ENCENS, MARBRE ET BRUYÈRE (mon deuxième poème de la Toussaint et du jour des Défunts)

Publié le 01 novembre 2017 par Christian Cottet-Emard


Encens

I

Au son de l’orgue dans l’encens je vois monter la maison d’enfance

Elle s’élève avec les miens que j’ai connus et les autres qui m’ont parlé à travers eux

La maison en pierres et en mots avec son coffre-fort qui s’ouvrit à la fin sur quelques emprunts russes

Le jardin la voie ferrée la marquise de la gare l’autorail l’encens les soulève

Il prend aussi le petit square avec son lampadaire

Tout ce qui veut peser compter durer l’encens m’aide à le voir encore un peu puis il l’emporte dans les airs

II

En moi cette âme grise et tiède attirée par le reflet d’un vitrail ou le halo d’un cierge

Aussi je veux l’encens pour elle qui s’en ira

Dans l’adieu je veux l’encens léger au lourd parfum qui monte vers les voûtes immobiles de la dernière forêt

Quand frémissent à peine ses volutes après qu’aient battu très loin les ailes de l’Ange accompagnateur en des régions dont nul vivant ne peut avoir idée

Et qu’une voix dira Adieu, mais pas pour toujours

Marbre

Comme une feuille de carnet par terre où l’on a écrit des noms et des dates

Cette page ne prend ni le vent ni la pluie c’est ce que j’attends d’elle

Moi sous le ciel

Qui ne suis pas dans le secret des cieux

Bruyère

Quand les mots ont cédé à l’encens et au marbre il reste un geste

La bruyère trouvée sur le marché d’automne où l’on vendaussi aux vivants distraits des bouquets d’immortelles

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2017

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