Les ailes du singe, T1 : Wakanda

Par Belzaran


Titre : Les ailes du singe, T1 : Wakanda
Scénariste : Étienne Willem
Dessinateur : Étienne Willem
Parution : Juin 2016


Curieusement, j’étais passé à côté des « Ailes du singe ». Cette BD, avec son dessin anthropomorphique colorisé à l’aquarelle avait pourtant tout pour me plaire ! Étienne Willem, seul aux manettes, propose une nouvelle série se passant dans les années 30, en Amérique, juste après la crise. Polar, aventure, action et humour sont au rendez-vous. Avec quel résultat ? Le tout est publié chez Paquet pour 48 pages. Du grand classique !

Un singe vole au secours de sa belle.

Ce premier tome, « Wakanda », a la lourde tâche de lancer la série. On suit avant tout le singe du titre, Harry, un ancien pilote chevronné qui se retrouve au chômage. Il ne veut qu’une chose : voler. Mais avec la crise et son caractère épouvantable, difficile de trouver un job (et de le garder !). Autour de lui gravite sa copine Betty, une journaliste et Lumpy, son mécano italien.

« Wakanda » raconte l’histoire du lancement du dirigeable du même nom qui doit assurer la liaison transatlantique. Mais lors du voyage inaugural, tout ne va pas se passer comme prévu… Et Betty est à bord pour couvrir l’événement. N’écoutant que son courage (et son impétuosité), Harry va voler (au sens littéral comme figuré !) à son secours.

« Les ailes du singe » est très classique dans son genre. Mêlant humour (avec des personnages caractériels), aventure, polar, action débridée, il renvoie aux belles heures du franco-belge façon Dupuis. Dans sa façon d’appréhender les choses, on pense à une sorte de Spirou moderne, les allusions cochonnes en plus. Le dessin, très dynamique, renvoie lui aussi à l’école de Marcinelle, après un premier effet « Blacksad » dû à l’anthropomorphisme.

« Les ailes du singe » se construit donc en quatre bandes par pages, comme un rejet de la modernité. L’avantage est la grande densité de l’histoire. L’auteur a le temps de développer son histoire. Celle-ci se révèle intéressante et bien construite, puisque plusieurs surprises viennent émailler notre lecture. Le mélange aventure/humour est bien dosé, parsemé de science-fiction. Si j’ai d’abord acheté l’ouvrage pour son dessin, son scénario m’a séduit.

Le dessin est certainement la meilleure porte d’entrée pour cette série. L’anthropomorphisme au trait cartoonesque est maîtrisé. Par certaines expressions, on pense plus à Franquin qu’à Guarnido. Mais c’est surtout dans les scènes d’action que Willem montre toute l’étendue de son talent. L’auteur est en effet doté d’un trait dynamique de toute beauté. Avec les scènes d’avion, il se fait plaisir ! L’aquarelle donne une dimension supplémentaire à l’histoire. Si elle est douce au début du livre, elle a tendance à devenir un peu criarde sur certaines séquences finales. Est-ce l’auteur ou l’impression qui est en cause ? Si en lecture, cela ne saute pas aux yeux, en feuilletant le livre, un déséquilibré apparaît. Mais il ne faudrait pas bouder notre plaisir et on aime s’arrêter sur certaines cases pour profiter de la vue.

« Les ailes du singe » est une belle réussite. Le dessin est très réussi : expressif, dynamique… Et le scénario suit, dense et plein de surprises. L’auteur commence à poser les briques de son univers et prépare la suite. On découvre le passé des personnages par petites touches… Une belle découverte !