Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 4-5-6

Par Blackout @blackoutedition

Photo de Simon Woolf

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 4

Luc finit par se pointer, avec son éternel parka de sécurité noir en cordura, dont la triple épaisseur rugueuse le protégeait du froid et des coups de surin. Un manteau énorme, qui lui donnait une allure de titan, et dans lequel il pouvait fourrer sa gazeuse fétiche, une matraque télescopique, une lampe torche « SWAT Police », sa flasque à whisky en inox, un vagin en plastique, une tondeuse à gazon, un jambon de rhinocéros ou je ne sais quelle autre connerie tout droit sortie de la barbe de Capitaine Caverne. Il était trois heures et des brouettes, notre tour de garde était terminé depuis belle lurette. Je levai une dernière fois mes mirettes au-dessus des toits métalliques de la Peuge afin de tâter le pouls de la lune, qui avait été engloutie sous une mer de nuages lourds d'ondes de tempête. Derrière cette mousse de matelas grisâtre et putride, la cymbale en cloque était endormie, grosse d'emmerdes à naître après un nouveau mois de gestation.

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 5

Elle était là tous les week-ends sans exception, même en cas de cataclysme apocalyptique, à se torpiller le caisson jusqu'à la mort. Un astéroïde aurait pu s'écraser sur la carrée d'à côté qu'elle ne s'en serait même pas rendu compte. La moitié de sa vie de poniffe s'écoulait entre les quatre murs de la grande salle à faire des allers-retours entre les trois points stratégiques du nightclub : le bar, le dance-floor et les chiottes. Quant à l'autre moitié de son existence cirrhosée d'épeire rachitique, elle la passait à se faire endindonner par toute une chiée de gorets pleins comme des boudins, dans les replis sombres et cachés des vignes du seigneur.

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 6

Je me magnai de retourner sur les lieux de la rixe et là, je constatai que ça cognait dur. Régis et Gilles étaient déjà en train de faire le ménage, mais il restait une dizaine de mecs en train de se chicorer sur le dancefloor. Mon sang ne fit qu'un tour, alors je courus et me retrouvai comme un teubé, forcé de m'arrêter à deux pas de la mêlée à cause de ce putain de stroboscope et de cette saloperie de canon à fumée. Je caltais rien, envahi par une sorte de frénésie hallucinatoire. Ébloui par de brefs surgissements de bras qui volaient dans tous les sens, je pénétrai dans le brouillard avec précaution histoire d'y voir plus clair. Objectif : identifier des cibles. Mais voilà que je butte sur le dos d'un type planté là comme un pommier dans un champ, les bras ballants. Il se retourne et me pointe un visage inhumain, complètement défiguré par d'innombrables plaies béantes qui pissaient le sang à robinets ouverts. Ce godichon manqua de s'étouffer : « Ahiouglais... Beuuuuuurgl... Ahééou ! Beuuuuuuurgl... Ahééou ! Ahiouglais... » Je pense qu'il me demandait de l'aide… Sauf qu'en baragouinant ses conneries, ce manche à couilles m'arrosa de sang, me giclant sa raisiné à la tronche façon karcher. Ma bouche ouverte de curé de campagne dégusta l'immonde crachat de son hémoglobine chaude, âpre et épaisse comme du foutre. J'eus un haut le cœur et me pliai en deux pour gerber.

Tweeter

Suivre @blackoutedition

© Black-out