Une vie de Maupassant, l'adaptation Manga - la chronique vivante

Publié le 29 septembre 2017 par 7bd @7BD
Série : Classiques Manga Titre: Guy de Maupassant Une Vie Auteurs : Variety Artworks (scénario et dessin) Editeur : Soleil Collection : Classiques Année : 2017 Pages : 192 Résumé : Jeanne retrouve dans une vieille malle un ancien calendrier. Elle se rappelle alors toute sa jeunesse. Retour plusieurs années en arrière : Jeune fille sortant du couvent, elle part avec ses parents habiter au Manoir des Peuples. Là, une nouvelle vie commence. Mais la vision imaginaire de Jeanne sur la vie vont se heurter au réel. Un beau jour, elle fait la rencontre du vicomte Julien de Lamare. Le courant passe et quelques mois après, le mariage est annoncé. Jeanne a tout pour être heureuse mais sa vie va prendre un autre tournant quand elle découvre que Julien n'est pas l'homme qu'elle attendait...
Mon avis : Les déconvenues de Jeanne font la trame de ce roman. La jeune fille va se cogner aux murs de la vie. Et l'apprentissage va être rude ! Tout démarre par un mauvais choix, celui de son mari. Mais qui aurait pu se douter que les choses tourneraient si mal ? Que derrière le gentil vicomte se dissimulait un homme sans amour... Aujourd'hui, les malheurs de Jeanne ne semblent pas si insurmontables, la solution ? Un divorce, merci et au revoir ! Mais à l'époque, au milieu du dix-neuvième siècle, pour une jeune fille n'ayant connu que le couvent, ce drame prend des proportions douloureuses.
Il faut reconnaître que le manga accélérant le déroulement de l'histoire, j'ai fini par ne plus compatir aux déboires de la pauvre Jeanne, qui a la larme tellement facile. Et quand Rosalie, sa sœur de lait, lui tire un peu les bretelles, c'est un soulagement pour le lecteur – et pour moi -. Car Jeanne va apprendre la vie en allant de malheur en déception. Son apprentissage va effectivement être très rude ! Si cette BD permet de faire connaissance avec l'œuvre de Maupassant, il soulève un petit défaut. Sur le roman, Jeanne peut se lamenter régulièrement, la prose littéraire étale la lecture dans le temps (notre temps à nous, pas celui du roman). Mais dans une BD, c'est toutes les dix pages qu'on a l'impression de la voir s'effondrer. Et cela, selon moi, nous éloigne de ce personnage. Ce qui, pour le coup, crée l'effet inverse à celui recherché par Maupassant (à moins que l'auteur voulait nous rendre cette pauvre femme ridicule, auquel cals, le manga renforce l'effet). Le récit se prête bien à cette adaptation. Mais comme pour les Misérables, adapté dans la même collection Classiques Manga chez Soleil, je trouve qu'il vaut mieux avoir lu le roman avant. Ainsi, vous profiterez pleinement de l'adaptation. Faire la démarche dans l'autre sens va vous donner l'impression que le roman n'avance pas, car vous connaîtrez déjà toute l'histoire. Enfin, je partage là mon expérience. Mais si s'initie apprend la vie, le lecteur s'initie , lui, à l'œuvre de Maupassant ! Et la transmission s'effectue autant dans la fiction que dans le réel. Les dessins nous replongent dans l'époque de Maupassant et les personnages, s'ils ont leurs gros yeux caractéristiques propices aux larmes (vous avez saisi que je parlais de Jeanne), restent quand même sobre. Ce que je veux dire, c'est que vous ne retrouverez donc pas l'humour manga avec les versions mini des personnages qui sautillent ou rougissent en faisant des grimaces. Cela permet de garder la force de l'intrigue et évite de caricaturer la peine de la pauvre Jeanne. Le choix de la couverture est émouvant. Jeanne, au travers d'une fenêtre, l'air triste, regarde vers nous. Comme si elle était cloisonnée derrière cette vitre. On ne peut s'empêcher de penser qu'elle regarde derrière elle sa propre vie qui défile. Mais Maupassant n'a pas voulu être foncièrement pessimiste dans cette histoire, et je vous laisse découvrir où l'espoir se niche dans ce recueil qui, sous sa forme manga, à la lecture plus rapide qu'un roman, accentue la tendance à nous rappeler aussi qu'une vie, ça passe vite... Si vous voulez plonger dans un mélodrame old school, vous pourrez découvrir avec plaisir cette adaptation de Maupassant. « Avec plaisir » est un grand mot car la vie de Jeanne n'a rien d'une partie de plaisir. Mais c'est aussi l'occasion de redresser le buste pour réaliser qu'on est peut-être moins malheureux qu'elle, et ainsi de savourer pleinement nos petits bonheurs. Et en complément, voici la Bande-Annonce de l'adaptation cinéma (on ne recule devant rien) :  Zéda croise Jeanne! David
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