Un autre Brooklyn de Jacqueline Woodson

Par Hamisoitil @lecturedehamik
QUATRIÈME DE COUVERTURE :

« La première fois que j’ai vu Sylvia, Angela et Gigi, ce fut au cours de cet été-là. Elles marchaient dans notre rue, en short et débardeur, bras dessus bras dessous, têtes rejetées en arrière, secouées de rire. Je les ai suivies du regard jusqu’à ce qu’elles disparaissent, me demandant qui elles étaient, comment elles s’y étaient prises pour… devenir. »
  • Broché: 176 pages
  • Editeur : Stock 
  • Collection : La cosmopolite
  • Date de sortie : 3 janvier 2018
  • Prix : 18.00 € (papier) 12.99 € (ebook)
  • * SERVICE DE PRESSE NETGALLEY



MON AVIS :
Je regardais mon frère observer le monde, son front droit, empreint d'une trop grande gravité, se fronçait sous l'effet de l'angoisse et de l'étonnement. Où que nous posions les yeux, nous voyions des gens s'efforcer de rêver leur départ. Comme s'il existait un ailleurs. Un autre Brooklyn.
J'ai découvert Jacqueline Woodson avec ce roman, mais j'ai appris après lecture qu'elle était une auteure bien connue dans la littérature jeunesse... Sincèrement, c'est plus la couverture qui m'a d'abord tapée dans l'oeil que le synopsis et pourtant, une fois commencé, j'étais comme happé par l'histoire racontée par August.
August, pratiquement la quarantaine, revient pour les funérailles de son père, à Brooklyn, quartier qui l'a vue grandir. Son regard croise les rues, le paysage, les bâtiments, la vie tout simplement, et Sylvia, une amie d'enfance, et voilà que ses souvenirs la replongent dans le passé, à travers des flash-back. Elle se revoit dans toutes les étapes de cette jeunesse lointaine, quand elle a dû quitter le Tennessee pour Brooklyn, à l'âge de 11 ans, accompagnée de son petit frère et de son père. Elle entend son frère lui demander si maman va revenir et pour le rassurer, lui dit, c'est pour bientôt. Mais cette maman ne viendra pas, car elle a perdu la tête quand son frère a été tué au Vietnam, mais ça, August ne sait pas encore que c'est bien plus grave.
Derrière cette fenêtre, tous les deux observent avec fascination le brouhaha du quartier, car papa ne veut pas les voir dehors, trop inquiet des dangers de l'extérieur. Ils ont tous les trois réellement du mal à s'adapter à cette nouvelle vie et à vivre avec le manque de leur mère. De chez elle, comme un écran télé, August regarde, intriguée par ces trois filles inséparables (Sylvia, Angela et Gigi) sauter à la corde, marcher, rigoler, s'amuser... et rêve de faire partie de leur groupe... Et elles ne seront plus trois, mais quatre nanas à survivre la préadolescence, et à subir les tourments de l'adolescence, pour enfin trouver leur chemin. Chacune aura son lot de déceptions et d'expérimentations : (premier amour), de peur, et de pertes (la perte d'un être cher) dans une époque très difficile, mais qui les forgera et les changera. Ensemble, elles sont invincibles, apprennent, découvrent, osent et se fissurent au fil du temps. Elle se souvient aussi de la peur qu'elle éprouvait face aux hommes et cette façon qu'ils prenaient plaisir à les regarder... Et c'est là que son père va l'initier à la religion musulmane (muslim), mais pour combien de temps ?! Les garçons sont beaucoup plus intéressants pour elle que cette religion.
Ma mère ne croyait pas à l'amitié entre femmes. Elle estimait qu'on ne pouvait leur faire confiance : << tends le bras et tiens les femmes à une distance équivalente à la taille de ta main jusqu'au bout de tes ongles. >>
August nous fait plonger dans notre passé par ses propres souvenirs où certaines blessures et moments de bonheur vont surement remonter à la surface. Mais on se laisse aller dans ce court récit, très enrichissant, subliment écrit, presque comme une douce poésie, avec des thèmes justes et forts, dont la perte d'un être cher,  l'amitié, la religion... On peut donc facilement s'identifier à elle, même si le vécu est bien différent.
Je recommande !

MA NOTE :