L’actualité n’est décidément pas tendre : pendant que le terrorisme fait en France de nouvelles victimes, le pays se retrouve une nouvelle fois confronté à l’indigence de ses médias et de ses politiciens. Le peuple de contribuables, d’usagés et de citoyens se retrouve une nouvelle fois, consterné et seul, à faire face à des épreuves pour lesquelles il n’est plus préparé.
Et pour être consterné, il y a de quoi.
Comme dans tous les autres cas de la décennie écoulée, l’auteur des actes terroristes est connu des services de police. Multiplement condamné, il avait ainsi fait un séjour en 2016 à la maison d’arrêt de Carcassonne, suite à des condamnations diverses et variées dont, notamment, celle de 2015 pour l’inévitable trafic et usage de stupéfiants et refus d’obtempérer, ainsi que celle de 2011 pour, entre autres, port d’arme dans un pays où, je le rappelle, le port d’arme est interdit.
Comme dans de très nombreux autres cas de terrorisme sur le sol français, notre auteur n’a mis que quelques mois à « se radicaliser », ce qui semble ne plus rien vouloir dire de concret surtout si l’on se réfère aux mesures que nos élites politiques mettent en place pour « déradicaliser », entre deux cérémonies d’hommage aux morts tombés malencontreusement par suite de cette « radicalisation ».
Comme d’autres nombreux cas précédents, notre terroriste, évidemment fiché S en 2014 (ou FSPRT, allez savoir), est « un solitaire » qui est passé à l’acte « brusquement ». Il semblait délicat pour ne pas dire impossible à nos services de renseignements de savoir qui, du prochain fiché S, allait « brusquement » péter un boulon et décider de dézinguer du client de supermarché.
Comme dans d’autres cas, le terroriste était, avant son petit dérapage décidément peu compatible avec le vivre-ensemble, un homme calme et mesuré, un « garçon tranquille » selon ses voisins et sa mère dont on imagine mal qu’elle avouerait spontanément avoir engendré un monstre psychopathe. Manifestement, la radicalisation terroriste touche donc essentiellement des hommes calmes et pondérés, insoupçonnables (mais souvent récidivistes – allez comprendre).
Comme dans d’autres cas, les actes perpétrés ont amplement mérité qu’Anne Hidalgo, jamais en retard d’une Annerie, fasse éteindre la Tour Eiffel, rappelant bien le principe de base qui veut que dans ces cas là, on éteint bien tout (avant de se coucher, je présume). Des appels à bougie, nounours et autres jetons de présence seront bien vite relayés pour ne pas détonner des fâcheux précédents.
Bien sûr, comme pour la tuerie de Charlie, comme pour celle du Bataclan, comme pour celle de Nice et comme pour tous les autres cas, le gouvernement s’est immédiatement montré uni, décidé, ferme, inflexible, volontaire, déterminé, présent, tagada, tsoin, tsoin, deux fois si possible. Comme pour Charlie, Bataclan, Nice et les autres, on va avoir droit aux déclarations avec un air grave du polichinelle aux commandes à ce moment là.
Et comme pour ces précédentes exactions, absolument rien ne changera.
Rien ne changera parce que plusieurs problèmes s’empilent consciencieusement pour que rien ne change.
Problèmes criants d’éducation, problèmes économiques lancinants, problèmes évidents dans le domaine de la justice et de la police, chacun d’entre eux a déjà fait l’objet de plusieurs articles, ici ou ailleurs.
Mais tout indique que les solutions ne seront malheureusement ni mises en place, ni même évoquées et donc encore moins débattues et proposées au peuple : toutes appellent en effet à un accroissement de la responsabilité individuelle, ce qui est maintenant considéré comme une abomination contraire au sacro-saint vivrensemble.
Toutes appellent au recentrage de l’État sur ses fonctions régaliennes au lieu de son éparpillement permanent en billevesées périphériques. C’est, là encore, une véritable horreur que d’imaginer un vrai budget pour la justice, la police, l’armée, la diplomatie, au lieu de cette ouverture permanente des sprinklers à pognon public en faveur des activités périphériques que le secteur privé est pourtant parfaitement en mesure d’assumer. Tout indique que le pays a de vrais besoins clairs, identifiés, mesurables, de remettre de l’Ordre dans ses cités, dans son renseignement intérieur, dans ses institutions, et tout semble être fait pour continuer, vaille que vaille, à financer les conneries abyssales bobo-écoconscientes ou autres afin de flatter l’une ou l’autre phalange activiste bien en cour dans les médias.
Toutes appellent aussi à l’arrêt drastique du financement de la myriade de ces micro-groupes de faiseurs d’opinions qu’on retrouve soit dans les milliers d’associations lucratives sans but qui polluent la vie des Français en faisant assaut de lobbyisme pour pousser leurs petites lois délétères, soit, plus tristement encore, dans ces douzaines d’organes médiatiques dont le but semble être, lorsqu’on prend un peu de recul, de saboter consciencieusement la société française en lui donnant tous les jours de nouveaux ennemis intérieurs à abattre.
Or, pour le moment, ni Macron et sa brochette de clowns à roulettes, ni aucun autre leader politique ne semblent prendre la mesure de la tâche à accomplir. Tous, dans un bel ensemble unanime, considèrent l’interventionnisme de l’État dans tous les domaines comme un prérequis sain et vivifiant : les entreprises ploient sous la paperasserie administrative ? Rajoutons-en une couche ! L’éducation des gamins est de pire en pire ? Ajoutons une nouvelle réforme au corpus déjà dodu des réformes passées (une tous les deux ans) ! Modifions l’orthographe, éliminons des pans entiers de méthodologie, oublions des bouts d’Histoire, épurons les programmes des points trop complexes, fabriquons de l’andouille, c’est plus facile que du génie ! La Justice est débordée ? Vite, des lois supplémentaires, des procédures plus complexes, des réformes, encore des réformes parce que tout le monde sait qu’il y a 10, 20, 30 ou 40 ans, c’était la jungle ! Un problème dans l’immobilier, la météo, l’automobile ou les pâtes à tartiner ? Sapristi, intervenons parce qu’évidemment, c’est ce que le peuple attends de nous, pardi !
Pire : comme je le mentionnais, chaque début de questionnement sur, justement, la place de l’État et les réformes pour le recentrer, toute discussion sur l’importance d’une société où les individus redeviennent libres et acteurs directs de leur propre sécurité, tout débat sur la nécessité d’institutions correctement cadrées indépendamment des modes du moment sont immédiatement évacués au profit de l’écume des jours et de la déferlante incessante de stupidités médiatiques qu’on nous propulse sous le nez en guise de réflexion.
Le problème terroriste est un problème éminemment complexe qui ne peut absolument pas appeler de solution simpliste. Mais ce n’est pas non plus un problème insoluble, à condition de renvoyer l’État à sa mission réelle, la protection de son cheptel de citoyens. Les événements de l’Aude illustrent fort bien que rien n’a été compris ni appris des précédents drames terroristes sur le sol français.
Rapidement, de nouvelles et palpitantes polémiques s’installent. Rien ne changera.