Monument aux Vivants (Nov.17)

Par Montaigne0860

Au milieu du village sous l'arbre de la liberté

Lisant leurs noms sur le marbre griffé des décennies

Je redoute de lire le mien propre

Mais non dis la voix de Paix c'est fini

Ça bat sous ton pull

A gauche

Ici pourtant sous mes yeux un presque homonyme

Avec sans doute femme ceinturons enfants habitudes marteaux préjugés tournevis pinces coupantes

Et obéissance à la loi et colères justifiées et chansons préférées et messes du dimanche

Habitudes rituels

Je te vois je te nomme je t'appelle

De ma voix fort banale couverte par le raclement des bennes lestées de betteraves

Laissez-moi lire je vous prie

Laissez monter de mes lèvres vivantes

La buée qui se mêle aux brumes de novembre

Chaque syllabe de vos noms évoque un être de sang

Qui vénérait la vie

Moi vivant promis

Il n'y aura pas d'oubli

Toi et toi mes amis

Et parfois miracle l'un d'eux me répond

Même prénom que moi quelle joie

Sa mère son père l'appelèrent comme on le fit de moi et le silence en est allégé

Un vrai dialogue s'installe au goudron de la place

Monument le mot le dit

C'est ce qui reste quand on va tout oublier

Cela demeure je suis là

Souvenir vivant très présent

Qui reviendra vous saluer toujours.