ANTIBIORÉSISTANCE : Phages contre superbactéries

Publié le 02 janvier 2018 par Santelog @santelog

Les phages sont-ils notre meilleur espoir contre les bactéries résistantes aux antibiotiques ? Cette revue de la littérature de l'University College Cork (Irlande) soutient cette théorie en montrant que les bactériophages, ou phages, ces virus qui infectent et se répliquent dans les bactéries présentent un potentiel considérable pour combattre la résistance aux antibiotiques, ainsi que d'autres menaces pour la santé humaine. L'analyse publiée dans le British Journal of Pharmacology examine ainsi défis et opportunités du développement de phages biopharmaceutiques pour promouvoir la santé.

Les phages sont les entités biologiques les plus abondantes sur terre, ce serait une erreur d'ignorer ou de sous-estimer leur pouvoir et leur potentiel, expliquent es chercheurs du Microbiome Institute de Cork, dans leur communiqué. Ils documentent les relations complexes des phages avec les bactéries intestinales et comment ces interactions peuvent affecter la santé et la maladie. Ils décrivent une stratégie " prédateur-proie " complexe, où les phages ont la capacité de modifier l'équilibre microbien dans un écosystème donné car les phages sont jusqu'à 10 fois plus nombreux que leurs " proies " bactériennes. Ainsi, les phages ont déjà été documentés comme agents de changement chez les receveurs de transplantations de microbiote fécal dont l'efficacité est aujourd'hui bien reconnue pour traiter les maladies intestinales résistantes ou récidivantes.

Les promesses des nanotechnologies de la nature : les phages sont décrits comme des " nano-machines " de la nature, des machines biologiques de survie capables de se répliquer plus rapidement que tout autre agent biologique. Ils sont abondants, très diversifiés, très dynamiques et très spécifiques à leurs cibles. Ce sont donc des alliés à prendre en compte pour lutter contre les superbactéries résistantes aux antibiotiques. Cependant, leur utilisation en thérapie clinique rencontre plusieurs défis notamment notre connaissance très partielle des phages : plus de 90% des populations de phages ne sont pas encore identifiées. Ensuite viennent les défis liés à leur " fabrication ", à leur validation clinique, les étapes d'autorisation. " Le pipeline est long mais il est important de continuer dans cette direction ".

Il est essentiel de réunir plus de données génomiques, physiologiques, pharmacologiques et cliniques et donc l'utilisation en pratique clinique de la thérapie phagique va donc prendre un certain temps. Mais il faut poursuivre, leurs promesses sont là, concluent les auteurs.

Équipe de rédaction Santélog