Discographie sélective : 1977, entre colère et poésie

Publié le 12 décembre 2017 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Suite à ma discographie sélective de 1967, je me suis dit que c’était une bonne idée de faire une discographie sélective pour les autres classes 7. Le problème est que j’ai eu cette idée 20 jours avant le 1er janvier 2018 et que je dois déjà faire mon bilan de 2017. Tant pis, je tente le coup.

Nous allons donc poursuivre avec l’année 1977, année assez dichotomique s’il en est, tant l’écart entre la variété française et internationale est en décalage. En effet, si à l’international, le disco, le funk et le punk font la loi, en France, la folk bucolique et une forme de pop tiennent encore la dragée haute. Justement, contrairement à 1967, le rapport musique française/musique internationale sera plus équilibrée dans ce digest.

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1 – Francis Cabrel – Les murs de poussière (non précisé)

Premier album du troubadour d’Astaffort, produit à la suite du repérage de l’artiste par la maison de disques CBS lors d’un festival à Toulouse, il passa inaperçu au moment de sa sortie, malgré les tubesques Petite Marie et Les murs de poussière. Cela ne l’empêcha pas non plus à l’album de faire son petit bonhomme de chemin, puisqu’il s’est vendu à plus de 300.000 exemplaires à l’heure actuelle.

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2 – The Clash – The Clash (avril)

Si ce premier album paraît violent à sa sortie – au point d’être interdit aux Etats-Unis à cause du titre I’m So Bored with the USA –, il est pourtant symptomatique du gain de popularité de la scène punk sur le territoire britannique, alors qu’il se développe en sous-main depuis au moins deux ans, à l’image de ce qui se fait dans le genre à New-York. Une version « expurgée » – sans I’m So Bored with the USA, mais avec une reprise d’I Fought The Law de Sonny Curtis – sera proposée au marché américain en juillet 1979, avant la sortie du mythique London Calling.

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3 – Bob Marley and the Wailers – Exodus (juin)

Après la tentative d’assassinat dont il a été victime en date du 3 décembre 1976, Bob Marley décida de s’exiler pendant un an à Londres. C’est dans ce contexte que fut enregistré non seulement cet album, mais aussi Kaya qui sortira l’année suivante. Moins reggae et plus rock que les albums enregistrés en Jamaïque Natty Dread (1974) et Rastaman Vibration (1976), il fait une carrière honorable dans les charts américains, sans pour autant atteindre les ventes de Rastaman Vibration. Ce n’est qu’après la mort de Marley que l’album a été redécouvert et qu’il est devenu aujourd’hui l’album le plus vendu de l’artiste, au point de devenir l’album le plus important du XXe siècle selon le Time en 1998.

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4 – Iggy Pop – Lust For Life (septembre)

A l’instar de son ami David Bowie, qui vient de remixer Raw Power des Stooges tant bien que mal, et tous deux en proie à la toxicomanie, ils décident de quitter Los Angeles pour Berlin. Pour tous les deux, cela représente une période extrêmement créative de leur carrière, car chacun sortira de cette expérience avec une trilogie d’albums enregistrés et/ou sortis en 1977. En ce qui concerne Iggy Pop, il s’agit de The Idiot (enregistré au château d’Hérouville), Lust For Life plus apaisé et qui connut donc un meilleur succès, et TV Eye Live (1978), déclamé 3e volet de la trilogie par la maison de disque RCA.

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5 – Renaud – Laisse béton/Place de ma mob (octobre)

Après Amoureux de Paname (1975), où il impose un discours politiquement marqué avec des titres tels que Société, tu ne m’auras pas, Camarade bourgeois ou Hexagone, Renaud décide d’être un peu plus soft sur les sujets politiques, mais préfère dépeindre une banlieue qui déborde sur le XIVe arrondissement (Le Blues de la porte d’Orléans) et sa société. C’est avec ce genre de chansons que ce fils d’éditeur/traducteur s’est construit une très belle réputation de zonard.

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6 – David Bowie – « Heroes » (octobre)

Dans le même contexte que The Idiot et Lust For Life pour Iggy Pop, David Bowie enregistra dans sa fuite qui le mena à Berlin Low, « Heroes » et Lodger. En collaboration avec Brian Eno, il écrit alors l’un de ses plus grands albums, qui contient également des chansons en langue allemande, faisant référence au Berlin-Ouest d’alors.

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7 – The Sex Pistols – Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols (octobre)

1977 aura été l’année de l’explosion du punk au niveau mondial, notamment grâce à l’unique album d’un boys band monté de toutes pièces par ce génial et peu scrupuleux homme d’affaires qu’était Malcolm McLaren. Et, à l’image du bordel qu’était le groupe, tant la construction de l’album que sa production et sa négociation à l’international ont été chaotiques. Malgré tout, Never Mind The Bollocks… reste un album cohérent – peut-être parce que Steve Jones et Glen Matlock ont tenu la basse à la place de Sid Vicious sur la plupart des titres – et même extrêmement équilibré, chose que l’on ne peut pas dire d’un album des Ramones, par exemple. Rien que pour cette particularité, Never Mind The Bollocks… mérite d’être écouté dans son ensemble.

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8 – Jacques Brel – Les Marquises (novembre)

C’est le treizième et dernier album de l’artiste, après neuf ans sans chansons inédites, une carrière dans le cinéma, une reconnaissance aux Etats-Unis au début des années 1970 avec la traduction de certaines chansons, et enfin un tour du monde en voilier entamé en 1974 après l’annonce de son cancer du poumon. Il présente Jacques Brel nourri de ses pérégrinations sur son voilier (avec notamment la collaboration de Caetano Veloso), mais aussi de ses réflexions autour de la vanité du monde, étant déjà à un stade avancé de sa maladie – il enregistre avec un demi-poumon en moins et le deuxième irradié, ne se limitant qu’à une prise par chanson et deux chansons par session d’enregistrement.

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9 – Téléphone – Téléphone/Anna (novembre)

Enregistré en dix-sept jours a l’Eden Studio de Londres, ce premier disque consacre le succès grandissant du groupe composé en date du 12 novembre 1976 et qui, depuis un an, enflamme le métro et les premières parties diverses. Ayant obtenu en 1977 un contrat de trois albums avec Pathé-Marconi, le premier album se vend à 30.000 exemplaires en quelques mois, ce qui est un bon score pour un groupe débutant. Encore très inspirés par les pionniers du rock et les Rolling Stones, c’est le premier groupe de rock français qui arrive à un tel niveau de notoriété à une époque où il n’était pas en odeur de sainteté.

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10 – Alain Souchon – Jamais content (décembre)

Troisième album d’Alain Souchon, après J’ai dix ans (1974) et Bidon (1976), il répond au premier succès de son alter ego compositeur Laurent Voulzy, qui cartonne la même année avec Rockollection. Il contient des tubes aussi emblématiques que la chanson-titre, mais aussi Y’a d’la rumba dans l’air, Allo maman bobo et 18 ans que j’t’ai à l’œil.

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A bientôt pour l’année 1987.