Première surprise : ce jeune russe, qui ne connaît rien de notre pays, en a une vision qui n'a rien de caricatural. Il la doit à une caisse de journaux français d'avant la première guerre, aux souvenirs personnels de sa grand mère et aussi à la littérature classique française, qui n'est pas censurée en Union soviétique (contrairement aux études historiques). Cette France, de la 3ème République, c'est peut-être celle dont beaucoup de Français sont orphelins. Sa culture rayonne, et ce dans ses ridicules mêmes. Est-ce ce qui a donné à sa grand mère une force intérieure qui a impressionné ceux qui l'ont approchée ?
Ensuite, dans cette Union soviétique, on vit. La guerre y est effroyable, on y connaît la famine, il y a des camps, on retrouve bien ce que qui s’écrit ailleurs sur elle... Mais on y reste humain. Curieusement, j’ai retrouvé ici beaucoup de ce j'entendais dans ma famille. Y compris, d'ailleurs, des souvenirs de ma jeunesse dans une banlieue communiste. Des avantages d’appartenir au petit peuple ? Il est isolé des atrocités politiques ?
Finalement, ce livre est une interrogation sur ce que cela signifie d'être français ou russe. Est ce entrapercevoir ce qui se cache derrières les dérèglements d’une culture ? Transcender ses paradoxes ? Voilà ce que je me suis demandé.
Où l’on voit aussi que seul un étranger peut écrire aussi bien français. (Il est maintenant académicien.)