Habiller le défunt : quelle marge d’action ?

Publié le 19 octobre 2017 par Daniel Leprecheur

Après avoir abordé la tenue à revêtir lors d’un enterrement, voyons ensemble comment habiller le défunt.

Costume d’apparat ou tenue casual ?

Le linceul n’étant plus de mise, on a coutume d’ensevelir les morts dans leurs plus beaux apparats : un costume élégant, une jolie robe etc. Longtemps on a rejoint sa dernière demeure vêtu de ses habits du dimanche, avec chaussures cirées, cravate et pochette. Certaines cultures imposaient même de changer les morts, comme ce fut longtemps le cas pour les familles bourgeoises palermitaines qui devaient revoir la garde-robe de leurs défunts momifiés entreposés dans la célèbre crypte des Capucins.

Aujourd’hui les mœurs évoluent et rien n’empêche de gagner l’au-delà dans la tenue que l’on affectionne le plus, avec jeans et T-shirt, en jogging, en tutu, habillé en libellule : nulle loi ne s’y oppose en théorie … hormis un souci de décence.

Reste à formuler ce souhait dans son testament ou à informer ses proches en prenant ses dispositions afin qu’ils exécutent ces ordres sans les trahir. On partira donc vers sa tombe dans le confort d’une vêture qu’on a appréciée, sans plus sacrifier aux diktats de la représentation sociale.

On peut par ailleurs être enseveli avec certains bijoux et colifichets fétiches, pour peu que ceux-ci ne revêtent pas une valeur suffisamment importante pour être inscrits dans le patrimoine à transmettre.

Contingences pratiques

Il faut néanmoins tenir compte de certains impératifs avant de jeter son dévolu sur une tenue extravagante. Difficile par exemple de tenir dans un cercueil en carton, habillé en crinoline, en robe à panier ou en armure.

Idem pour une panoplie de cosplayer avec ailes et maquillage, il faut savoir rester « raisonnable » et tenir compte des impératifs que constituent les dimensions du tombeau, le volume et le poids de la bière… et la difficulté que constitue l’acte même d’habiller un corps soumis à la rigidité cadavérique.

Les traitements de thanatopraxies ralentissent la décomposition certes mais ils ne stopperont pas le raidissement des muscles, interdisant ainsi les manipulations trop brusques ou compliquées. Les employés de pompes funèbres ont du reste une technique particulièrement pour vêtir les morts : ils vérifient d’abord l’état de propreté du cadavre, celle des habits, et leurs propres mains, opérant ensuite avec des gants pour ne pas souiller les effets.

Il s’agit de placer les habits à l’envers, de les enfiler d’abord par les bras afin ensuite de les passer par la tête avant de les remettre à l’endroit. Le corps ne sera pas retourné pour tirer chemise et veste, qu’on fera simplement coulisser. Il vaut mieux alors éviter les tenues comportant trop de boutons, extrêmement ajustées, ou coupées dans un tissu épais et difficilement malléable.

Impératifs de la crémation

Pas de faux pli ni de désordre, qu’il s’agisse d’un nœud de cravate ou d’un corsage, d’un polo ou d’un pantalon à pince, d’une jupe ou d’une robe : le défunt doit être impeccable dans son allure même s’il rejoint le tombeau ses charentaises favorites aux pieds avec sa salopette de travail, son pull camionneur et sa casquette chérie … excepté en cas de crémation.

Les normes imposées pour l’incinération interdisent, outre les pacemakers et les piles cardiaques, la présence de matériaux inflammables et toxiques qui dégageraient des vapeurs nocives ou augmenteraient les risques d’incendie : exit les peluches… le polyester et tous les tissus synthétiques, de même que les chaussures.

Il convient donc d’être prévoyant et de s’entretenir avec un conseiller funéraire en amont pour savoir quoi choisir dans son armoire … d’autant plus que la réglementation des cimetières varie elle aussi avec la prise de conscience écologique. De plus en plus de maires, soucieux d’endiguer la pollution qui ravage leurs terrains communaux, prohibent les substances dangereuses et les matériaux qui ne sont pas biodégradables. Cela implique les désherbants chimiques … et certains textiles issus de l’industrie. A vérifier donc dans le but d’éviter toute déconvenue.

La tendance du stylisme mortuaire ?

L’artiste Pia Interlandi