179° Le jeu du plus con n'est jamais terminé.

Publié le 08 juillet 2008 par Jacques De Brethmas

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On avait déjà pu observer le caractère parfois surréaliste des directives du conseil de l'Europe, qui s'attachait à définir le diamètre des patates pour faire la purée, préciser la longueur d'onde du rouge des camions de pompiers, faire du camembert avec du lait bouilli, reconnaître les sectes de la même manière que les religions et autres associations sans leur demander de justifier leur financement (cf. mon billet n°170) et autres billevesées. Puis-je leur suggérer une directive sur le nombre des pattes des éléphants?

La toute fraîche présidence de la France engage les eurodéputés sur des pentes savonneuses de contrôles drastiques qu'on qualifierait de soviétiques si notre Sarkozy n'en était l'inspirateur. Oublions la tentative Bolkenstein, passons sur la « directive de la honte » concernant l'immigration dont je vous entretiens dans le billet n° 176, et attachons nous sur une directive en gestation qui consiste à établir une liste des logiciels autorisés sur internet, tout logiciel n'y figurant pas étant supposé interdit d'usage et de possession.

Le but naïf est de bannir les systèmes de peer to peer qui permettent aux petits malins de s'échanger « des oeuvres intellectuelles » si tant est qu'on peut considérer comme telles les choses à la mode qui constituent l'essentiel de tels échanges. (et sur le prix desquelles, rappelons le, l'artiste créateur ne touche que des clopinettes).

Mais judicieusement récupéré par des lobbyistes auxquels on peut faire confiance en matière d'efficacité et de détournement des mesures, une telle mesure, appliquée à la lettre, pourrait permettre, par exemple,à Microsoft d'obtenir l'interdiction d'Open Office, de Linux ou de Firefox..., à Corel d'éradiquer the Gimp et à une association de vautours de venir à bout de VLC.

Une fois de plus, l'Europe joue avec le feu, elle le fait parfois avec une naïveté désarmante:

Le 4 juillet, la présidence du Conseil de l'Union européenne a pondu un communiqué s'esbaudissant de l'étrange réélection de monsieur Mugabé à la présidence du Zimbabwé. Jusque là, rien à dire, on ne peut qu'être d'accord. Mais dans la suite de son communiqué, la présidence du Conseil de l'Union s'embarque dans une leçon de démocratie et de « respect de la voix du peuple » qu'on aurait aimé lui voir sortir du chapeau un peu plus tôt: par exemple lorsque monsieur Sarkozy, méprisant le large refus du peuple français de la constitution européenne, s'est mis en devoir de faire entrer par la fenêtre un mauvais ragoût de celle que nous avions exclu par la grande porte du suffrage universel.

Là, il y avait une belle leçon de démocratie à mettre en pratique, et l'Europe s'est bien gardée de l'appliquer. Alors, donner des leçons, maintenant...

Car non seulement cette mouture allégée n'est pas allégée de nombre des points d'achoppement qui avaient conduit à recaler la première, ( modèle économique, peine de mort, etc..), mais elle perd dans sa cure d'amaigrissement l'obligation que faisait la première aux pays de l'Union de signer la Charte européenne des droits de l'homme. Cette signature n'est plus que facultative, et la Pologne s'est engouffrée dans la brèche en annonçant qu'elle ne le ferait pas.



Au chapitre de « si je te le fais doucement, ça ne te fera pas mal », encore deux bonnes nouvelles:

Notre trop-président a commis un lapsus révélateur en affirmant que désormais, « on ne s'aperçoit même plus qu'il y a des grèves ». Espérons que cette anesthésie sera de courte durée, et que la France sera bientôt dans la rue pour lui démontrer que sa jolie périphrase ne s'applique pas à la grève générale..

D'autant plus que, là où nous avions renoncé à trouver des « catégories socio-professionnelles » avec lesquelles il ne s'était pas encore fâché, lui, a persévéré, et il en a trouvé!!

L'acharnement paye!

Il y a quinze jours, il s'est fâché avec ses militaires, et j'entends ce matin que si le projet de loi abattant les ultimes vestiges du code du travail qu'il se prépare à faire voter le 15 août reste en l'état, les cadres vont travailler 17 jours de plus par an !!!

Lui qui n'avait déjà plus beaucoup de sympathisants, vient de perdre un solide escadron des derniers. Pas étonnant qu'il se rapproche si affectueusement du front national, sinon il va rester vraiment tout seul...

Ceci dit, pendant les quarante ans de ma vie en entreprise, la CGC a voté consciencieusement la presque totalité des mesures que refusaient les autres syndicats de salariés. Elle touche aujourd'hui le juste prix de sa soumission.