Phonte « No News Is Good News » @@@@½

Publié le 10 mars 2018 par Sagittariushh @SagittariusHH
- Hip-Hop/Rap

Phonte « No News Is Good News » @@@@½

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L’avant-dernière fois que Phonte avait évoqué la sortie de son second album solo, c’était pour évoquer sur Twitter son ajournement pour 2017 alors que celle-ci était initialement programmée pour le 30 Septembre 2016. Son titre, No News is Good News, est annoncé depuis deux ans déjà. Et depuis, plus de nouvelles. Quand tout à coup :

No News Is Good News. Midnight. #FEMusic #NNIGN pic.twitter.com/4B07xAaq0t

— Phonte (@phontigallo) March 1, 2018

Bonne nouvelle !

Il aura donc fallu patienter plus de six ans avant de mettre l’oreille sur le successeur de Charity Starts At Home. Mais c’est qu’il s’est passé beaucoup de choses depuis pour Phonte, notamment les deux supers albums avec Foreign Exchange (Love In Flying Colors en 2013 et Tales Of The Land Of Milk and Honey en 2015). En Juillet 2016, questionné au sujet de ce nouvel album, le rappeur-chanteur de North Carolina voulait faire quelque chose de plus spontané et à ce moment-là, la moitié des morceaux disposés dans la trackliste définitive étaient enregistrés (« Pastor Tigallo« , « To The Rescue« , « So Help Me God« , « Expensive Genes » et « Such Is Life« ). Malheureusement les hauts et les bas de la vie s’en sont mêlés avec un divorce, un re-mariage, et plus dramatique, de multiples décès dans sa famille : son père, son grand-père, un oncle ainsi qu’une tante morte d’un cancer. C’est entre le 18 et 24 Février dernier que Tigallo a écrit et enregistré les quatre dernières chansons pour que No News Is Good News puisse sortir en digital début mars, pour en finir enfin.

L’attente en valait franchement la peine. Malgré sa durée d’une bonne grosse demie-heure seulement, NNIGN est un pur moment de bonheur. Dès « To The Rescue« , on sait que Phonte va nous fournir une dose de rap-soul apaisante, mêlé à du ‘grown rap’, ou simplement du rap « rap » qui fait très mal, comme sur les assassinats en règle « So Help Me God » (avec un beat qui défonce signé Marco Polo) et « Pastor Tigallo« . Pur « bonheur » ok, mais avec du sérieux, et des épisodes tristes. Bien que les premières rimes de « Cry No More » soient inspirés de « Rhyme No More » de Jay-Z, ce morceau assez troublant est un constat sur la parentalité, les différences entre nos parents à nous et ce que leurs enfants vivent et inculquent à leur tour en étant devenus eux-mêmes parents. « Expensive Genes » quant à lui traite des maladies provoquée par des mutations génétiques, lorsqu’un minuscule brin d’ADN mal codé peut être une source de drame. Phonte, 39 ans, réalise à quel point la vie ne tient pas à grand chose et qu’il faut chérir ces instants où tout va bien. « Les dix premières années de la carrière d’un rappeur tu les passes à batailler contre des wack MCs, explique le rappeur dans une interview pour Billboard, une fois que tu vieillis, il s’agit plus de combattre le cholestérol. » Humour!

Esthétiquement, NNIGN s’inscrit dans la continuité naturelle des derniers albums des Little Brother (Getback et Leftback) en intégrant des éléments soul qu’il a développé au sein de sa structure Foreign Exchange Music. Sans faire appel à Nicolay, histoire de se démarquer du tandem qu’il forme avec le producteur néerlandais, mais en gardant avec lui le génial Zo! (« Such Is Life« ) et le chanteur Eric Roberson (le morceau feel-good « Find That Love Again« ). Pas de 9th Wonder non plus, alors qu’il avait bossé un peu sur Charity Starts At Home. D’ailleurs pour une réunion des Little Brother, je crois qu’on va pouvoir se gratter… L’infatigable Nottz en revanche répond présent sur le beat de « Expensive Genes« , en proposant une vibe très similaire à ce que réalisait The Ummah avec les Tribe Called Quest (on pense au classique Beats, Rhymes & Life). Pour « Sweet« , il s’agit pratiquement d’un « autosample », puisque c’est la voix de Phonte lui-même extraite de « Sweeter Than You » (Leave It All Behind des Foreign Exchange). Très très peu de featuring comparé à son premier album, si ce n’est Freddie Gibbs qui tranche littéralement sur « Change of Mind« , entre deux parties chantées par Phonte.

No News Is Good News se termine avec « Euphorium (Back To The Light)« , une conclusion vivifiante comme la fraîcheur d’un jour nouveau, avec un nouveau flow et un regard tourné vers l’avenir. Le petit frère est devenu grand, et sage. Ce second album marque en effet la fin et le début d’une nouvelle étape dans la vie de Phonte, qui sera on l’espère tout aussi riche en musique.