Alors, en route vers le Mouvement Radical ?

Publié le 11 janvier 2018 par Radicallibre77

Le 9 décembre 2017, les Radicaux valoisiens, ex-membres de l’UDI, et les Radicaux de gauche ont, par un congrès fondateur, fusionné.

Une fusion décidée après plusieurs décennies de séparation, dues à la « frontière » idéologique qui séparait la politique française, en 2 blocs, plus ou moins égaux.

A l’aube des années 1970, une partie des Radicaux décidaient de rejoindre la construction d’une Gauche, qui serait capable d’arriver au pouvoir, sur la base d’un programme politique, économique et social, le Programme commun. Une alliance politique qui unissait déjà les Socialistes et les Communistes et qu’allait donc rejoindre, les Radicaux de progrès, au sein du Mouvement des Radicaux de Gauche (MRG).

La stratégie du Programme Commun allait permettre, après maintes péripéties, à la Gauche de conquérir le pouvoir, par l’élection de François Mitterrand et par l’arrivée d’une majorité de progressiste à l’Assemblée nationale.

Les Radicaux de gauche, alliés au PS et occasionnellement au PCF, allaient participer à toutes les majorités de gauche qui suivront la victoire de 1981. Et voter les grandes lois de progrès, que les gouvernements de gauche allaient mettre en œuvre (Abolition de peine de mort, fin du monopole public sur la radiodiffusion, lois Auroux, 5eme semaine de congés payés, 39 heures, puis 35 heures de travail hebdomadaire, impôt de solidarité sur la fortune, retraite à 60 ans, création du RMI et de la CMU, mariage pour tous, …) .

Au gouvernement. Mais aussi dans les majorités de gauche, dans les communes, les départements, les régions, où les élus Radicaux de gauche firent entendre la singulière voix du radicalisme, qui depuis la seconde moitié du 19eme siècle, se différencie par sa vision réformiste de la société, du socialisme, puis du communisme, plus « révolutionnaires ».

La doctrine radicale entend être une voie entre le libéralisme qui écrase et le socialisme qui accapare. Elle préconise pour l’Etat, un rôle de protecteur social pour les plus faibles, en mettant fin aux abus du capitalisme.

A cette vision sociale et économique de la nation, les Radicaux y ajouteront le leadership du combat contre l’emprise du clergé sur la société. Ils seront ainsi rapidement les défenseurs inconditionnels de la laïcité.

Forme républicaine du régime, laïcité, libertés individuelles et d’entreprendre, solidarisme sont les marques intemporelles du radicalisme. Ce que les Radicaux de gauche mettront toujours en avant, parfois très minoritairement dans les majorités auxquelles ils participaient.

Ce qui les classifiait, sur l’échiquier politique au centre-gauche. Une position politico-géographique qui en faisait un allié utile pour élargir les majorités aux classes moyennes et à la petite bourgeoisie.

Du moins, tant que leur principal allié, le PS demeurait un parti de gauche, en conformité avec son idéologie. Mais, sa mutation social-démocrate l’entrainait vers des rivages éloignés de ses fondements doctrinaux. Et, l’amenait à souvent dépasser les Radicaux de gauche sur leur droite. J’en veux pour preuve, les multiples rappels effectués par Roger-Gérard Schwartzenberg, Président du groupe Radical de gauche de l’Assemblée nationale, sur notamment, le CICE et son manque de contreparties sur l’emploi , fixées aux entreprises.

Le quinquennat Hollande fut, en la matière, un exemple de dérive idéologique. Certes, tout n’est pas à jeter dans la politique menée par les différents gouvernements du mandat 2012-2017, mais il faut bien avouer, qu’en pratiquant une politique exclusivement pro-business,  la gauche de gouvernement et en particulier le PS, s’est disloquée durant la période, sous les coups combinés des frondeurs, de la contestation sociale, de la crise et d’une gouvernance quelques fois hasardeuse.

Les Radicaux de gauche semblaient, sur la période, conserver la tête sur les épaules. L’éventuelle participation à la présidentielle devait nous permettre de faire mieux entendre nos options pour la France, tout en défendant notre action au gouvernement et en mettant en avant, les quelques points positifs du mandat Hollande. Le parti prit le décision in fine, qu’il se contenterait d’une participation à la primaire de la gauche de gouvernement. Probablement une erreur, car cette primaire express à fait ressortir une sorte d’impréparation que les mois de campagne présidentielle auraient pu gommer.

