Ulysse 1781, T2 : Le cyclope (2/2)

Par Belzaran


Titre : Ulysse 1781, T2 : Le cyclope (2/2)
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Éric Hérenguel
Parution : Mai 2016


La présence de Xavier Dorison sur la couverture d’un album de bandes dessinées attire immédiatement mon regard. Depuis ma rencontre avec ce brillant scénariste au cours de ma lecture de la tétralogie Le troisième testament, je n’ai jamais cessé d’être captivé par les histoires nées de son imagination. Long John Silver, W.E.S.T. Asgard ou encore Undertaker sont, à mes yeux, de passionnants voyages littéraires. J’avais donc été naturellement curieux de découvrir sa nouvelle création, Ulysse 1781, lors de son apparition en librairie il y a deux ans. L’ouvrage était présenté comme la première partie d’un diptyque dont j’ai lu le dénouement hier soir. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur le second tome intitulé sobrement Le Cyclope (2/2).

L’Odyssée version 18ème siècle.

Pour présenter les enjeux de l’intrigue, je vous cite le texte présent sur la quatrième de couverture : « 1781, Yorktown. La guerre d’indépendance américaine vient de finir. Victorieux, le capitaine Ulysse McHendricks et son équipage s’apprêtent à rentrer chez eux. Mais, pour échapper aux Iroquois, ils doivent pénétrer dans la vallée interdite de Wishita. Peu importe qu’elle soit maudite. Pour Ulysse, il n’y a pas de légende qui tienne face à une balle de plomb et un sabre aiguisé. Il a tort… Un peau-rouge immense, un œil tatoué sur le torse, décime ses hommes et capture son fils Mack. »

En choisissant comme titre Ulysse 1781, les auteurs explicitent le point de départ de leur trame : immerger le mythe de l’Odyssée dans une époque différente. Le parallèle est évident car les indices faisant le lien entre l’histoire et la légende antique sont fréquents. Je me garderai de vous donner des exemples pour ne pas vous en gâcher la découverte mais malgré ma connaissance très succincte de l’œuvre d’Homère j’ai su saisir quelques allusions qui m’ont fait sourire. Malgré tout, ce concept scénaristique n’est pas un gadget. Il n’existe pas au détriment d’une trame qui serait bâclée. L’aventure menée par Ulysse est ses compagnons est dense et prenante. De plus, le choix de l’époque est intéressant car j’ai rarement eu l’occasion de m’y plonger. Cette immersion temporelle a accentué l’aspect dépaysant et mystérieux de ma lecture.

Comme je l’ai précisé en introduction, cet album est la seconde partie d’un diptyque. Il referme donc une boite qui avait été ouverte dans le tome précédent. Cet aspect fait que l’atmosphère qui l’accompagne est légèrement différente que celle qui entourait le premier opus. Ce dernier introduisait les personnages et le contexte. On voyait naître les enjeux au fur et à mesure que les pages défilaient. Le deuxième épisode est dénué de toute introduction. Il commence où s’est conclu le précédent et offre une lecture intense et rythmée. Les héros sont confrontés à un adversaire oppressant et mystique. Ils sont le gibier d’une chasse à l’homme dont il ne maîtrise pas grand-chose. La lecture est dénuée de temps mort car tout moment de répit pourrait être fatal à l’un ou l’autre des protagonistes. La dimension bestiale et guerrière d’Ulysse prend ici toute son ampleur. Il éveille à la fois de la fascination et de la peur. Tout au long de la cinquantaine de pages que contient le bouquin, on suit ses pas à un rythme effréné tout en gardant un œil derrière notre épaule, angoissé d’être attrapé par le monstre qu’abrite cette vallée.

Cette tension et cette curiosité qui accompagnent notre lecture sont évidemment sublimées par les dessins d’Eric Hérenguel. Je trouve que son trait s’en sort remarquablement pour donner vie à cette lutte sanguinaire entre Wishita et Ulysse. D’ailleurs, je trouve que son style est davantage valorisé lors des scènes intenses ou dramatiques plutôt que dans les rares moments plus calmes de l’intrigue. La gestion des moments nocturnes ou pluvieux est maîtrisée. Le travail sur les couleurs valorise d’ailleurs ces derniers. Je ne connaissais pas ce dessinateur et je dois bien dire que j’ai apprécié la rencontre.

Pour conclure, cet album conclut bien le diptyque Le Cyclope. L’agréable surprise est d’ailleurs de découvrir qu’il ne s’agissait que du premier cycle de la série qui en connaîtra donc d’autres. A priori, Ulysse McHendricks n’est pas près de rentrer à la maison et je dois bien dire que je suis curieux de découvrir ces nouvelles aventures. Le dénouement de ce tome éveille en tout cas bien des curiosités…