gloria ne tarde néanmoins pas à s’apercevoir qu’elle est mystérieusement liée au monstre…

La Critique de Colossal :

Nacho Vigalondo, le réalisateur de Timecrimes, revient 3 ans après son très moyen Open Windows avec un objet filmique non identifié où il est question d’un monstre à la Godzilla/Pacific Rim et d’une jeune femme paumée. Un film au pitch très étrange, porté par deux acteurs de premier plan, qui parvient à étonner encore plus et à concrétiser les espérances que son trailer avait su susciter. Non pas sans quelques accros mais avec une flamboyance et une sincérité qui au final, font vraiment toute la différence…

Effet papillon

Difficile de ne pas reconnaître en Colossal l’un des projets les plus originaux de ces dernières années. Un long-métrage tellement atypique qui, malgré la présence d’Anne Hathaway au générique, a écopé d’une discrète sortie en e-cinéma, alors qu’il n’aurait pas du tout fait tâche aux côtés des autres films de l’été dans les multiplexes. Une œuvre tendre mais aussi assez impitoyable, qui sait traiter ses sujets avec une pertinence doublée d’une audace certaine à laquelle nous sommes ces derniers temps assez peu habitués.
À l’autre bout du monde, en Corée du Sud, un monstre apparaît et casse tout, pendant qu’aux États-Unis, une femme tente de recoller les morceaux. Un personnage lié à la créature d’une façon assez incroyable, qui devient le pilier d’un récit portant sur l’addiction à l’alcool, sur l’ambition et sur le passage tardif à l’âge adulte ainsi sur la vie de couple. Colossal ne se privant pas de couvrir une vaste étendue de thématiques, sans se départir d’un caractère frondeur assez rafraîchissant, avant d’organiser, dans son dernier tiers, un affrontement aussi inattendu que violent dans ses implications tragiques.
Gentiment onirique, Colossal sait tout de même rester assez terre à terre et évite de trop perdre de vue ses personnages, qui sont toujours au premier plan. En d’autres termes, rien à voir avec Godzilla ou Pacific Rim. Nacho Vigalondo n’a pas souhaité concurrencer ces derniers sur leur propre terrain. Son monstre à lui n’a finalement pour objectif que de mettre en exergue les problèmes de son héroïne. Il matérialise au format XXL son addiction et les combats qu’elle doit livrer pour espérer pouvoir aller de l’avant. C’est non seulement malin mais aussi bien souvent remarquablement exécuté à l’écran.

Peur sur la ville

Alors qu’il aurait pu se planter dans les grandes largeurs, Vigalondo arrive à maintenir un savant équilibre et sait se donner les moyens de bien exploiter sa superbe idée de base. Colossal n’est ainsi pas uniquement un film à concept mais aussi un authentique drame, tendre, parfois déstabilisant, drôle et sincère. Un constat qui doit tout autant à Anne Hathaway qu’à Jason Sudeikis. La première est parfaite dans un numéro qu’elle connaît bien mais qu’elle livre ici dans une déclinaison plus intimiste, quand bien même le postulat aurait pu lui donner l’occasion de cabotiner. Jason Sudeikis lui, sort une nouvelle fois de sa zone de confort. C’est lui le plus surprenant et autant ne pas en dire plus pour éviter d’en dévoiler trop. Sachez simplement qu’il est excellent. Comme Tim Blake Nelson, Dan Stevens et Austin Stowell, qui se débrouillent très bien malgré la brièveté de leur implication.
Tout compte fait, il n’y vraiment que lorsque Vigalondo prend le risque d’expliquer son film qu’il se plante un peu. Mais on a beau penser qu’il aurait été préférable que le réalisateur ne cherche pas à justifier le lien entre son héroïne et son monstre, au lieu de nous sortir une explication un peu tirée par les cheveux et ô combien bancale, force est d’encore une fois reconnaître qu’il a justement pris le risque de le faire. Et de toute façon, il se rattrape allègrement avec son dénouement, pour le coup excellent, qui finit de faire de Colossal un étrange long-métrage, attachant, spectaculaire (les effets-spéciaux, utilisés avec parcimonie, sont remarquables) et globalement maîtrisé.

En Bref…
Encore plus original et audacieux que prévu, Colossal ose et réussit à s’extraire de la masse, en jouant sur plusieurs tableaux avec une certaine maestria, doublée d’un courage à toute épreuve. À l’aise dans ses baskets, parfaitement maître de ses ambitions, Nacho Vigalondo réussit là où beaucoup ont échoué et livre l’un des films les plus positivement atypiques de l’année. Une réussite qui possède en outre une certaine flamboyance.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : TF1 Vidéo