D’autant plus qu’une fois la primaire expédiée,  les Radicaux de gauche allaient se retrouver dans la nature, à la merci de toutes les tentations plus ou moins libérales. Ce qui se présenta rapidement, avec la candidature d’Emmanuel Macron, que d’aucun pensait être l’héritier du hollandisme. Mais que beaucoup rejoignaient par opportunisme. Certes, il s’agissait là d’un pari, mais la dose d’opportunisme était dominante.

Les élections mirent en évidence l’écroulement de la gauche de gouvernement, comme de celle de contestation. Les Radicaux de gauche payaient aussi leur tribut à cette défaite. Ils perdaient leur groupe parlementaire et ne voyaient que 2 députées reconduites à l’Assemblée.

La droite résistait mieux, mais en sortait, l’avenir le démontrera, profondément divisée.

Divisés, hors du jeu, financièrement exsangues, les Radicaux de gauche s’interrogèrent sur l’avenir de leur parti.

Profitant de la recomposition politique qui faisaient suite à la victoire d’Emmanuel Macron, un projet de réconciliation des Radicaux fut lancé. PRG et PRV (radicaux valoisiens) s’entendirent pour tenter de mettre fin à 45 années de séparation et essayer de peser sur le « nouveau monde » politique.

C’est ainsi que fut lancé, le 9 décembre 2017, le Mouvement Radical (MR). Et comme, il fallait faire plaisir à chacun, on lui attribua les qualificatifs de social et de libéral.

Mais, cette réconciliation ne s’est pas faite sans douleur. A droite, comme à gauche. Des élus, des militants ont préféré quitter leurs partis d’origine respectifs. Certains ont rejoint l’UDI, d’autres ont créé un nouveau mouvement radical de gauche. Et d’autres ont cessé de militer. Il faut bien avouer que les 2 partis se sont souvent trouvés en opposition, dans tous les exécutifs où ils ont travaillés.

Cependant, et pour mon compte personnel, il est regrettable que certains, qui se revendiquent d’un radicalisme social et progressiste, aient choisi de quitter la barque radicale. En effet, dans l’époque actuelle, où le macronisme triomphant risque de dicter, indirectement, la politique du nouveau mouvement, déjà trop macronophile, une forte aile gauche, capable d’engager le MR sur une voie empreinte de solidarité, de progrès et de justice, avec de puissantes voix, aurait été un atout et une aide certaine pour ceux qui désirent faire entendre leur engagement de gauche au sein du Mouvement Radical.

Aujourd’hui, les Radicaux sont éparpillés façon puzzle aux 4 coins du centre politique français. Ils sont présents à l’UDI, à En Marche, au MR et au nouveau parti Les Radicaux de Gauche, et malgré cela, leur influence sur la politique nationale n’a jamais été aussi faible. Et leur avenir n’est en rien assuré.

Le Mouvement Radical se veut indépendant de toutes les formations politiques. C’est louable, mais ce ne sera pas tenable. S’il désire participer à des exécutifs, à des majorités, il lui faudra bien passer des alliances avec d’autres formations. Il semble clair, que dans l’esprit des dirigeants du mouvement, l’alliance avec les macronistes se dégage comme une évidence. Mais, la politique exercée depuis juin 2017, va à l’encontre des engagements profonds de nombreux radicaux (les récentes déclarations du Président de la République, sur la laïcité, par exemple). Adhérer à cette politique serait franchir une ligne qui mettrait à mal la cohésion du nouveau mouvement et détournerait de lui, de nombreux militants, à l’engagement profondément ancré à gauche.

Trois alternatives s’offrent donc à cette nouvelle formation.

L’indépendance totale, ce qui lui fermera, pour longtemps l’accès à toutes responsabilités nationales.

L’alliance avec En Marche, qui en fera de nouveau un Parti radical de droite.

Une alliance avec une gauche européenne et social-démocrate, un centre progressiste et laïque et une écologie responsable. Peut-être au sein d’une fédération politique.

Une nouvelle période s’affirme pour le radicalisme.

Il est à espérer que ce qui a couté très cher au PRG, un phénomène de cour, qui  réduisait les orientations politiques à l’ambition personnelle de quelques uns, disparaitra dans cette nouvelle formation.

De plus, de ses engagements futurs, sociaux et sociétaux, dépendra mon engagement dans ce radicalisme à la mode MR. Mes attentes ne sont pas grandes, 28 ans d’engagement m’ont appris à ne point trop attendre d’instances nationales, mais elles sont exigeantes.

Elles se résument en 3 mots : République, Solidarité et Progrès.