Allemagne-manifs racistes: Et si Matteo Salvini balayait devant sa porte.

Publié le 05 septembre 2018 par Pierre Thivolet @pierrethivolet
 

Angela Merkel, tête de turc du ministre italien de l'intérieur.

Matteo Salvini, le Président italien – non pardon, le ministre de l’intérieur, il n’est que ministre de l’intérieur, mais on a l’impression que c’est lui qui dirige l’Italie-  accuse donc en direct live sur la télé allemande la chancelière Merkel d’être responsable des violences anti-étrangers de Chemnitz. Selon Salvini, Chemnitz, une ville industrielle, un peu paumée dans le sud-est de l’Allemagne, se réveillerait brusquement raciste, à cause de Merkel et des migrants … Allons donc ! Il y a 30 ans, quand la ville s’appelait encore Karl-Marx Stadt, il ne faisait déjà pas bon se promener dans les rues sinistres du centre-ville entre la Tour de l’Interhotel Kongress et le restaurant Sputnik, quand on était quelque peu bronzé ou basané…  A l’époque, les allemands excusaient : Karl-Marx Stadt, c’est la « Tal der Ahnungslosen », la vallée de ceux qui sont ignorants. Parce que la région était un des rares coins de l’ancienne RDA où il n’était pas possible de capter la télévision de l’Ouest. Et qui donc n’était pas au courant de ce qui se passait dans le vaste monde. Et puis il y eut Rostock, toujours à l’Est, en 1992. Un foyer de travailleurs vietnamiens ( oui, ni syriens, ni somaliens)attaqué pendant 2 nuits par des casseurs d’extrême-droite, la police dépassée, et des familles vietnamiennes qui n’échappèrent à l’incendie de leur bâtiment que par la présence d’esprit d’une équipe de télévision qui arriva à les exfiltrer. Et puis il y eut Solingen en 1993, l’incendie d’un foyer d’immigrés par des extrémistes de droite : 6 morts donc 5 enfants. Quelques jours plus tard, des millions d’allemands étaient dans les rues, souvent en larmes, scandant « Plus jamais ça », et s’inquiétant : Mais qu’est-ce qui ne va pas avec nous les allemands, pourquoi cette violence chez nous ?Le racisme en Allemagne n’est donc pas un phénomène récent, plus à l’Est d’ailleurs qu’à l’Ouest, et l’accueil d’un million et de demi de migrants en 2 ou 3 ans, n’a pas amélioré la situation. Et aujourd’hui beaucoup ne croient plus dans le « wir schaffen das » » on va y arriver » d’Angela Merkel à propos de leur intégration. Mais ce qui différencie les allemands, des autrichiens à coup sûr, des français sans doute, des italiens également, c’est qu’ils ont une conscience historique, une mémoire enseignée depuis les premières classes à l’école, ce que l’on appelle la « Vergangenheitsbewältigung » la confrontation avec l’Histoire. Dans leur grande majorité, ils restent très vigilants et méfiants à l’égard des démagogues et des populistes. Il faut dire aussi qu’avec Hitler et le nazisme, l’Histoire allemande a de quoi faire réfléchir. Apparemment en Italie, Matteo Salvini ne tire pas les mêmes leçons à propos du passé fasciste et de Mussolini. Or ce qui attend son pays dans les mois qui viennent, est inquiétant.Pas les migrants - cela fait deux ans que l’Italie n’est plus la porte d’entrée de l’Europe -, ni les « diktats » de Merkel – pauvre Angela, elle vit son mandat de chancelière de trop -, mais l’asphyxie de son économie, la troisième d’Europe. Le poids des dettes, le risque d’effondrement des banques, la baisse de la population : moins 100 000 habitants l’an dernier, le manque de main d’œuvre pour payer retraites et protection sociale. Avec tous ces problèmes à venir, on comprend mieux pourquoi Matteo Salvini attaque les migrants ou l’Allemagne ou la France ou Bruxelles. Il se cherche des têtes de turcs.