Un nouvel indice sur l'expédition disparue de La Pérouse

Publié le 26 octobre 2017 par Jann @archeologie31
Le comte de La Pérouse avait été chargé par le roi Louis XVI d'entreprendre un grand voyage d'exploration dans le Pacifique pour imiter les exploits du capitaine James Cook. Il quitta le port de Brest en 1785 avec deux frégates et un effectif de 225 officiers, marins et scientifiques. Mais, il ne revint jamais.
Le Dr Garrick Hitchcock, de l'Ecole de la Culture, Histoire et Langue de l'Université Nationale Australienne (ANU School of Culture, History and Language), pense que les derniers survivants du voyage de La Pérouse se sont échoués sur la Grande Barrière de Corail près de l'île Murray, au nord-est du détroit de Torrès: "le voyage de découverte de La Pérouse dans le Pacifique est reconnu comme l'un des plus important de son époque, que seul le travail de Cook arrive à rivaliser. Il reste un personnage très connu et respecté dans l’exploration scientifique du 18ème siècle."
Un désastre frappe la flotte de Vanikoro. Image: Musée maritime national, Greenwich.
Ce que l'on sait, c'est que les bateaux de La Pérouse, l'Astrolabe et la Boussole, se sont échoués à Vanikoro, une petite île de l'archipel des îles Santa Cruz dans les îles Salomon. Les survivants atteignirent le rivage et passèrent plusieurs mois à construire un petit engin à deux mâts, en utilisant du bois récupéré de l'épave de l'Astrolabe. Une fois terminé, ils lancèrent le navire dans le but de retourner en France.
"Ce qui est advenu de ce bateau et de son équipage, désespérant de retourner en France, est toujours un mystère" ajoute le Dr Hitchcock. Lors d'une recherche sur un projet relatif à l'histoire du détroit de Torrés, il est tombé sur un article publié dans un journal indien de 1818, Le Courrier de Madras.
D'après lui, le journal révélerait ce qui est arrivé aux survivants. L'article rapporte l'histoire de Shaik Jumaul, un marin indien qui a survécu au naufrage du navire marchand Morning Star détruit au large de la côte nord du Queensland en 1814. Jumaul se rendit sur l'île Murray, où il a vécu pendant quatre ans, apprenant la langue et la culture des insulaires. Il fut finalement secouru par deux navires marchands passant dans la zone en 1818.
Jumaul informa ses sauveteurs qu'il avait vu des coutelas et des mousquets sur les îles qu'il reconnaissait comme n'étant pas de fabrication anglaise, ainsi qu'une boussole et une montre en or. Lorsqu'il demanda aux insulaires où ils avaient eu ces objets, ils racontèrent comment environ trente ans plus tôt, un navire s'était échoué sur la Grande Barrière de Corail à l'est, en vue de l'île. Des bateaux avec équipage sont arrivés à terre, mais dans les combats qui ont suivi, tous ont finalement été tués, à l'exception d'un garçon, qui a été sauvé et élevé comme l'un des leurs, puis a épousé une femme locale.
Or, la liste de l'équipage de l'expédition de La Pérouse comprenait un mousse, un jeune apprenti marin, François Mordelle, de la ville portuaire de Tréguier en Bretagne. Aussi, le Dr Hitchcock se demande si Mordelle ne serait pas le dernier survivant de l'expédition de La Pérouse.
"L'article de journal indien présentant le rapport du naufragé a été reproduit plus tard dans plusieurs autres journaux et périodiques de l'époque, en Australie, en Grande-Bretagne, en France et dans d'autres pays, et les observateurs avaient noté que cela pouvait concerner l'expédition La Pérouse." rapporte le Dr Hitchcock, "D'une certaine manière, l'histoire de Shaik Jamaul a été par la suite largement oubliée"
Jean-François de Galaup Comte de La Pérouse. Photo: Wikipédia
Alors qu'un livre publié en 2012 en France se réfère brièvement à cet article de journal et le considère comme non fiable, le Dr Hitchcock pense autrement: "La chronologie correspond, car c'était trente ans plus tôt, en fin 1788 ou début 1789 que les survivants de La Pérouse quittèrent Vanikoro dans leur petit bateau. De plus, les historiens et archéologues marins ne connaissent aucun autre navire européen se trouvant dans cette région à ce moment-là. Cela signifie que c'est le plus ancien naufrage connu dans le Détroit de Torrés, et donc, dans l'est de l'Australie. Il se pourrait bien que la dernière phase de l'expédition La Pérouse se soit terminée brutalement au nord de l'Australie. La récupération future d'objets provenant du site de l'épave sur la Grande Barrière de Corail ou des îles, devrait apporter une confirmation."
La région du Détroit de Torrés, qui comprend la partie nord de la Grande Barrière de Corail, est parsemée de récifs, de rochers et de bancs de sable, et est considérée comme un «cimetière d'épaves». Plus de 120 bateaux s'y seraient échoués.
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