(Hommage) à Joseph-Julien Guglielmi, par Liliane Giraudon

Par Florence Trocmé

Il y a un peu plus d'un an, le 21 juin 2017, disparaissait Joseph-Julien Guglielmi.
Liliane Giraudon a adressé ce poème à Poezibao, en hommage à ce grand poète, qui fera bientôt l'objet d'un dossier dans la revue Nioques.

GUGLIELMI PASSE ET MANQUE

mort ou vif sens féminin
   ni de la vie ni de la mort
ni de rien quand toujours
   derrière cuisine les mouettes
que tu regardes en épluchant
   quelques légumes si la ligne
du vers provient du souffle
   allume ce petit cigare dernier
du paquet posté de Berlin
   ce noel au sucre d’orge
merci Laurent merci Kirsten
   le poète dispose de la portée
pas de chiens mais sur la page
   musicale cette sortie muette
ignorant le mot « nassé » (kettling)
   comme son usage récent
concernant des corps à l’air libre
   violence nouvelle inconnue
une existence défectueuse
   chose au monde la plus partagée
celle de Jo ayant vu mourir
   femme puis un fils beaucoup
d’autres choses et qui forment
   sa lumière maintenant
il est mort réjoui à jamais
   dans la  beauté des langues
riant devant fatras d’images
   dont le poète pour ses collages
n’a plus besoin  jaune forsythia
   un avril à Ivry ou rue Pihet
cette gloire d’un petit matin
   à jamais vécue et déposée
vivante dans ce poème
   un an plus tard presque
écrit tout seul saison venue
     où l’on mange petites poires vertes
murmurant tendrement pour lui
   ici à Marseille cette phrase idiote
« Notre Dame de la Garde gardez le »
Liliane Giraudon, Marseille 21 juin 2018