Le Festival du Film Brésilien de Paris fête ses 20 ans!

Publié le 07 juin 2018 par Aude Mathey @Culturecomblog
Né de la volonté de partager au public cinéphile parisien, l’émergence du Cinéma brésilien. L’association Jangada a créé, il y a de cela 20 ans, ce Festival du Film Brésilien au Cinéma l’Arlequin, au coeur du quartier de Saint Germain des Prés. Un Festival tant plébiscité, qu’il fut décliné également à Toronto et qui rassemble bon nombre de longs-métrages et documentaires en avant-première composé de nombreuses têtes d’affiches. Nous vous proposons une interview croisée entre Katia Adler, directrice du Festival ainsi que Tiago Arakilian, réalisateur d’un des films projetés cette année “Avant que je n’oublie”. Un regard de deux parties prenantes du rayonnement Cinéma Brésilien à l’international sur l’état de l’Industrie (crédits photo: Alexandre Plateaux). – Katia Adler, quel bilan pouvez-vous faire pour la célébration du 20ème anniversaire du Festival du film brésilien? En termes de visiteurs par exemple.
Arriver à fêter les 20 ans de la cinématographie brésilienne à Paris a été un pari très important. Si on regard les chiffres, nous avons réussi à programmer environ 400 films et plus de 70 000 personnes sont venus durant ces 20 années.

Chaque jour Paris dispose d’une programmation intense, c’est la ville du 7e art comptant pas moins de 300 salles de cinéma, alors réussir à ramener un public pour voir des films brésiliens ce n’est pas une tâche facile, surtout que la plupart des films viennent exprès pour le festival, ce n’est pas des films connus pour le public français. Malgré cela le festival est un « rendez-vous » pour découvrir le cinéma brésilien. Pendant la semaine du festival, l’Arlequin devient le Brésil, le public peut assister aux 24 films, mais aussi nous proposons des petits concerts dans le Hall et évidemment la caipirinha au bar. C’est une semaine très animée aux couleurs du Brésil.

Le festival dispose d’un public fidèle qui s’est constitué au fil des années, mais depuis l’année dernière, nous n’avons pas trouvé de sponsors, alors c’était très compliqué de faire un festival sans budget.

– Comment se porte le marché du film brésilien en France?
Depuis 5 ans, il tend à augmenter chaque année, il y a de plus en plus de films brésiliens qui trouvent des distributeurs et surtout les films marchent mieux du coté du public, les scores sont pas mal. Il y a eu des films qui ont très bien marché, “La Seconde mère”, “Le professeur de violon”, “Aquarius et le dernier Gabriel et la montagne”, qui a fait 85 000 entrées, ce qui est super pour un petit film. Une nouvelle génération de jeunes réalisateurs brésiliens commencent à se faire connaitre en France.

– Combien de films sont produits au Brésil chaque année? Comment est la situation du marché et son évolution sur les dernières années?
Le Brésil vit une crise économique depuis quelques années, mais coté audiovisuel, nous vivons un très bon moment, on produit de plus en plus de films. En 2017, la production fut de 160 long-métrages, cela grâce notamment au Fonds d’investissement de l’ANCINE.

– Après l’édition de votre festival dans deux villes canadiennes, prévoyez-vous de l’étendre ailleurs?
Pas vraiment, je suis très contente de travailler dans ces deux pays, la France, où j’ai vécu pendant 24 ans et le Canada, où j’espère un jour passer un peu de temps.

Par contre cette année, on nous a demandé de faire la production de deux nouveaux festivals: le premier eut lieu en avril, c’était à Kinshasa au Congo. C’était une expérience très riche et unique. C’était la première fois que j’ai eu la chance de travailler en Afrique. Et le deuxième projet sera à la fin de l’année, en Chine, aussi un nouveau défi.

Programmation du Festival du Film Brésilien de Paris et extraits VOD sur le site officiel: http://festivaldecinemabresilienparis.com/

Ensuite, voici ainsi une interview de Tiago Arakilian, issu de la diaspora arménienne, le réalisateur du film “Avant que je n’oublie”, un film traitant de la renaissance du désir au cours de la vieillesse. Une Oeuvre très poignante, se situant à Rio de Janeiro, cassant les codes classiques de la société. Il fut projeté lors du Festival du Film Brésilien et notre interlocuteur, qui a passé une partie de ses études cinématographiques en France, nous dévoile les coulisses de l’aboutissement de son premier film, sorti dans les salles obscures le 24 mai 2018 (crédits photo: Alexandre Plateaux)..

– Le parcours fut-il compliqué pour parvenir à lancer ce projet de premier long-métrage?

Le cinéma brésilien a beaucoup changé depuis ces dernières années. Le lancement de l’Agence du Cinéma Brésilien (ANCINE), inspirée du CNC français, a rendu la production plus simple. Mais, comme partout, un premier long métrage est toujours compliqué. J’ai travaillé 7 ans à la conception de mon nouveau film « Avant Que Je N’Oublie », dont 4 ans et demi pour trouver des sponsors et coproducteurs. Au cours de mes 20 ans d’expérience dans le cinéma, j’ai participé à plus de 35 projets de longs-métrages et ça m’a appris une certaine patience (crédits photo: Thiago Arakilian).

– Qu’est ce qui vous a amené à vouloir traiter de ce sujet de la vieillesse?

Au départ, c’était une idée de thème sur le désir à la vieillesse. Un matin, je marchais sur la plage à Rio et il y avait un vieil homme, du haut de ses 80 ans, qui s’arrêtait incessamment pour regarder les jolies passantes. Je me suis questionné sur le pouvoir de ce désir. Et, comment peut-on l’associer avec les sens de l’être humain. Ce fut une première approche très instinctive mais très inspirative. Dans mon histoire personelle, ma mère était en maison de retraite quand j’étais enfant. Cet endroit m’a beaucoup marqué et, bien sûr, cet idée est l’idée de base du film.

– En termes de promotion, où irez-vous présenter votre film? Où sera t’il projeté dans le Monde à part au Brésil?

En ce moment, on essaie de trouver une façon de diffuser le film on France. Notre distributeur international, la Fox International, est entrain de nous aider dans ce sens. Mais, c’est toujours un défi assez compliqué. Il n‘y a pas de places dans les salles de cinéma pour des films qui ne s’apparentent pas à des blockbusters. Aujourd’hui, malgré l’expansion des marchés de VOD et sur Internet, la plupart des réalisateurs souhaitent néanmoins se retrouver diffusés dans des salles de cinéma. Au final, on fait toujours du cinéma, n’est-ce pas ? (crédits photo: Thiago Arakilian)

– Vous avez effectué une partie de vos études en France, en quoi cela vous a aidé dans votre expérience personnelle?

C’était magnifique. Je dois remercier la France pour m’avoir donné cette opportunité. L’université de Paris 8 m’a bien accueilli et m’a offert une expérience fort consistante. Cela m’a aidé à me forger une image du Cinéma beaucoup plus universelle. Avant d’étudier à Paris 8, j’avais déjà des expériences pratiques dans ce domaine, mais cette expérience universitaire a renforcé mes compétences intrinsèques (crédits photo: Thiago Arakilian).

– Avez-vous déjà une idée de suite du film “Avant que je n’oublie” ou traiterez-vous d’un autre sujet pour le prochain projet?

Actuellement, je travaille sur plusieurs projets en même temps. En ce moment, je travaille sur 5 projets différents, parmi lesquels je vais pouvoir choisir mon prochain film. Cela dépendra du succès d’ « Avant Que Je N’Oublie ».


Bande originale du film “Avant que je n’oublie”.