Franz Betz, baryton wagnérien (1835-1900)

Publié le 07 août 2017 par Luc-Henri Roger @munichandco


Le célèbre baryton-basse Franz Betz, dont le nom est si intimement lié à l'histoire de l'art de Richard Wagner,  était né à Mayence le 19 mars 1835. Franz Betz a appris le chant à Karlsruhe. Il a fait ses débuts en 1856 au Théâtre de la Cour de Hanovre dans le rôle du  héraut d’armes dans Lohengrin de Wagner, après quoi il a chanté comme artiste invité dans diverses autres salles d'opéra allemandes. Son succès en 1859 à l'Opéra d'État de Berlin dans le rôle de Don Carlo dans Ernani de Verdi, l'a conduit à signer un contrat permanent avec la société.
Pendant quarante ans, Betz a été le soutien le plus sûr et l'artiste le plus populaire de l'Opéra de Berlin; sa grande réputation cependant est surtout basée sur sa création du rôle de Hans Sachs lors de la première représentation au Théâtre de la Cour royale de Munich, le 21 juin 1868. Betz, qui a chanté le rôle plus d'une centaine de fois, a été étroitement identifié avec le personnage.
En mai 1872, il était l'un des quatre solistes dans l'exécution de la Neuvième Symphonie de Beethoven à l'occasion de la pose de la première pierre pour le Festspielhaus de Bayreuth
Il chanta le rôle de Wotan  dans  Rheingold et Die Walküre et der Wanderer (le Voyageur) dans Siegfried pour la première exécution complète de Der Ring des Nibelungen  au Festspielhaus de Bayreuth lors de la première apparition du cycle de l'Anneau du Nibelung.
De 1882 à 1890, il a servi comme premier président de la Genossenschaft Deutscher Bühnen-Angehöriger (le syndicat allemand des artistes de la scène, techniciens et personnel administratif)
Betz possédait un organe merveilleux, dépassant largement deux octaves, puissant et malléable à la fois et d'un timbre aussi beau qu'agréable; il savait conduire cette voix tout à fait exceptionnelle avec une sûreté et une intelligence hors ligne; son articulation et sa diction faisaient ressortir chaque mot et mettaient en relief chaque phrase; même sous ce rapport, et comme acteur, il surpassait presque tous les autres artistes lyriques de son pays. Sans être précisément un baryton Verdi, pour nous servir de l'excellente expression de Fauré, Betz brillait aussi dans le répertoire italien; il lançait les notes les plus élevées sans effort, et le paradis de l'Opéra berlinois trépignait et hurlait de joie comme un public italien quand Betz détaillait, par exemple, le grand air du comte Lima dans le Trouvère ou jouait la grande scène de Rigoletto. A Verdi il devait aussi sa dernière création importante, celle de Falstaff. Le répertoire français lui était tout aussi familier. Son Nélusco, de l'Africaine, était à juste titre célèbre; dans Guillaume Tell, il soulevait littéralement le public. Pendant sa longue carrière. Belz a chanté tous les grands rôles écrits pour baryton et basse chantante par les maîtres allemands, français et italiens. Don Juan et Falstaff marquèrent son répertoire au point de vue chronologique. Il était aussi un des meilleurs chanteurs d'oratorios et de lieder que l'Allemagne ait produits pendant la seconde moitié du XIXe siècle.
Il n'a jamais chanté dans des opéras aux États-Unis ou le Royaume-Uni, même s'il a chanté dans des concerts à Londres en 1882, au Crystal Palace sous la direction de Hans Richter, et en 1889. Le Musical Times (rapporté dans Rosenthal and Warrack (1979) p. 49) décrit son chant dans le concert de 1889 comme « toujours sans faille ». Betz était alors âgé de 54 ans. Cette même année, on put encore l'entendre à Bayreuth dans les rôles de hans Sachs et de  Kurwenal dans Tristan und Isolde. 
Par pure coquetterie pour s'en aller en pleine possession de ses facultés qui n'avaient pas encore baissé, Betz avait pris sa retraite de la scène en 1897. Il fut alors fait Kammersänger de l'Opéra d'État de Berlin. Franz Betz, qui était  marié à la soprano colorature Johanna Betz (1837-1906), ne devait pas jouir longtemps d'un repos et d'une fortune bien gagnés par une laborieuse vie uniquement vouée à l'art et rehaussée par une rare probité artistique: il est décédé le 11 août 1900 à Berlin et est enterré dans la même ville au Kaiser-Wilhelm-Gedächtnis-Friedhof.
La Revue d'art dramatique  d'Edmond Stoullig (publiée chez A. Dupret à Paris) reprend en juillet 1900 (pages 651 et 652) une appréciation formulée par Richard Wagner à propos de la façon dont Franz Betz avait résolu les difficultés gigantesques que lui imposait le rôle de Wotan au 2e acte de La Walkyrie: « Il ne s'agissait ici de rien moins que d'inventer de toute pièce tout ce qui avait trait à la diction ainsi qu'au maniement de la voix, des sons, et par suite de la langue elle-même, puis de le mettre en œuvre avec une intuition profonde des situations. Une préparation sérieuse d'un an éleva mon chanteur jusqu'à la maîtrise dans un style qu'il lui avait fallu créer pour répondre aux exigences de sa tâche. »  La revue  dit avoir emprunté la citation au  Coup d'œil sur les fêtes dramatiques de 1876 (texte dont nous n'avons pas retrouvé la trace).
Le quotidien Le Temps du 27 juillet 1933 relève dans un article consacré à l'inauguration du Musée Richard Wagner de Tribschen que Wagner lui avait dédié un manuscrit autographe, conservé par ce musée, celui du grand air de Hans Sachs au deuxième acte des Maîtres chanteurs. 
Sources principales de l'article: compilation de l'article nécrologique paru dans  Le Ménestrel du 19 août 1900, de l'entrée Franz Betz dans Wikipedia, citation d'un extrait de la revue d'art dramatique d'Edmond Stoullig.

Franz Betz dans la gravure et la photographie






Timbre réclame (après 1890): Franz Betz, ancien président 
de la Genossenschaft Deutscher Bühnen-Angehöriger


Wolfram von Eschenbach


Wotan

Richard Wagner à Bayreuth, reproduction du tableau de Papperitz*

Détail

*Richard Wagner in Bayreuth [de gauche à droite, au premier rang : Siegfried et Cosima Wagner, Amalie Materna, Richard Wagner. Derrière eux : Franz von Lenbach, Emile Scaria, Fr. Fischer, Fritz Brand, Herman Lévi. Puis Franz Liszt, Han Richter, Franz Betz, Albert Niemann, la comtesse Schleinitz, la comtesse Usedom et Paul Joukowsky / [reprod. photomécanique d'une peinture à l'huile de G. Papperitz]