Un monde de plis, exposition des oeuvres de Simone Pheulpin, dans la chapelle expiatoire, à Paris

Publié le 10 décembre 2017 par Onarretetout

Simone Pheulpin plie et pique et plie. Dans son nom, je trouve les lettres de « pneu » : on nous dit qu’enfant elle « a beaucoup joué dans des manufactures textiles vosgiennes produisant les tissus utilisés pour la fabrication de pneus automobiles ». Dans son nom aussi, je lis les lettres de « pli ».

Des milliers et des milliers d’épingles invisibles tiennent ensemble des bandes de coton écru dont on oublie que c’est du tissu tant on y voit du marbre, de la pierre, du bois, des coquillages, des os même, des formes étranges et familières à la fois. Des plis, serrés qui donnent une impression de souplesse. Des plis qui sont assemblés selon une technique unique, sans dessin et pourtant pas sans dessein. Le tissu se soumet, parfois résiste, parfois oblige l’artiste à modifier le plan qu’elle avait dans la tête. Depuis trente ans, Simone Pheulpin réalise des oeuvres extraordinaires qu’on peut voir en ce moment dans la chapelle dite expiatoire, à Paris. Oubliant la destination de cette chapelle, on regarde les plis envahir les murs, la coupole, les voûtes, les placards de ce qui fut la sacristie et le mystère du travail humain, du travail d’une femme emplit nos regards.