Semaine OTT : Lore/ Future Man (2017)

Publié le 26 novembre 2017 par Jfcd @enseriestv

Lore est une nouvelle série de six épisodes qui ont tous été mis en ligne à la mi-octobre sur le site d’Amazon. Chacun d’entre eux est basé sur des faits réels à connotation horrifique, la plupart attisés par la superstition humaine. Du côté de Future Man, les 13 épisodes ont été rendus disponibles sur la plateforme de Hulu un mois plus tard. Le titre fait référence au personnage principal, Josh Futturman (Josh Hutcherson), un concierge dans une entreprise pharmaceutique qui voit sa vie changer du tout au tout lorsqu’il fait la rencontre de Tiger (Eliza Coupe) et Wolf (Derek Wilson) ; deux jeunes adultes venus d’une époque lointaine qui le recrutent pour sauver l’avenir de la planète en raison de qualités qui restent encore à prouver. Dans les deux cas, on s’amuse à mélanger le plus de genre possible : au niveau du mode de narration dans celle d’Amazon et au niveau du scénario pour celle d’Hulu. C’est la première qui remporte aisément son pari, tandis que la seconde, en plus d’être maladroite sur ce point manque terriblement d’inspiration.

Lore : fiction documentée… ou l’inverse

Dans le premier épisode, on s’intéresse aux superstitions qui ont cours à la fin du XIXe siècle concernant les morts et ceux que l’on enterre… peut-être trop hâtivement. Justement, nous sommes en 1880 en Nouvelle-Angleterre et le patriarche George Brown (Campbell Scott) est affligé par la perte de sa femme puis deux de ses filles et éventuellement l’un de ses fils. Les voisins étant certains que le diable se cache parmi l’un de ces morts, il est décidé d’aller ouvrir toutes leurs tombes et de brûler leur cœur. Dans le second épisode, quelques décennies plus tard on suit le Dr Walter Freeman (Colm Feore) dans ses recherches plus qu’aléatoires sur les lobotomies dans le but d’éradiquer la folie. Dans le troisième, nous sommes transportés chez une famille irlandaise alors que Mihael Cleary (Cathal Pendred) est persuadé que sa femme Bridget (Holland Roden) est otage d’un démon qu’il exorcise à sa propre manière.

Lore à la base, c’est un podcast qui a connu beaucoup de succès, mais qui maintenant prend avantage du visuel pour mettre un peu plus de chaire autour de l’os. La plus-value est sans contredit la bienvenue dans ce cas puisqu’on mélange habillement fiction, documentaire, images d’archives et animation. Cette dernière est utilisée notamment dans l’introduction du pilote de façon très artistique tandis que les découpures de journaux et photos d’époque nous rappellent constamment les bizarreries (le mot est faible) de nos ancêtres. Sinon, chaque épisode a ses particularités qui le rend unique. Dans le premier, c’est de découvrir qu’un fait réel est à l’origine d’un des plus célèbres mythes littéraires : Dracula étant donné que les péripéties des Brown, racontées en long et en large ont traversé l’Atlantique et ont inspirées nul autre que Bram Stroker pour son reconnu monstre. La semaine suivante, c’est moins la trame principale qui nous fascine que toutes les petites capsules qui viennent entrecouper le récit initial alors que l’on revient sur des cas de folie notoires comme celui de Rosemary Kennedy. Quant au troisième épisode, l’histoire est plutôt symbolique. En effet, il suffisait pour une femme d’être un tant soit peu indépendante pour qu’on se mette à la taxer de tous les maux.

Ironiquement, au final, c’est le volet fiction qui colle le moins bien à l’ensemble. On a beau se servir du noir et blanc ou du sépia, la recréation des scènes évoquées par le narrateur est assez banale et prennent beaucoup trop de place. Les épisodes durant entre 39 et 45 minutes, on aurait bien pu les amputer à ce niveau ou à la limite s’en passer, tout comme l’émission Hidden Killers de BBC Four dont Lore s’est probablement inspirée et qui est tout aussi captivante.

Future Man: un peu rétrograde

En dehors de ses heures de travail, Josh passe le plus clair de son temps devant son jeu vidéo ; le Biotic Wars et un jour, il se rend à un niveau là où aucun autre n’a réussi. C’est dans ces circonstances que Tiger et Wolf effectuent un voyage dans le temps chez lui, convaincus qu’il s’agit d’un guerrier exceptionnel. C’est qu’ils viennent d’un futur où le chaos règne et ce serait les recherches sur l’herpès du Dr Kronish (Keith David) qui en seraient responsables. Ensemble, ils retournent donc en 1969 pour éviter qu’il ne l’attrape, mais la tâche est ardue étant donné le manque de discrétion des acolytes de Josh qui n’ont aucune notion sur la façon de se comporter en société. Dans le troisième épisode, ils croient avoir réussi leur mission, mais non et ils se résolvent à tuer le coupable, en admettant que ce soit bien lui…

Le problème avec Future Man est d’abord et avant tout le timing. C’est que le sujet a été exploité sur presque tous les networks durant la saison 2016-017 avec des résultats mitigés et cette nouveauté d’Hulu n’apporte pas vraiment d’eau au moulin. On a par exemple droit à quelques exemples où leurs actions en 1969 changent quelque peu le cours du temps, mais comédie oblige, on préfère mettre l’emphase sur les combats déclenchés par des broutilles.

Pourtant, dans un thème parallèle, on détenait un bon filon : les jeux vidéo. C’est qu’à la base Tiger et Wolf, choisissent Josh en croyant qu’il est un guerrier extraordinaire, mais ils frappent rapidement un mur comme en témoigne ce dialogue intéressant entre les deux partis : « (T&W) “Aren’t people who play video games supposed to embody the skills of their online personas?” (J) “No, no, it’s the complete opposite.” (T&W) “Why would anybody play video games if you could just do a bunch of really cool shit in real life? I don’t understand. In our time, video games are training simulators that hone the skills of elite soldiers.” (J) “Oh, no, yeah, not in our time. No, it’s like purely escapism, recreation.” Non seulement ce quiproquo est vite balayé sous le tapis, mais en plus, on exagère les relations entre les deux partis provenant de différentes époques. Wolf et Tiger n’ont pas la moindre notion de base sur comment se comporter en société, ce qui est difficile à avaler et lassant à la fin.

On se demande si Nielsen après avoir annoncé comptabiliser les cotes de Netflix fera de même pour des services équivalents tels Hulu et Amazon. En tous les cas, pour les deux séries qui nous intéressent, on retient surtout le manque d’écho du côté des médias alors qu’on a l’impression qu’elles sont complètement passées sous le radar. La disproportion est frappante avec les nouveautés de Netflix et la guerre de popularité semble déjà gagnée d’avance.

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