CHU Amiens : une chirurgie robotisée sur la colonne vertébrale d’un enfant

Publié le 21 octobre 2017 par Khaled Benokba

De la société Medtech, le robot chirurgien Rosa One développé depuis quelques années a permis la mise en place de vis ilio-sacrées (bassin) par chirurgie robotisée mini-invasive sur un enfant de 6 ans, souffrant d’une scoliose grave évolutive, alors que tout autre traitement n’était plus possible.

L’opération réalisée au CHU Amiens le 28 septembre a été un succès. Le petit garçon peut maintenant mieux respirer. Auparavant il restait allongé mais en position latérale uniquement, aujourd’hui, il peut s’asseoir et sa vie quotidienne commence à changer. Il peut parler face à ses interlocuteurs, mieux les regarder et “cela est une grande victoire” nous précise François Deroussen, chirurgien orthopédique pédiatrique à l’origine de ce projet.

Le dos du jeune patient a été reproduit et pendant des mois , les médecins ont pu répéter leurs gestes

Le dos du jeune Louis, âgé de 6 ans, a été reproduit et dans ce mannequin a été introduit une impression 3D de sa colonne vertébrale. Pendant un an les médecins, François Derrousen, Richard Gouron et Michel Lefranc et leurs équipes ont répété les gestes pour être le jour J, le plus précis possible.

Un mannequin reproduisant le dos du jeune malade a permis aux équipes de répéter pendant des mois les gestes réalisés le jour de l’opération – CHU d’Amiens

“Il s’agissait de poser des vis illio-sacrées et des crochets en haut du dos, reliées par des tiges cintrées pour redresser le dos. La pose des vis de sept millimètres de diamètre dans un couloir osseux de huit millimètres à proximité des racines nerveuses reste très complexe et rare, elles sont volumineuses au regard de la petite taille des os de l’enfant”, explique Richard Gouron, chef de service de chirurgie de l’enfant.

L’objectif de cette opération était de rendre la station assise à ce jeune garçon atteint d’une amyotrophie spinale infantile. Louis âgé de 6 ans souffre d’une maladie génétique au niveau de sa colonne vertébrale.

Le déroulement de la chirurgie 

Des tiges de croissance (par distraction électromagnétique) ont été posées sur le rachis de l’enfant avec le choix d’une fixation complexe mais parfaitement stable dans le bassin, détaille le centre hospitalier lors d’une conférence de presse le 9 octobre.

La stabilité est assurée grâce aux vis ilio-sacrées, solides et reconnues comme donnant une meilleure correction de l’obliquité du bassin. Elles évitent par ailleurs de bloquer certaines vertèbres qui peuvent encore grandir. Leur pose reste risquée et rare. D’une part ces vis sont volumineuses au regard de la petite taille des os de l’enfant (7mm de diamètre à poser dans un couloir osseux de 8mm), et d’autre part on se trouve à proximité des racines nerveuses. C’est donc là que le robot développé par la société montpelliéraine Medtech, rachetée par l’Américain Zimmer Biomet en 2016, intervient.

Pour répondre aux difficultés de l’opération et sa potentielle longue durée, pour la première fois sur ce type de chirurgie, le robot Rosa dans sa déclinaison Spine a été utilisé, explique l’hôpital universitaire. Allié à une simulation en 3D du traitement à réaliser, là aussi une première, l’opération a été fructueuse.

Fonctionnement du Robot Rosa One

Nous sommes en 2009, Medtech la start-up française spécialisée dans la robotique médicale, développe un robot, Rosa, dédié aux procédures crâniennes. Ce robot chirurgical à guidage laser, est capable d’assister le bras du neurochirurgien dans de délicates opérations du cerveau.

Les 3 médecins, auteurs de la première mondiale réalisée au CHU d’Amiens – CHU Amiens.

Un “GPS médical” à 300 000 euros, une plate-forme commune mais avec des softwares différents permettant de travailler soit le “crâne”, soit le rachis. En l’occurrence sa déclinaison Spine permet au chirurgien de planifier son intervention.

“C’est ce qui s’est passé à Amiens avec le rachis du patient représenté en images 3D”, constate Marie-Anne Péchinot, toute nouvelle directrice générale de Zimmer Biomet France.

En somme, une bonne planification préopératoire, aidée par des reconstitutions d’images en 3D, a permis durant l’opération de faire “matcher” les gestes du robot instruit des images préopératoires avec le patient en réel. “Le robot va aider à positionner avec beaucoup plus de précisions que la main les outils. Mais il n’a pas de vocation interventionniste”, précise la dirigeante. Rosa One ne remplace pas la main du chirurgien, il traque, il guide, et surtout le robot s’adapte en fonction des mouvements du patient et se repositionne en temps réel et en conditions réelles.

D’autres enfants malades vont bénéficier de ce savoir-faire

L’équipe qui a réalisé cette première mondiale au CHU d’Amiens – CHU d’Amiens

Quatre jeunes enfants vont pouvoir bénéficier de ce nouveau type de chirurgie dans les prochains mois.

Source : francebleu.fr – usinenouvelle.com