Apres l'eure c'est plus l'eure

Publié le 30 août 2018 par Fabianus


Pourquoi le volatile voulut-il ce départ ? Le temps des migrations s’annonçait bien plus tard. Il avait mille raisons pour quitter ce décor Hostile, selon ses mots, au futur de son corps.
L’oie avait rencontré de méchants cantonniers Qui n’aménageaient pas la route de Louviers A défaut de subsides ils s’étaient mis chasseurs Leurs fusils scintillaient au soleil ; elle prit peur.
Peu avant ce fait-là si félon : un revers ! Tandis qu’elle amorçait une ponte, ô, deux maires De villages voisins voulurent se la farcir Elle marcha sur ses œufs, paniquée ; elle dut fuir.
Quelques journées après Bernay l’avait bernée Feignant sous de doux leurres une hospitalité Des gamins désœuvrés lui avaient lancé pierres Manquant de la tuer ! Rhapsodie meurtrière !
Elle avait cru un jour trouver l’aise en de lisses Herbes folles et sauvages, pré près des Andelys Mais un vil cul terreux fou de son pâturage Avait brandi sa faux ; elle obvia le carnage !
Lassée de tout ce poids d’avanies et de haine Elle s’envola d’Évreux. Une foi souveraine Lui ouvrait l’ascension vers des jours bien meilleurs Elle vivrait désormais l’oie de la pesante Eure.