Affaire Harvey Weinstein : l'hypocrisie de Hollywood

Publié le 17 octobre 2017 par 250673gc

Hollywood est le poumon mondial du cinéma. C'est ici que le septième art démontre qu'il est capable d'orfèvrerie, d'inventivité et d'audace. Pour plus d'un, il est ce lieu qui offre aux créateurs, aux producteurs, aux réalisateurs, aux acteurs les moyens de leur élévation professionnelle. Mais quand on a dit ça, on n'a pas tout dit. Car cet endroit - au demeurant sanctuarisé par les stars et leurs fans - est aussi un repaire de loups, de gros monstres. Pour qui tout devient prétexte à détruire des vies, à annihiler des ambitions.

Le célèbre producteur américain Harvey Weinstein (aujourd'hui voué aux gémonies) en est l'exemple éclatant. Voilà un homme qui, en raison de son pouvoir financier, de la prospérité économique de sa boite de production et du gigantisme de ses réseaux, était craint, adulé. Il pouvait élever et abaisser. De plus, il était un influent membre de l'académie des Oscars - qui vient de l'exclure.

Hollywood était sa chaumière dont il connaissait les ouailles, les us et coutumes et le langage.

Le hic est qu'il n'a pas compris que le charme d'une vie repose sur les limites qu'elle nous commande. Que l'on ne peut tout se permettre, a fortiori quand cela nous conduit sur le chemin du pouvoir, où des vies attendent de nous une attention, un soutien, une décision. Les inventeurs de la démocratie avaient raison d'ériger les contre-pouvoirs, chez Weinstein, il n'y en avait aucun. Seule comptait la satisfaction de ses pulsions.

Des pulsions qui ont fait tant de mal à des actrices aussi talentueuses que Rose McGowan, Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Emma de Caunes, Judith Godrèche, Asia Argento... Leurs témoignages, parus dans New Yorker et New York Times, la semaine écoulée, sont bouleversants. Elles ont révélé que certaines d'entre elles avaient été harcelées, agressées sexuellement et d'autres violées par Harvey Weinstein. Tout se passait à l'occasion des prétendus rendez-vous de travail, où le roi de Hollywood se jetait sur ses proies, dévoré par ses instincts bestiaux, son hystérie, sa goujaterie. Horreur ! Stupeur à Hollywood.

Ces sordides faits et gestes de Harvey Weinstein étaient pourtant bien connus par le milieu hollywoodien. Mais personne n'a voulu bouger ; on a préféré laisser prospérer pendant des décennies les fameuses lois de l'omerta et de la tartuferie au détriment des règles judiciaires. Celles qui auraient pu défendre à temps ces jeunes femmes victimes.

Guillaume Camara