Deux poèmes de Nakahara Chûya

Par Etcetera

Je continue ma lecture de ce poète japonais, et vous propose deux poèmes fortement influencés par Verlaine.
Nakahara Chûya (1907-1937) a en effet été très marqué par les poètes européens, en particulier français, puisqu’il fut un traducteur de Rimbaud.

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Chant du matin

Au plafond surgit une couleur rouge
Par la fente de la porte filtre la lumière,
Souvenirs rustiques de fanfare militaire
De mes deux mains que faire ? Oh non rien à faire.

Des oiseaux on n’entend aucun chant
Le ciel aujourd’hui doit être d’un bleu pâle,
Contre un cœur humain qui s’écoeure
Que dire ? Oh non rien à dire.

Dans une odeur de résine le matin s’afflige
A jamais perdus tous ces rêves divers,
Les arbres serrés dans la forêt résonnent au vent !

Tandis que s’élargit sereinement l’azur,
Le long des berges s’en vont filant
Toujours si splendides tant de rêves divers !

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Pluie dans la nuit
– image de Verlaine –

La pluie ce soir encore entonne sa chanson,
Sa chanson monotone.
Lalala, lalala, toujours la même chanson.
Et voilà la carcasse de Verlaine
Qui passe dans la ruelle au milieu des entrepôts.

Dans la ruelle des entrepôts, c’est l’éclair de la cape,
L’ironie radine de la tourbe.
Mais au bout de la ruelle,
Au bout de la ruelle, l’espoir luit faiblement …
Qu’y a-t-il d’autre que cet espoir ?

A quoi bon toutes ces voitures ?
A quoi bon toutes ces lumières ?
Yeux globuleux, et vitreux, des lampes des cafés !
Au loin la chimie chante.

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