Politique de rigueur : les retraités les plus modestes au régime comme tout le monde [Actu]

Publié le 12 décembre 2017 par Jyj9icx6

La rigueur ne cède rien, dit le gros titre

Le Gouvernement argentin fait voter actuellement le plan de financement de sa politique sociale et il y applique la même rigueur qu'il a mise en place depuis deux ans pour payer l'endettement du pays qui, malgré la cruelle expérience de la faillite nationale en 2001, a récemment procédé à de nouveaux emprunts sur le marché international (1).
Les retraités seront soumis à des baisses de leurs maigres avantages. La revalorisation des minimums  vieillesse et des montants des allocations sociales passera de 12% (le taux légal qui aurait dû être appliqué) à 5% au-dessus de l'inflation, dans un pays où celle-ci se situe aux alentours de 25% l'an. Le gouvernement a distribué aux parlementaires de sa majorité des fiches avec les éléments de langage pour le débat comme pour la  presse, comme cela se pratique désormais sous toutes les latitudes, et tout ce beau monde explique donc que, grâce à cet écheveau de mesures très compliqué, le pouvoir d'achat des anciens les plus pauvres croîtra de 2,2% net à la fin de l'année 2018, grâce aux allocations. Du côté des pensions elles-mêmes, elles connaîtront quatre relèvements successives l'année prochaine : 5,7% en mars, puis 5,6% (environ) en juin, puis 4,7% en septembre et enfin 4,2% en décembre, des taux qui restent indicatifs et ne sont pas garantis. Selon le gouvernement, il s'agirait en tout de 21% sur l'année, soit 5% au-dessus de l'inflation escomptée par les analystes privés, que le gouvernement préfère aux organismes publics, comme l'INDEC et le BCRA (2). Tout cela pour que le système d'assurance-vieillesse soit sauvé de la faillite, grâce à un schéma durable, et que l'inflation soit finalement vaincue. On attend de voir car les politiques de rigueur n'atteignent jamais ces objectifs louables quand elles ne coïncident pas avec un retournement favorable de conjoncture générale, or, depuis deux ans, on guette en vain en Argentine les signes d'une sortie de crise et d'une progression des investissements, que ce soit de capitaux nationaux ou étrangers.

La Nación préfère analyser le petit jeu politicien
des alliances au sein de la chambre basse
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En parallèle avec cette politique de rigueur sociale, le gouvernement affirme qu'il entend améliorer le système de santé et l'éducation nationale. Or l'adoption de mesures néolibérales se traduit toujours, à court ou moyen terme, que le pays soit industrialisé ou non, par une baisse de la qualité en matière de santé, de culture et d'éducation publiques. D'ailleurs, Página/12 dénonce ce matin qu'il n'y aura pas de nouveaux crédits pour l'INCAA, l'institut du cinéma et des arts audiovisuels, l'organisme public qui soutient la création cinématographique et télévisuelle.

Pour aller plus loin : lire l'article de Página/12, très hostile à ces mesures lire l'article de La Nación, qui présente les choses sous un angle beaucoup plus favorable.
(1) Il faut aussi noter qu'il y a deux ans, lorsque le nouveau Congrès a ouvert sa session, l'une des premières mesures qu'ont prises les élus a été de revaloriser, très généreusement, leurs propres indemnités parlementaires, alors que la majorité parlait déjà de mettre tout le monde au régime sec, pour remédier à l'état désastreux des finances laissé par le gouvernement précédent, tout cela au nom de l'orthodoxie néolibérale. (2) L'Indec est l'institut des statistiques et des recensements et le BCRA est la banque (banco) centrale de la République argentine, l'autorité monétaire nationale.