[CRITIQUE] La forme de l’eau

Par Elodie11 @EloFreddy

Réalisé par : Guillermo Del Toro
Avec : Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins
Durée : 2h03
Genre : Fantastique/Romance
Date de sortie : 21 Février 2018

Synopsis

Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…


Critique
En quelques films, Guillermo Del Toro a su imposer son génie créatif mélange de poésie macabre, de créatures fantastiques et d’une narration qui même dans l’horreur cherchera la beauté coûte que coûte. Reprenant encore une fois son acteur fétiche Doug Jones (Hellboy, le labyrinthe de Pan), Del Toro l’emmitoufle cette fois-ci dans un costume de créature amphibienne enlevée de son milieu naturel pour subir d’obscures expériences dont la gracieuse Sally Hawkins viendra le délivrer.

Comme une version plus ténébreuse de La belle et la bête, La forme de l’eau déploie son univers onirique opposant les prémices d’un amour à la réalité brutale d’une époque qui malgré sa date ne parait pourtant pas si éloignée de la nôtre sur la forme.
Si la naissance d’une telle affection peut parfois nous rendre dubitatif, Del Toro réussit à la transcender pour en faire une simple vérité : l’amour n’a pas de barrière. Qu’elle soit raciale, sexuelle ou physique cette différence qui rend parfois notre société intolérante et pourrie jusqu’à la moelle s’invite dans les personnages de ce conte pour adultes. Un vieil ami gay, une amie d’origine africaine ou encore une muette, tout ce petit monde virevolte autour de cet étrange amour qui sera au final salvateur pour tous.

Mais La forme de l’eau est aussi et avant tout un magnifique pied de nez aux univers enfantins que peuvent prendre les adaptations de Disney, ici l’amour se fait brutal voir…charnel. Masturbation féminine, sexualité quasi zoophile, Del Toro s’amuse à casser les codes du romantisme exacerbé où tout n’est que déclaration et baisers prudes. Comme une déclaration au cinéma, le réalisateur nous jette sa réalité en pleine figure nous défiant de lâcher nos préjugés pour mieux l’attraper.

Car, contrairement à son titre l’amour n’a pas de forme, il prend l’apparence que l’on veut bien lui donner sans retenu ni tabou. Déchargé du poids de la société, il prend son envol et unit deux êtres qui peuvent alors s’extirper de leur solitude pour trouver dans l’autre ce qu’ils ont cherché toute leur vie.

Comme à son habitude, Del Toro soigne sa photographie nous offrant quelques beaux moments de cinéma d’une rare beauté : la scène de la salle de bain est aussi bien une prouesse technique qu’une prouesse visuelle. Son dénouement quant à lui offre un dernier vers à cette poésie romanesque offrant à Elisa une conclusion parfaite et métaphoriquement sublime.
D’inspiration multiple, cet ovni fantastique devrait tordre le cœur de beaucoup de spectateur, en tout cas le mien est déjà conquis…

La créature de Guillermo del toro sort de son lagon pour nous offrir un conte de fée d’une noirceur illuminée par ses protagonistes et leur amour qui s’affranchit de tout. On reste bouche bée devant ce spectacle particulier, étonné d’avoir aimer ce qui a priori n’aurait pas pu l’être et ça mes amis c’est la beauté du 7ème art…

Votre dévoué Freddy

Note: