Les Folies Bergère

Par Belzaran


Titre : Les Folies Bergère
Scénariste : Zidrou
Dessinateur : Francis Porcel
Parution : Septembre 2012


Ayant apprécié plusieurs titres de Zidrou ces dernières années, il me fallait remonter un peu plus loin afin de vérifier s’il n’existait pas quelques pépites dans son passé d’auteur. En tombant par hasard sur « Les folies bergère », je n’ai pas hésité à me procurer l’ouvrage. Au programme : la Première Guerre Mondiale. Zidrou est ici accompagné par Porcel au dessin pour 90 pages publiées chez Dargaud.

La Grande Guerre par l’absurde.

« Les folies Bergère », c’est le nom de leur tranchée. Nous suivons le destin d’une compagnie au front. Mais le véritable fil rouge est d’ordre fantastique : l’un des soldats, fusillés, refuse de mourir. Que faire alors ? Le fusiller de nouveau !

Le terme de « folie » prend tout son sens. C’est par l’absurde que les auteurs racontent l’histoire des poilus. Ainsi, devant le miracle, les officiers s’entêtent à vouloir tuer le soldat. C’est complètement stupide et pourtant ce sont les ordres. Incrédules, la compagnie (et le prêtre qui les accompagne) restent choqués par ces décisions prisent d’en haut, sans queue ni tête.

Au-delà de ce fait fantastique, « Les folies Bergère » narre la vie dans les tranchées. C’est classique mais toujours aussi glaçant. Le tout est porté par un dessin puissant de Porcel. Le trait est gras, porté par un lavis couleur de terre des plus appropriés. Quelques couleurs viennent tâcher les pages (souvent du rouge). Le dessin fait beaucoup pour cet ouvrage car il dépeint sans concession et puissamment l’horreur de la guerre.

En plus de l’histoire dans les tranchées, on suit Monet, en train de peindre des nénuphars. L’intérêt scénaristique de cette facétie me reste difficile à comprendre. Certes, on montre l’arrière, le pays qui continue à vivre, l’artiste qui se sent inutile… Mais à côté des autres planches, ces pages gênent plus qu’autre chose et on apprend à le lire rapidement pour retourner dans les tranchées avec les camarades.

« Les folies Bergère » est un bel ouvrage. Scénario et dessin fonctionnent parfaitement ensemble. La part de fantastique donne un plus indéniable à ce qui est, avant tout, une description de l’Enfer des tranchées. On passera sur les quelques défauts qui parsèment l’ouvrage (les scènes avec Monet ou la scène entre Dieu et le Diable, très démonstrative) pour ne retenir que le positif : des hommes dans l’absurdité d’une guerre qui les dépasse.

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