(Anthologie permanente) Lionel Fogarty, un dossier de Jean-René Lassalle

Par Florence Trocmé

Magie Gibar
Un jeune homme-magie remarqua
qu’il ne restait aucune montagne dans
ce pays à cause des destructions humaines
Aussi il souffla magie et dit
Bajeirjeir jungamu
qu’une montagne soit face à moi
Et une magnifique montagne surgit
où les gens pouvaient se réunir contre son corps
pour danser depuis les herbes
les arbres et les vies des animaux
Alors il plut et l’eau descendit
la pente de la montagne créant
un fondement d’harmonie
Ensuite après une foule d’années un
grand orage venu en trombe
déluge ruissela sur chaque hutte
et la foudre frappa les arbres causant
des incendies, tout ressemblait
à un pays bombardé où la population
est sans défense et la montagne
mourait, donc le jeune
homme-magie retourna
de ses voyages et chanta
pour son peuple : ici ici
venez vivre dans un Nala Nala,
car c’est un trou où vous serez
en sécurité pendant un temps
Voilà cet homme-magie
asséna un si fort choc
de magie que les trombes de vent
les eaux de déluge la foudre
disparurent et l’air glacé
devint frais et plus pur les
gens et les animaux sortirent
pour offrir des mercis à ce
jeune homme-magie.
Lui écouta leurs mercis en
souriant et ce sourire vous le
découvrirez dans chaque Aborigène
Source : Lionel Fogarty : Yerrabilela Jimbelung, Keeaira Press, 2008. Traduit de l’anglais australien par Jean-René Lassalle.
Gibar Magic
A young magic man saw there was
no mountains left by this
land cos of man’s destruction
So he blow magic and said
Bajeirjeir jungamu
be there a mountain in front of me
And there was a great mountain
where people gather at the body
of it, to dance from grass
trees and animal lives
So it rained and water came
down from the mountain creating
a foundation of harmony
Then after many years a
big storm come rushing
flood flowed over every hut
and lightning hit trees causing
fires, everything was like
a bombed land where people
are helpless and the mountain
was dying, then the young
magic man came back
from his travels and sang
out to the people, here here
live in a Nala Nala
it is a hole, where you will be
safe for a while
Now here the magic man
gave a powerful blowing
magic that all storm wind
and flood waters lightning
disappeared and cool air
became fresh cleaner and
the people and animals came
out giving thanks to this
young magic man.
And he heard their thanks and
smiled and a smile you will
see in any Aboriginal
Source : Lionel Fogarty : Yerrabilela Jimbelung, Keeaira Press, 2008.
/
Pour lui je mourus – Bupu Ngunda que j’aime
Pour lui j’ai aimé
Pour lui je fus colombe
Pour lui j’ai subjugué un jeu
Pourquoi a-t-il pris mon amour
En vin qui détraque mon repas
Houle douleur trouble ma table
Quel son grandiose il appelle
Quelle gravité ça résonnait
Éponge le sapant son cœur
Avec duquel il fut chanté
Pour lui j’ai aimé
Pardonne le déchirement
quatre visages il a contemplé
Saoûle maboul débagoule
Pour lui j’ai vécu Il été dans un corps
J’été sous lbouteilleur
Car un jour il versa
Sur moi le pêché
En pêcheur désormais je me rends
Aux égouts j’adore pauvrement
Pour lui j’ai aimé Juré que pour joie
doux oiseaux qu’à jouir
folles bagarres que pour rire
un solitaire fréquente son sexe
un deux-pignes fournit ses sens
un trois-trésors fête sa souillure
Pour lui j’ai aimé
ses mythes à pommade de silence
son chercheur seigneur calmant en moi
ses abeilles apaisées toutes épreuves intérieures
moi aussi je propage sa volonté de joie
moi aussi je prolonge son mal-papa
moi aussi je poursuis ses éternels jusqu’à
Pour lui j’ai aimé.
I gîtait dedans derrière mon âme
I gîtait en la bienaimée conscience
I gîtait dans le méchant du mendiant
Pourquoi a-t-il pris mon mensonge
À gagner qui dans les vents balayeurs
Que c’en bénit mon amour mon amour généreux
Pour lui j’aime ici et Pour lui j’ai aimé
Quel son grandiose il appelle et appelle
Source : Lionel Fogarty : Munaldjali, Mutuerjaraera, Hyland House 1999. Traduit de l’anglais australien par Jean-René Lassalle.
