Nigeria : des lycéennes enlevées par Boko Haram disent refuser de rentrer chez elles

Publié le 16 janvier 2018 par Enjeux.info @enjeuxinfo

Le groupe djihadiste nigérian Boko Haram a diffusé hier lundi une vidéo dans laquelle 14 jeunes filles présentées comme des lycéennes de Chibok annoncent qu'elles ne reviendront pas dans leurs familles. Cette vidéo est la première du genre depuis le mois de mai.

La vidéo diffusée hier dure 21 minutes. L'on y voit une jeune fille qui s'exprime au nom du groupe tandis que trois d'entre elles tiennent des nourrissons dans leurs bras. Elle s'exprime tantôt en haoussa, tantôt en langage local chibok. Elle condamne les autres lycéennes enlevées qui ont réussi à s'échapper au moment de l'enlèvement. Aucun élément n'indique quand et où ce message a été enregistré, ni si les personnes présentes sont sous la contrainte. Mais la plupart d'entre elles, vêtues de longs hijabs bleu ou noir, affichent des visages fermés, les yeux baissés vers le sol et évitant de regarder la caméra. Abubakar Shekau, le chef du groupe djihadiste apparaît également sur la vidéo, et livre un sermon décousu d'environ 13 minutes sur ces filles qui ont " compris la folie " de l'éducation laïque et adresse des menaces au président nigérian Muhammadu Buhari et aux autres chefs d'Etat de la région. La dernière vidéo de ce genre remonte au mois de mai. Une jeune femme affirmant être l'une des 219 lycéennes enlevées en avril 2014 était apparue brandissant une arme et refusant elle aussi de rentrer chez elle.

L'enlèvement de masse des lycéennes de Chibok, 276 au total, il y a presque quatre ans avait déclenché l'indignation du monde entier. Cinquante-neuf d'entre elles s'étaient échappées au moment de leur enlèvement et 107 ont été retrouvées, secourues ou libérées aux termes de négociations entre le gouvernement et les insurgés islamistes. 112 jeunes filles sont encore détenues dans le nord-est du pays. Certaines rescapées ont décrit des conditions de détention insupportables comprenant des abus physiques et psychologiques, du travail forcé, une participation contrainte aux opérations militaires, des mariages sous la menace, des viols. Plusieurs d'entre elles auraient ainsi donné naissance à des enfants pendant leur captivité.