Adultère à terre

Publié le 02 mai 2018 par Alexcessif


Je fais parfois ce constat que l’oppression d’un mari jaloux ne laisse qu’un espace réduit de liberté à l’ épouse contrainte. Dans l’opportunité des étreintes furtives d’un situationnisme scabreux, quelques crevards ne manquent pas de cueillir les fruits défendus des amours clandestines. « Monsieur P…, madame B… a appelé » me dit la standardiste lorsque je rentre d’un rendez-vous crapuleux avec Anny* qui aime ma sucette à l’anis. (Impossible de résister à ces facilités répulsives mais la suite est plus qualitative) Sylvie B… est une cliente. Elle est l’épouse du PDG des entrepôts éponymes à M. sur la route de L., un mien client. Plus tard, il "nous" – Les transports M… – plantera de cinq barres. Une salle de sport, le long de la quatre voies aujourd’hui, remplace cet ex-grossiste en munitions diverses pour les magasins de chasse, pêche, tradition dont nous assurions le transport des colis. C’est aussi une dame de 49 ans qui trompe sa peur, son ennui et son mari. Enfin, pas vraiment puisque je n’ai jamais eu que sa bouche. Sylvie demandait à sa secrétaire de lui réserver la corvée du courrier. Elle arguait d’une dernière lettre pour la dernière levée. Ainsi, cela lui permettait de venir au bureau de poste de C. aux pieds des Quatre Pavillons et de m’accorder quelques minutes, sur le site "Polliet et Chausson" devenu le parc de L’Hermitage, vers les quais du Bas L. Dans ma Peugeot de fonction, le rituel nous était imposé par le temps dont elle disposait. Elle conservait ses vêtements parfumés et retirait ses boucles d’oreilles. Des pendeloques précieuses dont le mouvement de balancier nuisait au rythme des allées venues de sa nuque. J’ai su, bien plus tard, que ses petits seins et ses hanches efflanquées étaient la source de ses réticences a des étreintes plus dénudées. J’ai cependant le souvenir unique d’un orgasme simultané au mien inattendu qui nous a surpris, ravis et réjouis tous les deux. Parfois, il arrive que le plaisir féminin soit une simulation stratégique de certaines tricheuses pour accélérer le processus mais, à l’évidence, Sylvie aimait mon goût, si j’en crois la fréquence de ses passages à la poste. Dans des fragances de son parfum précieux mêlées d’odeurs corporelles combattues à la lingette démaquillante, je regagnais mon bureau et elle, un mari qu’elle n’avait perdu que quelques instants secrets. J’ai toujours aimé la distinction des précieuses raffinées, terrorisées par le temps qui s’éloigne et la cinquantaine qui approche. D’autres femmes n’ont permis l’entrée de leur sanctuaire qu’à ma langue et je dois dire que cette pratique de sauveteurs a comblé mes désirs de bouche à bouche puisque le baiser classique laissait sur leurs lèvres les rougeurs compromettantes de mon enthousiasme labial. Lâcher prise ? Sylvie, Patricia, Ana, Anny, Maryclair, Hélène, Christine* – liste non exhaustive qui ne concerne que cette catégorie de partenaires – font partie de ces femmes rétives à se dénuder "à l’arrière des berlines"et pour qui une chambre d’hôtel, une invitation au resto, trop d’intimité par la pénétration, représentent des compromissions trop transgressives pour leur âme et risquées pour leur statut. Certaines épouses (Anny me l’a clairement "avoué" : « je n’ai jamais joui avec toi ») considèrent que l’adultère n’est point consommé si elles ne connaissent pas l’émotion forte de l’orgasme et l’orifice sacralisé est réservé à leur mari. Autre exemple, Edith ne proposait que la sodomie à ses amants. C’était un cas particulier, Edith*. Lesbienne et serveuse dans la vrai vie, elle sodomisait joyeusement son patron avec un gode ceinture et, sans doute, voulait-elle connaitre l’expérience et la dimension du plaisir qu’elle procurait à sa hiérarchie. A moins que cela ne fût une forme d’entrainement indispensable à la perfection dans l’éventualité d’une revendication, la grève ainsi prenant une autre forme d’action. Accroître son pouvoir aussi peut-être. Je ne le sus jamais car nous rompîmes nos "échanges" la nuit où elle voulut mettre en danger mon intégrité de jeune coq soucieux de protéger ses arrières. ...Je fais ce constat que l’oppression d’un mari jaloux ne laisse qu’un espace réduit de liberté à l’ épouse contrainte. La peur de traverser trop vite la nuit du temps trop fugace et la vie conjugale qui soudain ressemble à une geôle, il est tentant de s'accorder une permission de sortie frissonnante puis de réintégrer sa zone de confort sur le plancher des vaches. Sur la scène tourbillonnante des étreintes enivrantes, quelques amants intemporels ne manquent pas de cueillir les fruits défendus des amours clandestines d'un verger de délices. That’s all for now folks * les prénoms ont été ...