For Him I Died — Bupu Ngunda I Love
For him I loved
For him I became a dove
For him I tamed a game
Why has he taken my love
Wine as shaking my dine
Woe who outer my dinner room
What great sound he calls
What graving sound it gave
Wrap sapping his heart
With dem he got sung
For him I loved
Forgive the tearing
four faces he has seen
Funk hunk drunk
For him I lived He been in a body
I been in a bottler
Since once he send
Sin onto me
Now sinly I surrender
Sewer poorfully I adore
For him I loved Swear back just to glad
sweet birds just to grand
sweeping fights just to game
a one lone feels his sex
a two cone feeds his senses
a three owns feasts his sick
For him I loved
his silence liniment myths
his sires searcher meek in me
his resting bees many inner tests
even I forward his happy wills
even I forever his papa ills
even I forever his everlasting tills
For him I loved.
He bin in behind my soul
He bin in beloved mindness
He bin in beggar meanness
Why has he taken my lying
Win who in the taken winds
Will be bless my love my love giving
For him I love For him I loved
What great sound he calls calls
Source : Lionel Fogarty : Munaldjali, Mutuerjaraera, Hyland House 1999.
/
Mortel à immortel
Matin crache le soleil en l’air
Et sous le lit pèlent mé lèvres
Yo voici notre gosse grabuge-partout
Qui préserve nôte ancestrale culture Abo
Les arrière-terres rasées de frais
Nous insolés de palabre incolore par des Americanos
L’après-midi crache la nuit étoilée
Et sous ma tête des zieux couchés qui lorgnent
Vers le nez bout-du-cul de ce monde
Un premier zhôm me dit « ça brigue l’inconscience »
« quel but ? » ce scrutage de midi pour
intrusif sur le territoire des Murri
Champ de rumeurs la maison des Esprits de chak Peuple ;
« comment un croissant lune peut embrasser la terre et découvrir quel cœur »
Cri accordé assis l’amour se fait
Ok fuck l’amour pour les débris d’hier
Va bercer ailleurs les rêves qui sréalisent jamais
Ces Murri leurs talents sont du restant
Futur à flancher gauche avec le bizeness
Ces Murri zenfoncent clou pour tout nommer
Chacun zone calme à chercher sou dans la caisse de l’autre
Les rituels gentille sorcellerie des Murri
Abreuvent les anciens visages burinés
De stout à tasser le truand ?
Réveillez-vous liseurs ensemencez basiques
La vie éternelle humblement transbordée
Hors des tristes zaffairs humaines
Les vieux Murri lont commandé à nous nous
Les jeunes Murri lont commandé à nous nous
Et le matin m’envole au sacrifice suprême
D’après ceux qui ont succombé
Source : Lionel Fogarty : Best Australian Poems , Melbourne 2010. Traduit de l’anglais australien par Jean-René Lassalle.
Mortal To Immortal
The morning spits up the sun
Below my bed my lips peels
Yo our childs Hullabaloo over
Keeping our first abo culture good
Clean shaven back lands
And we sunstruck by a colourless talk by Americanos
The afternoon spits up the starred night
Below my head lays eyes looking
At the noses arse-end of this world
A first fella said I want to be oblivious
‘what for?’ cos midday squinting toward
a trespassive on Murri land
Rumour field the house of every Peoples Spirits of;
‘how come a sickle moon kisses earth and found out what heart’
Toned cry sitting love makes
So fuck love for yesterdays dump
So lullaby away dreams that don’t come true
Those Murri skills remain are
Future clumsy flinch with business
Those Murri hobnailed on naming
Each other cabs calm in drawer for a bit of money
The rituals gentle Murri sorcery
Gives ancient weathered faces
Stout to taut the looter?
Awake now readers and seed basic
Eternal life humble shipped out
Of man’s sorrow affairs
Murri old commanded us us
Murri young commanded us us
The morning wings me to supreme sacrifice
According to the perished
Source : Lionel Fogarty : Best Australian Poems , Melbourne 2010.
Dossier établi par Jean-René Lassalle (choix et traductions inédites)
Bio-bibliographie de Lionel Fogarty