La dernière saison tome 2: Thomas

Par Anne Onyme

La dernière saison tome 2: Thomas - Louise Tremblay-d'Essiambre

Guy Saint-Jean Éditeur, 394 pages

Résumé:

«Dans quelques heures, ma route va s'arrêter. Nous avons cheminé ensemble longtemps. Maintenant, tu dois continuer sur le chemin qui est le tien. Tu as été un bon mari, un merveilleux compagnon. Je sais que tu seras toujours un bon père pour nos enfants. Mais tu dois aussi penser à toi. Je veux que l'homme que j'aime continue à être heureux. Tu dois donc regarder devant toi et ne puiser dans le passé que l'énergie pour avancer.»

Jeanne n'est plus. Le vent d'automne a emporté le dernier souffle de celle qui a semé tant de joie, tant d'amour. Thomas se retrouve seul, avec la moitié de lui-même. Il doit maintenant apprendre à vivre avec le vide, le trou béant que sa femme a laissé derrière. Il y a aussi les enfants qui ne le sont plus, mais qui ont encore tant besoin de leur mère. Thomas doit faire face à l'amertume et la colère de Mélanie, au courage précaire d'Olivier, à l'émotivité de Sébastien, à la fragilité d'Armand, le père de Jeanne, avec son regard qui ressemble un peu trop à celui de sa fille. Il y a les amis qui pleurent l'absente, mais veulent réconforter Thomas à leur façon. Le deuil est difficile, la solitude pénible, les souvenirs trop présents. Mais avec le printemps, tout renaît et la vie s'impose, quoi qu'on fasse pour lui résister.

Mon opinion:

Structuré sensiblement comme le premier tome, cette suite de La dernière saison: Jeanne se concentre sur le personnage de Thomas, sur sa façon de vivre le deuil et de poursuivre une vie sans sa Jeanne. Ce sujet vient me chercher totalement. Je ne peux que faire le parallèle entre ma propre vie et me mettre à la place des personnages pour que l'histoire me tire les larmes.
Tout comme le premier tome, Thomas me réfère à ma peur de la mort et à son acceptation. Je suis jeune encore, mais c'est une étape de la vie qu'on passe tous et on ne sait pas quand elle surviendra. L'auteur a une façon très respectueuse et remplie de douceur de raconter ces questionnements de la vie, le refus d'accepter, la colère, la tristesse, la solitude, la résignation et surtout, la guérison d'un deuil, qui est en soi une grande peine d'amour. Ces deux tomes m'aident à affronter mes peurs. Ils me montrent qu'autre chose est possible même quand on croit mourir de douleur et de chagrin. La dernière saison est le roman le plus abouti que j'ai lu de Louise Tremblay-D'Essiambre. Le plus sensible et celui dont les personnages m'ont charmée et habitée, longtemps après ma lecture. Jeanne, le premier volet et Thomas, le second, sont deux livres que je garde précieusement...

Quelques extraits:

"Ce matin, il a assisté au lever du jour. Comme hier et avant-hier. Le sommeil se fait de plus en plus capricieux, préférant les heures creuses de l'après-midi pour se manifester. Alors, le temps que Thomas passe à attendre que la nuit cesse, le sommeil l'ayant déserté, ces heures où la noirceur est la maîtresse de ses pensées sont d'une infinie longueur. Quand cinq heures sonnent enfin à l'horloge de la cuisine, il se hâte vers la douche, soulagé de se soustraire à l'attente d'il ne sait trop quoi. Par moments, il est foudroyé par la certitude que le reste de son existence ne sera plus qu'une interminable et douloureuse attente. Celle de retrouver Jeanne dans ce monde éthéré qu'il se plaît à inventer. Thomas ne voit pas ce qu'il pourrait faire d'autre de sa vie."
p.67

"Quelques gorgées sirotées lentement, un long soupir nostalgique, puis Thomas se retourne devant la cuisine. Armand n'a pas bougé. Il fixe le vide devant lui, contrastant avec cette image d'homme enjoué qu'il affichait hier. Ce matin, Thomas comprend mieux ce que Sébastien avait tenté de lui expliquer en parlant de son grand-père. Thomas réchauffe son café, puis il se tire une chaise.
-Fatigué?
Armand hausse les épaules, offre un pâle sourire.
-Pas vraiment. À mon âge, on a besoin de moins de sommeil. Souvent, quelques heures me suffisent. J'en profite pour lire. La lecture, c'est encore le meilleur moyen d'oublier sa propre vie. C'est une bonne façon de laisser le temps agir."
p.166

9.5/10