[Critique] The Circle

Par Wolvy128 @Wolvy128

Les États-Unis, dans un futur proche. Mae (Emma Watson) est engagée chez The Circle, le groupe de nouvelles technologies et de médias sociaux le plus puissant au monde. Pour elle, c’est une opportunité en or ! Tandis qu’elle prend de plus en plus de responsabilités, le fondateur de l’entreprise, Eamon Bailey (Tom Hanks), l’encourage à participer à une expérience révolutionnaire qui bouscule les limites de la vie privée, de l’éthique et des libertés individuelles. Désormais, les choix que fait Mae dans le cadre de cette expérience impactent l’avenir de ses amis, de ses proches et de l’humanité tout entière.

Révélé par l’excellent Smashed en 2012, puis par le sympathique The Spectacular Now l’année suivante, le réalisateur et scénariste James Ponsoldt s’attaque cette année au thriller de science-fiction avec The Circle, adaptation du roman éponyme de Dave Eggers. Malheureusement, si le sujet – la frontière entre vie publique et vie privée face à l’évolution des technologies – se révèle absolument passionnant, le traitement reste totalement superficiel.

Sans revenir sur les nombreux clichés qui jalonnent le long-métrage, le plus gros défaut du scénario est effectivement de ne jamais traiter son sujet en profondeur, se contentant d’une lecture beaucoup trop naïve et simpliste de la problématique. Alors que le parcours de l’héroïne est pourtant étonnamment trouble, et aurait donc pu déboucher sur une véritable réflexion, ou au moins un semblant de débat. Or, dans le cas présent, les dérives de la technologie sont à peine évoquées, le film ne plébiscitant en fin de compte que ses bienfaits, parfois même à travers des motivations plus que douteuses. Ce qui aurait là aussi pu faire naître une belle réflexion, les protagonistes défendant bec et ongles une transparence totale au nom du savoir comme droit humain fondamental alors que leurs intérêts sont tout autres. Oubliant l’humain dans une problématique infiniment plus complexe que ce que le film nous montre, le script ne fait au final qu’effleurer son sujet, se montrant notamment incapable d’offrir un réel contrepoids à ce qu’il défend (ou dénonce selon le point de vue).

Une superficialité que l’on retrouve aussi dans l’écriture des personnages, tous se révélant sans épaisseur dramatique à l’exception de l’héroïne interprétée par Emma Watson. Un rôle de jeune femme intelligente et indépendante qui aurait pu lui convenir à merveille, mais qui ne lui offre malheureusement pas la moindre nuance de jeu. Malgré les épreuves qu’il subit, le personnage peine en effet à se remettre en question, adoptant pratiquement sans broncher toutes les suggestions de ses supérieurs. Ce qui ne favorise pas l’empathie à son égard et nuit grandement à la crédibilité générale du récit. D’autant plus qu’à ses côtés, l’ensemble du casting doit composer avec des personnages au mieux sous-exploités, au pire uniquement fonctionnels. Malgré le potentiel des figures incarnées par Tom Hanks ou John Boyega sur le plan narratif, les deux acteurs sont ainsi cantonnés à des rôles extrêmement secondaires, symbolisant à nouveau l’incapacité du film à traiter de manière globale et profonde sa problématique.

Sans être un naufrage total, The Circle est donc tout de même une véritable déception. Incapable de traiter en profondeur son sujet et d’exploiter intelligemment son brillant casting, le film ne dépasse jamais le cadre du thriller naïf, voire même un peu simpliste. Un constat particulièrement regrettable compte tenu de l’immense potentiel du récit.