La Surnommeuse, Pascal Houmard

Par Antigone

Ma PAL urgente contient décidément de drôles d’ovnis, si bien que je ne regrette pas du tout de fouiller en ce moment dedans… J’y découvre des livres qui m’entraînent loin de mes habitudes de lecture, ce qui est très dépaysant. Mais pourquoi Pascal Houmard a-t-il donc eu l’idée de m’envoyer son roman, premier opus des Enquêtes de la commissaire Crystal ? La réponse est dans ses pages, quand je découvre que le personnage que l’on va suivre se prénomme Antigona Krestaj. Tiraillée entre sa raison (son Créon) et le feu qui l’habite (son Antigone), Antigona est une enquêtrice au flair reconnu. Elle a déjà résolu il y a peu une affaire dont tout le monde parle encore, l' »Affaire Saint-Roch ». Ainsi, lorsqu’elle débarque au domicile de Vincent Alignac, 64 ans, officiellement sans profession, et proprement suicidé à l’aide d’un katana japonais, la voici pleine de convictions et d’un professionnalisme à toute épreuve. Oui mais, il s’avère qu’elle connaissait déjà Vincent Alignac, l’ancien chauffeur du bibliobus de son enfance, qu’il était alors déjà nègre littéraire, et que sur les étagères de l’écrivain fantôme trône aujourd’hui les ouvrages lacérés d’un autre écrivain, lui fortement médiatisé, David Morlans. Quel lien unit donc les deux hommes ? Et Antigona va-t-elle résister à ses sentiments naissants pour l’écrivain impostueur, ce David Morlans aux secrets mystérieux, au risque de perdre toute intégrité ? Pascal Houmard laisse filer ces questionnements tout au long d’une enquête pleine de rebondissements et de créations littéraires. Car son personnage, Antigona, est une surnommeuse, habituée à l’inventivité en matière de mots, et à donner donc un surnom à tous ceux qu’elle côtoie. Le roman est écrit dans un style où se lisent les connaissances mythologiques de l’auteur, qui enseigne le français, l’histoire et les langues anciennes dans un collège de Suisse romande. Quelques étrangetés m’ont parfois désarçonnées, dans la construction (des chapitres chronologiquement désaxés) ou dans le choix des mots (que j’ai mis sur le compte d’un vocabulaire suisse spécifique), mais l’ensemble est d’une envergure intéressante et bien addictive. On s’attache énormément aux personnages, et on visite avec eux tout à coup la maison bunker de Simenon à Lausanne, on réfléchit avec eux à ce que cela signifie être auteur, ou suivre son coeur. On ne soupçonnait pas du tout tout ce que l’on est capable d’endurer par amour, ou pour épargner ses proches, ce qui est très souvent une bien mauvaise idée. Bref, encore un roman dévoré…

Editions Mon Village – octobre 2017 – 

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…    

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