"Leg" Familial

Publié le 07 août 2017 par Hunterjones
Il y a peut-être plus de vingt ans, une famille qui nous était inconnue avait appelée la nôtre pour nous apprendre quelque chose de fort étonnant.
En emménageant dans un nouveau logement sur la rue Cartier, à Québec, cette famille faisait tomber un mur pour agrandir l'endroit. Dans ce mur se trouvait, caché ou oublié, un album de photo pas clairement identifié. Intriguée, la famille avait fait appel à un déchiffreur d'écriture afin de découvrir qu'il s'agissait de vieilles photos de la famille Jones. Ma famille. Du côté de mon père. Et nous avait retracés. Quelques 15 rues plus loin.
On nous avait remis le livre de photo en question et de drôles d'émotions nous avaient habitées. De voir des visages rappelant les nôtres, à une époque où aucun d'entre nous n'était encore vivant restait fascinant. Sur les photos, souvent le même homme, que l'on avait finalement identifié comme Finnian Jones, autour de 1914. Débardeur dans les ports. Sur plusieurs photos, il donnait raison au mythe que les marins ont des femmes dans tous les ports. Plusieurs photos le montrait au bras d'une, de deux et de parfois trois jeunes femmes.
Il semblait savoir s'amuser. Il avait cet air dans l'oeil. Et souvent la bouteille à la main.
L'eau et les Jones ont souvent été liés. Mes ancêtres sont arrivés par voie maritime et placé en quarantaine à Grosse Isle autour de 1848. Le docteur Jones s'était alors amouraché d'une jeune immigrante irlandaise (il était lui aussi de souche irlandaise), et poursuivait ainsi la lignée de mon père.
Du côté de ma mère, la racine est plus proche (4 générations) et elle est Atikamekw. Et c'est connu, chez les autochtones, l'eau, la terre et le feu sont au coeur de tout.
Ironiquement j'ai suivi, instinctivement, beaucoup de ces traces.
(instinct: très autochtone) J'ai travaillé dans un entrepôt du Vieux-Port qui pouvait s'apparenter au travail de débardeur. Je suis définitivement errant. J'aime mieux penser libre, mais professionnellement, dans un bureau de ressources humaines, on dirait plutôt errant.
J'ai aussi beaucoup travaillé sur l'eau. De 15 à 20 ans, j'ai travaillé sur le Lac St-Joseph à donner des cours de voilier, planche à voile et à patrouiller les eaux. Mon fils (et sa mère dans les années 80) est lifeguard. Et nager n'est jamais un effort, c'est comme marcher. Je m'étonne toujours des distances que je peux faire dans le Nord au Lac Bruno. Encore hier, ma fille et quelques une de leurs amies se sont rendus vers le milieu du lac avec chacune un paddle board. J'ai été les rejoindre à la nage sans vraiment réfléchir et me suis rendu extrêmement loin(selon ma blonde) et en suis revenu comme si ce n'était rien. Je me suis ensuite moi-même étonné de la chose en constatant le trajet parcouru.

Et Finnian semblait fort sur la bouteille, souvent à l'honneur sur la photo.
Ol'seamen never fail to find a mistress in a bottle.
Je pensais à tout ça vendredi dernier, alors qu'il faisait 31 à Montréal. Et probablement 56 dans la boîte de 18 pieds dans lequel je travaillais. Ma fille m'envoyait des photos d'elle et de ses amies fraîchement sorties du Splash à la Ronde pendant que je suais comme un porc à charger/décharger des centaines de stock dans le camion. Je fais du gym sans le réaliser tous les jours avec cet emploi de sous-contractant pour les villes. J'en sue tous les jours et en revient plus sale qu'un garagiste.

Pour rendre le travail moins morne, j'avais activé ma playlist des Stones pour me donner un peu d'énergie. Et comme si la trame sonore de ma vie se synchronisait avec le moment, debout dans le camion, attendant mon collègue qui allait me charger du nouveau matériel de son lift, mes yeux se posaient sur une jeune femme qui discutait avec deux autres de mes collègues, Marcel et KC. 30 pieds plus loin.
KC a aussitôt posé son regard sur le mien. Un regard complice de jeune de 18 ans, profitant d'un moment privilégié.
C'est que la jeune femme était tout simplement superbe. En photo, peut-être ne l'aurions nous pas autant remarquée, mais avec cette météo, ses lunettes fumées, ses longs cheveux bruns, sa robe dévoilant des jambes époustouflantes, ses bottes, elle paralysait soudainement notre après-midi. Dans l'entrepôt voisin, des gens ont mis une photo de jeune femme géante, avec un air d'après sexe. Nous, dans le nôtre, nous avions soudainement une vraie femme formidable pour l'oeil. En chair et en peau.

C'est con comment 4 hommes peuvent facilement devenir 4 pénis en un rien de temps. En ce qui me concerne, une jambe bien galbée, ce que je vois tous les jours en camion ces temps-ci, peut facilement me bouleverser les sens.
Je crois que la jeune femme savait l'impact qu'elle créait. Elle est restée très longtemps. (Elle est représentante d'une des villes) et Marcel a tout fait pour étirer la conversation avec elle. Good for her. Une femme a tous les droits de se sentir désirée. C'est une liberté qui peut/doit rester saine.

Encore une fois, mon radar pour les belles femmes attirantes faisaient un clin d'oeil aux ancêtres Jones.
Quand elle a quitté, les nuages se sont installés dans le ciel et dans nos âmes. Il a même beaucoup plu.
Les gars parlaient tellement d'elle dans l'entrepôt après son départ que je me suis senti obligé de mettre une musique pour tous ces garçons soudainement allumés, qui a fait rire tout le monde.

Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la destruction du désir disait un philosophe Grec il y a belle lurette.
Une belle lurette en christ.
Érogène.
Et y a pas plus libre qu'un Jones.