Song to Song

Par Tinalakiller

réalisé par Terrence Malick

avec Rooney Mara, Michael Fassbender, Ryan Gosling, Natalie Portman, Cate Blanchett, Holly Hunter, Bérénice Marlohe, Val Kilmer, Lykke Li, Austin Amelio, Tom Sturridge, Iggy Pop, Patti Smith...

Drame, romance, musical américain. 2h08. 2017.

sortie française : 12 juillet 2017

Une histoire d'amour moderne, sur la scène musicale d'Austin au Texas, deux couples - d'un côté Faye et le chanteur BV, et de l'autre un magnat de l'industrie musicale et une serveuse - voient leurs destins et leurs amours se mêler, alors que chacun cherche le succès dans cet univers rock'n'roll fait de séduction et de trahison.

Je connais encore mal la filmographie de Terrence Malick mais le peu de longs-métrages que j'ai pu voir de sa carrière m'avait clairement emballée. Cela dit, je ne m'étais pas encore attaquée à sa dernière " trilogie " (les deux premiers étant A la Merveille et Knights of Cup). Ce Song to Song (que j'ai rebaptisé de mon côté Baise to Baise - ceux qui l'ont vu comprendront) ne m'a pas du tout encouragée à regarder l'ensemble de cette trilogie. Certes, un certain talent de Malick, toujours aidé par une formidable équipe technique, est toujours détectable. La photographie (le triple oscarisé Emmanuel Lubezki est de la partie) est évidemment sensationnelle, sublimant autant les protagonistes que les décors. Mais cela va même au-delà d'une simple question esthétique.L'esthétique, qui se marie avec les choix de montage ou de narration, a pour butde faire sortir quelque chose, que ce soit pour les protagonistes ou les spectateurs, qui serait plutôt dans l'ordre de l'expérience, des sensations vertigineuses, du primitif ou encore l'exaltation des sens.Cela dit, j'ai beau comprendre la démarche du cinéaste, je n'y ai pas du tout adhéré (traduction : j'ai profondément détesté). Certains diront que nous sommes face à une oeuvre philo-existentialiste-poétique, pour ma part, j'étais tout simplement exaspérée ! Comment Malick peut-il autant se caricaturer ? Lui qui réalise des films si profonds, comment a-t-il pu réaliser une oeuvre aussi superficielle malgré toutes les bonnes intentions derrière ? Faisons un bref résumé de ce qu'on voit et entend à l'écran, qui peut déjà expliquer en partie mon exaspérations : des rockstars qui vivent dans le luxe, l'ennui, le malheur et le sexe (il n'y a pas plus cliché que ça), du sexe justement à tout bout de champ (avec des partouzes, des prostituées et tout le reste parce que vous comprenez : ce sont des rockstars) et le tout raconté sur une putain de voix-off insupportable comme dans les pubs Guerlain et co (du style " je chuchote des citations qu'on poste sur Facebook sur mon âme trop sombre "). Pire, le film s'étire sur plus de deux heures sur un montage fragmenté et sans réelle narration : ça donne encore plus l'impression de subir une interminable pub vaine, prétentieuse et superficielle. Le film en tant que sorte d'expérience a du mal à fonctionner à cause des personnages dont je me fous éperdument de leur sort de rockstars complètement pétées qui cherchent la plupart du temps leurs emmerdes. L'expérience ne fonctionne pas non plus car l'exercice de style atteint rapidement ses limites.

Song to Song aurait pu me transporter, m'envoûter, m'embarquer dans un sentiment indescriptible. Mais, Malick est devenu prisonnier de cette esthétique qui fait désormais sa renommée. Certes, la narration se veut plus absente pour faire mieux ressortir les sensations exacerbées des personnages. Mais ce choix s'avère vite usant : les propos du réalisateur, s'enfonçant dans un délire métaphysique indigeste et lourdingue, paraissent vains. A l'image de ce montage, le film finit par tourner en rond. Je reviens aussi au rock : rarement je me suis autant foutue d'une bande-originale, elle m'est passée clairement au-dessus de la tête. Pire, Malick a le privilège d'avoir au casting de grands musiciens (Iggy Pop, Patti Smith...) mais on a l'impression qu'il ne sait pas comment caser ses nombreux potes. Du coup ils sont là mais on ne sait pas trop pourquoi. C'est pire qu'un caméo de Depardieu dans une mauvaise comédie française. Je n'ai même pas pu me réfugier du côté du casting, pourtant très beau sur le papier. Tout le monde fait des louanges sur Rooney Mara (dont la hypeautour d'elle est en train de m'agacer - et pourtant j'aime paradoxalement beaucoup cette actrice). Alors oui, elle est talentueuse, oui elle est jolie : la caméra ne fait que la sublimer (et Malick est probablement amoureux d'elle - j'ai toujours du mal quand les réalisateurs filment une actrice comme s'il s'agissait de leur petite chose ou comme si elle était à tout prix au centre de toutes les attentions). Mais après, je n'ai pas du tout été gagad'elle en la regardant jouer (ou plutôt minauder à voir basse en se roulant dans les rideaux parce que vous comprenez, son esprit est trop torturé). Il faut dire que je n'ai trouvé aucun personnage intéressant et les acteurs complètement à côté de la plaque. Ryan Gosling a l'air absent, Fassbender en fait des caisses dans le rôle du méchant gros dégueulasse de l'industrie musicale. Surtout, on a sans cesse l'impression que les femmes subissent les hommes et leurs sorts. Je n'ai jamais aimé Natalie Portman (donc déjà je dois prendre sur moi pour la supporter dans un rôle insupportable) et décidément les rôles de blondes cagoles (un peu comme l'horripilant My Blueberry Nights de Wong Kar-Wai) ne lui vont décidément pas du tout ! Et cette pauvre Cate Blanchett (dont le jeu n'est pas très bon pour une fois), on se demande presque ce qu'elle fout là dans cette galère !