Ils marchaient dans les herbes de la haute prairie

Par Vertuchou

Ils marchaient dans les herbes de la haute prairie. Robert Jordan sentait

contre ses jambes le frottement des bruyères [...] et, dans sa main,

il sentait la main ferme et robuste de la jeune fille et leurs doigts mêlés.

De là, de la paume de cette main appuyée contre la paume de la sienne,

de leurs doigts entrelacés et du poignet qui touchait le sien,

quelque chose émanait, de cette main, de ces doigts et de ce poignet,

vers les siens, quelque chose d'aussi frais que le premier souffle

qui vient à vous sur la mer en ridant à peine sa surface miroitante,

d'aussi léger qu'une plume qui frôle votre lèvre ou qu'une feuille

qui tombe dans l'air immobile; une impression légère née du seul contact

de leurs doigts, mais qui s'exaltait, s'intensifiait tellement et devenait

 si insistant, si aigu et si fort par la pression de leurs doigts, de leurs paumes

 et de leurs poignets serrés l'un contre l'autre que le jeune homme

croyait sentir un courant lui monter le long du bras

et lui pénétrer le corps d'un poignant désir.

Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas


 

Partager cet article

Repost 0 &version; Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Vous aimerez aussi :

Étreindre l'être aimé Vinca l'attendait sur le pré de mer Lettre d'Edith Piaf à Louis Gérardin, alias Toto Ah ! j'ai baisé ta bouche

Emois

« Article précédent